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June Events : un beau début d'été
Du 8 au 20 juin, pour sa 9e édition, JUNE EVENTS, festival créé par Carolyn Carlson et Anne Sauvage, vous invite à une exploration des liens entre danse et musique, continue à favoriser la découverte de jeunes talents (Marco da Silva Ferreira, Jann Gallois, Kevin Jean, Elodie Sicard…) aux côtés de compagnies renommées (Daniel Leveillé, Sylvain Prunenec, Kat Válastur…) dont la plupart des spectacles sont présentés pour la première fois à Paris et en France.
Parmi les événements qui rythmeront la programmation internationale de ce festival : un Focus Québec pour l’ouverture, une soirée événement pour le 60e anniversaire de l’Adami autour de Carolyn Carlson, la trilogie de Tomeo Vergés en une soirée inédite. Et cette année, le festival accueille des spectacles avec un grand nombre d’interprètes…
JUNE EVENTS se déploiera par ailleurs hors de son écrin de verdure de la Cartoucherie pour proposer tout au long du festival l’étonnante performance de l’ancien champion de BMX Vincent Warin. Cette effervescence fait de JUNE EVENTS un des premiers rendez-vous d’été, une fête !
Nous avons rencontré Anne Sauvage, sa directrice, pour en parler….
Danser Canal Historique : Pourquoi avoir mis les relations danse musique au cœur de June Events ?
Anne Sauvage : C’est un thème qui est apparu dès la création du festival en 2004. Il a été, bien sûr, inspiré par l’œuvre de Carolyn Carlson, et, du coup, est inscrit dans l’ADN du festival car cela fait maintenant des années que nous avons développé ce thème. C’est une sorte de colonne vertébrale de la programmation. Mais à vrai dire, cela vient également des artistes qui continuent à explorer, à questionner ces liens de manière inépuisable.
Dans cette édition, par exemple, le spectateur est invité à traverser des états de corps avec Manuel Roque, un artiste montréalais qui, dans son solo Data, explore toutes les nuances émotionnelles du Requiem de Gabriel Fauré. Un Sacre du printemps de Daniel Linehan est totalement immergé au cœur de la danse et de la musique. Pour Loïc Touzé, avec Fanfare, la musicalité est donnée à voir dans les corps des danseurs, et Alban Richard incite le spectateur à se perdre dans le labyrinthe de ses sensations sur une composition de Daniel Combier, grâce à un dispositif acoustique novateur dans dawnlight/ Night : Light. Et Mié Coquempot a conçu Rythm avec le compositeur Pierre Henry, maître de la musique contemporaine, qui a créé une musique originale à partir de sa chorégraphie qui nous plonge dans l’immensité de paysages sonores inspirés par l’Ouest américain.
DCH : Quels en sont les temps forts ?
Anne Sauvage : Le programme d’ouverture qui propose un focus sur la scène montréalaise avec Daniel Léveillé avec la création de Solitudes Duo, puis Data, de Manuel Roque que l’on connaît ici comme interprète (notamment chez Marie Chouinard ou Paul-André Fortier) mais dont on n’a jamais vu les chorégraphies.
La soirée événement Carolyn Carlson pour le 60e anniversaire de l’ADAMI. L’ADAMI nous a passé commande pour une soirée événement présentant Carolyn Carlson, car nous défendons des valeurs communes de transmission, de partage, de création.
Elle présentera donc un Event autour de son processus de création. Le solo mythique Density 21.5 sur la musique de Varèse, mais repris par une interprète, Isida Micani et une création pour un danseur coréen d’exception, Won Myeong Won, intitulé Burning.
Enfin, la soirée inédite autour du triptyque de Toméo Vergès. C’est un vaudeville expérimental sur son histoire familiale croisée avec les films du cinéaste Martin Arnold, spécialiste du « film trouvé ». Nous montrerons cette triologie au cours d’une seule soirée pour clôturer la résidence de trois ans qu’il a effectuée chez nous.
Mais Le Sacre de Linehan est aussi un temps fort à lui tout seul.
DCH : Comment choisissez-vous les artistes qui font partie de June Events ?
Anne Sauvage : Le choix des artistes découle souvent de processus mis en place très longtemps en amont. Il y a tout un travail de prospection, de connaissance et d’accompagnement des œuvres, même si, bien sûr, nous avons aussi des programmations « coup de cœur ». Mais le plus souvent nous privilégions des projets, des démarches, souvent accompagnés dans le cadre de nos résidences. Nous nous attachons à des artistes qui ont une singularité d’écriture chorégraphique, qui sont, comme nous l’avons dit, dans une recherche de liens entre la danse et la musique, ainsi que des artistes qui croisent d’autres mondes artistiques, d’autres champs, comme le théâtre, ou une transdisciplinarité.
L’autre spécificité de notre festival sont les croisements entre les générations d’artistes pour aboutir à des croisements d’esthétiques et donc de publics. Nous avons mis en place des parcours pour le public avec en première partie de jeunes chorégraphes et en deuxième partie des artistes plus renommés. Cela contribue à la couleur de June Events, mais aussi à son ambiance.
DCH : Le fait d’être devenu un CDC a-t-il modifié votre vision de la programmation ?
Anne Sauvage : Nous sommes CDC depuis janvier 2015. Je pense que cela a modifié la programmation au sens où il existe maintenant une vraie circulation entre le festival, l’accompagnement à l’année, les programmes de Master Classes internationales, les résidences de création. J’ai l’impression que June Events s’inscrit dans une globalité. Les liens sont plus forts qu’auparavant.
Avoir reçu le label CDC est un formidable signe de reconnaissance pour le travail accompli en dix ans. Nous sommes, de plus, inclus dans un réseau national de dix centres répartis sur le territoire. C’est un signal fort pour la danse à Paris, et le premier label d’État attribué à une structure parisienne. Nous pouvons être fiers qu’il concerne l’art chorégraphique. Il dénote une volonté de Pouvoirs Publics sur Paris et l’Ile de France (où nous sommes le 2e CDC après la Briqueterie) qui confortent les compagnies dans leur démarche. Je crois que c’est une bonne nouvelle pour les compagnies parisiennes et franciliennes qui représentent un tiers des programmations. Et nous avons également construit parallèlement un réseau pour la danse avec l’Etoile du Nord, Micadanses et Le Regard du Cygne avec lesquels on travaille activement à soutenir les artistes, à créer des résidences partagées, au-delà du seul CDC.
DCH : Avez-vous constaté une évolution des propositions chorégraphiques au cours de ces neuf éditions ?
Anne Sauvage : Bien sûr, le festival suit l’évolution de la danse, soit d’une histoire qui s’écrit au jour le jour. Parallèlement, je crois qu’il y a une évolution de la programmation du festival qui se transforme dans ses choix artistiques, notamment grâce à la reprise du théâtre du Chaudron. Mais un festival est avant tout une page blanche. Il faut à chaque fois remettre en question ce que l’on a fait avant d’imaginer la suite.
DCH : Vous avez choisi de privilégier les compagnies avec un nombre important d’interprètes, pourquoi ?
Anne Sauvage : Nous avons eu une attention plus soutenue envers les grandes formes. Le nombre important d’interprètes a deux sens. La volonté de soutenir ces compagnies qui développent de grandes formes et font face à des difficultés. La labelisation du CDC qui nous donne envie d’accompagner plus fortement ces projets-là. De plus, les événements du début de cette année 2015 nous a donné envie de convoquer de grandes formes qui évoquent l’en-commun, du vivre ensemble, et les éprouvent dans leurs chorégraphies. C’est, je crois, présent dans tous les esprits.
DCH : Vous étrenez de nouveaux lieux cette année, est-ce une nécessité ?
Anne Sauvage : Le festival se déploie dans cet écrin de verdure qu’est le Bois de Vincennes, dans la Cartoucherie, avec les Théâtres de l’Aquarium ou du Soleil qui sont les complices fidèles de cette aventure. Aujourd’hui nous avons d’autres partenaires, tels Chantiers d’Europe, le festival Manifeste de l’Ircam, à travers lesquels l’international ou les liens danse musique que nous développons prennent tout leur sens. Mais nous avons aussi un partenariat avec Ere de jeu, un festival jeune public qui co-produit avec nous Vincent Warin, notre vice-champion du monde de BMX-Style. Il y a donc un déploiement hors de la Cartoucherie. Cela vient de la particularité de notre festival en plein bois de Vincennes. Il faut venir jusque-là. Or nous avons la volonté d’allers à la rencontre des spectateurs. Nous nous sommes donc étendus dans le XIIe arrondissement, à Vincennes, dans le XIe arrondissement, pour rencontrer des gens qui n’ont jamais vu de danse contemporaine.
Nous allons aussi au Musée Picasso, c’est la partie visible d’un travail invisible que l’on a développé toute l’année. Nous avons engagé une complicité avec eux au cours de l’année, du coup, nous leur avons proposé de recevoir un spectacle.
ARCADI est aussi un partenaire important de toutes les structures franciliennes qui nous suit depuis de nombreuses années et qui a été renforcé dès que nous avons repris le théâtre du Chaudron. Nous programmons ainsi une fois par mois nos compagnies en résidence. Cela a abouti à l’accueil d’un instantané danse à destination des professionnels, le 12 juin, avant les spectacles du soir. Et nous organisons aussi une rencontre professionnelle avec l’ONDA le 19 juin sur les rapports danse musique.
DCH : Finalement, quelle est la particularité de June Events, selon vous ?
Anne Sauvage : Je pense que notre spécificité est de rassembler des générations, des publics différents. Le fait que June Events ne soit que la partie visible de l’iceberg porté par l’Atelier de Paris permet de mettre en lumière le travail de toute une année auprès des compagnies. En ce sens, nous sommes un lieu unique. C’est, selon moi, ce qui marque la singularité de June Events.
Propos recueillis par Agnès Izrine
June Events, du 8 au 20 juin 2015
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