Vortex Temporum d’Anne Teresa de Keersmaeker
Au sol, sur le plateau, on remarque immédiatement une rosace composée de cinq cercles reliés au cercle principal, reprenant en cela le motif cher à Anne Teresa de Keersmaeker et à sa compagnie, Rosas. Et ce « tourbillon des temps » pourrait presque être une sorte de quintessence de l’écriture de la chorégraphe qui résumerait toute sa carrière.
Vortex Temporum commence par la musique seule de Gérard Grisey, interprétée en direct par les musiciens d’Ictus, dirigés par Georges-Elie Octors, qui partagent la scène avec Rosas depuis de nombreuses années. Cette pièce phare de la musique spectrale est, comme les pièces d’Anne Teresa de Keersmaeker, composée d’entrelacs de timbres d’un raffinement inouï qui miroitent et se répondent avec un écart ou un décalage, qui créent, de fait, une spatialisation temporelle. « Abolir le matériau au profit de la durée pure est un rêve que je poursuis depuis de nombreuses années. Vortex Temporum n’est peut être que l’histoire d’un arpège dans l’espace et dans le temps… » avouait d’ailleurs le compositeur à propos de cette pièce.
En silence, les danseurs semblent alors donner corps à cette phrase, se déployant dans l’espace comme on déplie le temps. Mais bientôt, danse et musique se réunissent, tandis que la chorégraphie épouse tours et détours comme la spirale du vortex, cet ouragan qui tourne à l’envers. Baignée dans une lumière atmosphérique par les remarquables éclairages créés par Anne Teresa de Keersmaeker et Luc Schaltin, les corps des danseurs semblent projetés dans le vertige de la tornade, ou alentis par un passage dans l’œil du cyclone, tout comme la musique subtile dans ses feuilletages, fait striduler les vents, tandis que les cordes raclent ou font vibrer des volutes que la chorégraphie souligne par ses torsades ou ses mouvements de rotation infinis.
D’emballements en réticences, d’élans en retenus, Vortex Temporum dilate et contracte le temps tandis que l’espace se diffracte au gré des sons qui le peuplent. À la fin, le piano lui même nous quitte en tournant lentement sur lui-même, tandis qu’il continue à être joué debout tandis qu’une lumière crépusculaire envahit le plateau Avons-nous rêvé ? En tout cas, le spectacle n’a pas fini de hanter les méandres de nos souvenirs.
Agnès Izrine
Théâtre de la Ville - Paris- du 28 avril au au 7 mai. Tél. : 01-42-74-22-77.
Vortex Temporum. Chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker. Musique : Vortex Temporum, Gérard Grisey (1996). Direction musicale : Georges-Elie Octors. Musiciens Ictus : Jean-Luc Plouvier, piano, Michael Schmid, flûte, Dirk Descheemaeker, clarinette, Igor Semenoff, violon, Jeroen Robbrecht, alto, Geert De Bièvre, violoncelle. Lumières : Anne-Teresa De Keersmaeker, Luc Schaltin. Conseiller artistique lumières : Michel François. Costumes : Anne-Catherine Kunz. Dramaturgie musicale : Bojana Cvejic. Créé avec et dansé par Bostjan Antoncic, Carlos Garbin, Marie Goudot, Cynthia Loemij, Julien Monty, Michaël Pomero, Igor Shyshko.
En tournée 2014
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16.05 La Criée - Marseille - France
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17.05 La Criée - Marseille - France
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27.05 Sadler's Wells - London - United Kingdom
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28.05 V Sadler's Wells - London - United Kingdom
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29.05 Sadler's Wells - London - United Kingdom
- 01.06 Hollandfestival - Amsterdam - Netherlands
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04.06 Hollandfestival - Amsterdam - Netherlands
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07.06 Nationaltheater Mannheim (Theater der Welt) - Mannheim - Germany
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08.06 Nationaltheater Mannheim (Theater der Welt) - Mannheim - Germany
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23.08 Berlin - Germany
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24.08 Berlin - Germany
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20.09 Bern - Switzerland
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20.11 Luxembourg
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22.11 Dijon - France
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23.11 Dijon - France
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28.11 Charleroi - Belgium
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05.12 Toulouse - France
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06.12Toulouse - France
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07.12 Toulouse - France
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11.12 Gand- Gent - Belgium
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12.12 Gand- Gent - Belgium
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