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Ballet de l’Opéra de Lyon : « Drumming » d’Anne Teresa De Keersmaeker
Après l’entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon, dirigé par Yorgos Loukos, de Grosse Fugue en 2006, la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker a choisi la compagnie lyonnaise pour transmettre dans les prochaines saisons quelques unes de ses créations emblématiques. Drumming inaugure cette collaboration.
Orange. Teinte de la vitalité, de l’énergie et de la joie de vivre. Intense. Explosive. Teinte de Drumming, ponctuée néanmoins de blanc – pour l’éclat et la transparence – et de noir « complémentaire ». La scénographie et les costumes, signés respectivement Jan Wersweyveld et Dries van Noten, annoncent la couleur !
Un simple coup de bongo va déclencher toute la pièce, se répercuter en accumulations, éclatements, inversions, décalages… La musique de Steve Reich (créée en 1971), qui donne son nom à la pièce, est une démonstration magistrale de composition dite « répétitive ».
Galerie Photos : Stofleth
Magistrale, la chorégraphie l’est tout autant. Composée sur une seule phrase de deux minutes, issue de Just Before, la bien nommée pièce d’avant, c’est à un procédé semblable à celui de la musique que se livre Anne Teresa De Keersmaeker.
Immédiatement, le spectateur est emporté par ce flux de motifs rythmiques d’unissons en déphasages, d’accélérations en jaillissements dans un tourbillon jubilatoire.
Tandis que la partition se déploie en suivant les différentes textures des percussions (peau des bongos, bois des marimbas, métal des xylophones) et finalement flûte et voix, les danseurs suivent une course folle, et pourtant réglée au millimètre près, où la fameuse phrase chorégraphique se transmue par toutes sortes de manœuvres : en la dansant à l’envers, en miroir, en rétrograde, en se resserant, en canon… à partir de la figure centrale et chère à la chorégraphe de la suite de Fibonacci et de la spriale. L’imagination formelle d’Anne Teresa De Keersmaeker semble, dans Drumming, inépuisable.
Sur le plateau, les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon s’emparent de cette œuvre créée pour Rosas en 1998 avec un entrain, un engagement, une dynamique exceptionnels. Comme souvent chez la chorégraphe, la composition et la difficulté technique de l’œuvre ne sont là que pour donner un cadre à la danse. L’essentiel est ailleurs, principalement dans la singularité de chaque interprète et dans la façon dont il va habiter la pièce de sa présence, de son idiosynchrasie du mouvement, de sa physicalité particulière. Et là encore, les lyonnais relèvent le défi avec brio.
Galerie Photos : Stofleth
Au niveau musical, ce sont carrément trois formations qui ont présidé à cette interprétation de Drumming : trois membres de l’ensemble Ictus (qui sont à l’origine de la création d’Anne Teresa), six jeunes étudiants percussionnistes, du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon, et le flûtiste solo de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon ainsi qu’une soprano et une mezzo-soprano. Là aussi, la réussite est totale et la direction de Georges-Elie Octors qui dirige l’ensemble Ictus, miroitante à souhait.
Agnès Izrine
Opéra de Lyon, jusqu'au 11 avril 2015
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