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Pole Dance : À la recherche d’un destin artistique

En Pole Dance, les choses commencent à bouger. Les recherches musicales s’affinent et de plus en plus, on voit autre chose que du muscle. La Pole Dance française se cherche une voie artistique. La sixième édition de la compétition française vient d’avoir lieu, avec six hommes pour onze femmes en lice, et certains savent désormais créer des ambiances, des personnages en cohérence avec un univers musical. La Pole Dance réfléchit à sa tenue et se réjouit de faire désormais partie de la Fédération française de danse.

 

 

Un solo en compétition de Pole Dance doit durer entre trois et quatre minutes, inclure des parties dansées au sol (artistiquement les plus dangereuses) et intégrer la barre fixe et la barre rotative, les deux d'une hauteur de 3,35 m et installées en parallèle, à environ trois mètres de distance.

La Pole Dance française organise ses compétitions dans des théâtres et pas dans des boîtes de nuit. Avec raison. Il est plus intéressant de voir du théâtre en boîte de nuit et de la Pole Dance sur un vrai plateau, qu’inversement. En investissant des salles de plus en plus importantes la compétition française de Pole Dance est passée du Vingtième Théâtre au Déjazet, et finalement à La Cigale qui a accueilli la cinquième édition en 2013 et la sixième, en 2014.

 

 

Mettre la barre plus haute, toujours plus haute, voilà l'ambition de la Pole Dance française, qui doit pourtant se rendre compte à chaque édition que cette barre est toujours aussi verticale. Les efforts des participants à la sixième compétition française qui cherchent à augmenter le contenu artistique ne sont pas passés inaperçus. Et le public applaudit à part égale l’exploit technique et une belle idée artistique. Seuls les jurés n'ont pas voulu en tenir compte alors que le système de notation théoriquement, met les deux à égalité.

 

Aucun(e) Français(e) dans le jury, mais un Américain, une Hollandaise, un Italien et une Italienne, en la personne d'Alessandra Marchetti qui a fait ses études au Balletto di Roma. Avec Elena Gibson, ex-danseuse du Ballet national du Canada, le lien avec le monde de la "vraie" danse est même plus étroit encore. Et pourtant, on continue à plébisciter les stéréotypes.

 

 

Dommage pour un Maxime Joret qui a ouvert la compétition sur un duo de violoncelle de Phil Glass et qui faisait planer un soupçon de Brumachon-Lamarche. Dommage pour une Marie Gatinaud qui, sur un air jazz de Sydney Bechet, créa un personnage et une ambiance de cabaret style années folles, de grande cohérence, où pour une fois, on peut même parler de costume.

 

Dommage pour un Mehdi Lefèvre, qui jouait même un petit mimodrame sur "Ne me quitte pas" de Jaques Brel. Dommage pour une Laura Mété avec son côté Grace Jones finement adapté à son allure personnelle. Mais que cela ne décourage pas ceux qui cherchent à amener un vrai univers en allant à la barre, pour passer du sport à une incarnation.

 

Et les vainqueurs ? Que de muscle, puissance et perfection technique chez Prana Ovide-Etienne, mais tout est basé sur ces paramètres-là. Que de contorsions et presque un air de voguing chez Keem Saulnier-Martinez. Toujours des Barbie et des Ken qui gagnent ? Deux Ken, en cette année! Entre les hommes et la Pole Dance, c'est une histoire qui monte en puissance. Dans le jury, l'égalité est presque atteinte. Deux hommes pour trois femmes, mais peu d'ambition artistique.

 

Il y faudrait un Philippe Decouflé qui saurait désormais trouver, dans cette discipline, des interprètes prêts à le suivre sur un chemin qui pourrait donner des tableaux aussi fins que ceux qu'il créa pour les filles du Crazy Horse. Une Pole Dance chorégraphique au-delà du solo serait un beau défi à relever.

 

Thomas Hahn

Compétition française de Pole Dance , le 24 octobre 2014, La Cigale

Les résultats en détail : www.poledancecompetition.fr

 

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