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Addict de Magali Lesueur
La danse est une affaire d’addiction. Qui de mieux donc qu’une chorégraphe pour affronter le sujet des obsessions, des compulsions et de la dépendance? Addict de Magali Lesueur est une évocation intense et sensible de la course après soi-même . Sur le modèle des Sept péchés capitaux de Brecht/Weill, Addict se décline en plusieurs tableaux.
Trois femmes et un homme décortiquent la violence des rapports à soi-même et à l’autre. Y figurent l’obsession de l’image de soi, la dépendance psychique, la toxicomanie, l’attachement à l’introspection, états de manque, troubles du comportement, maltraitance... Dans un registre chorégraphique parfois aussi physique que chez Vandekeybus, les états de corps traduisent une recherche profonde sur la condition intérieure et produisent une forte empathie chez le spectateur.
Chez Lesueur elle-même, le côté instinctif de sa danse, acquis dans La confidence des oiseaux de Luc Petton, se révèle être une belle plateforme pour jouer avec les notions de contrôle qui sont au cœur de cette expérience. Evoquer la perte de contrôle, tout en exerçant un contrôle extrême sur soi, voilà le grand paradoxe de cette création passionnante. Chaque mouvement remonte de loin, et Lesueur n’insiste pas sur la souffrance, mais sur l’urgence et la pulsion vitale. Cette danse prend chair dans le tremblement, l’action et le ressenti.
Addict aborde un sujet crucial du monde actuel, surtout chez les jeunes. Aussi, la pièce est généralement accompagnée d’un débat avec un public de collégiens ou de toxicomanes, pour libérer la parole et permettre des échanges authentiques, stimulés par la véracité des rapports vécus sur scène. Ce qui a en même temps le mérite de faire découvrir que la danse contemporaine n’est pas abstraite, mais au contraire au cœur de l’humain.
Thomas Hahn
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