Adieu Didier Merle
La mort soudaine de Didier Merle, victime d’une crise cardiaque le 14 septembre, prive le Ballet du Rhin d’une part essentielle de sa mémoire.
D’un un peu de son âme aussi tant la vie de celui qui en était le maître de ballet emblématique avait fini par ne faire qu’une avec celle de la compagnie. Drôle et perfectionniste –il était surnommé La Fée Perfect-, très précis quant aux styles et aux œuvres, mais sans dogmatisme –il était aussi bien appelé « Merlova » que, parfois, « PinaMoche »- Didier Merle connaissait comme personne le Ballet du Rhin.
Né le 9 mai 1953 dans le Nivernais, élève de Gilbert Mayer à Paris et du Centre international de danse Rosella Hightower à Cannes, Didier Merle incarne cette forme particulière d’école Française : celle des danseurs follement vifs, au ballon hors du commun et à la technique spectaculaire. Dès 1974, il est engagé par Peter Van Dyk qui vient de reprendre le Ballet du Rhin. Créé par Jean Babilée et Claire Sombert deux ans auparavant, la compagnie a beaucoup d’ambition, compte 65 danseurs dont Didier Merle. Celui-ci n’a pas le physique d’un prince, mais il excelle dans ce que l’on appelle plus le « demi-caractère ». Quand Jean Sarelli succède à Van Dyk, le jeune danseur est de toutes les distributions et les critiques adorent « le danseur vif-argent ». En 1984, la surprise est donc totale quand le directeur, dans un coup de colère qu’on lui connaît, « vire » sans ménagement son danseur et quelques autres, en particulier l’un de ses danseurs importants, un certain Jean-Paul Gravier. C’est ce dernier qui, prenant la direction du ballet de Nantes, appelle auprès de lui Didier Merle. Les deux sont passionnés de danse baroque, ont suivi les stages de Sablé, s’entendent à merveille et Didier Merle devient maître de ballet secondant directement Jean-Paul Gravier dans cette expérience mêlant répertoire, danse baroque et contemporaine.
"La Fille mal gardée" de Jean-Paul Gravier d'après Ivo Cramer, pièce dans laquelle dansait Didier Merle. Source : https://www.numeridanse.tv/fr
Naturellement, quand Jean-Paul Gravier est appelé à reprendre le Ballet du Rhin devenu entre temps Centre Chorégraphique National tout en restant ballet, Didier Merle revient avec lui. Fin pédagogue, maître de ballet d’exception, il tient toujours son poste quand arrive Bertrand d’At. Il partage avec son nouveau directeur une connaissance affinée de la musique classique (plutôt le lyrique pour Didier), une certaine érudition en particulier dans le domaine chorégraphique et un caractère bien trempé. Les relations furent parfois compliquées ; elles furent cependant durables et empreintes d’une réelle confiance. Didier Merle va travailler sur tous les répertoires, de George Balanchine à Michel Kelemenis et Claude Brumachon, en passant par Jiri Kylian ou William Forsythe. Et ses compétences sont étonnamment étendues. Même Anna Markard qui n’est pas réputée complaisante fait appel à lui pour remonter La Table verte de Kurt Joos pour l’Université des Arts de Taipei à Taiwan ! Bel hommage pour un danseur qui rêvait de l’Après-midi d’un faune… Avec Ivan Cavallari qui arrive en 2012, il avait présenté quelques chorégraphies et, tandis que Bruno Bouché vient prendre la direction, Didier Merle finit par être rattrapé par la retraite. Il avait quitté son cher ballet le 1er septembre…
Philippe Verrièle
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Re:Dider Merle
Didier Merle was my Pas de Deux Partner in Cannes $ at a Performance as we were both small in size but big hearts!
He will be missed a very special person dans ma vie!
Theresa Kramer Usa October 3 rd 2017 Washington YSA
My condolences too his family & husband.
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