Mélanie Perrier « Nos charmes n'auront pas suffi »
Mélanie Perrier a nommé sa compagnie « 2Minimum » affirmant « là où le trio possède une personne en trop et le solo une personne qui manque ». Pourtant, Nos charmes n’auront pas suffi est bien un solo. Mais il part d’un texte de Christophe Tarkos évoquant le balancement ainsi que de la rencontre avec Julie Guibert, danseuse remarquable et déjà remarquée pour ses interprétations chez Christian Rizzo, Herman Diephuis et Stijn Celis.
Commençant par l’apparition d’une silhouette sculpturale en contre-jour, nimbée d’un éclairage diffus, Nos charmes n’auront pas suffi se déploie tout en lenteurs. Se déplaçant à reculons par une marche presque imperceptible, son corps se rapproche de nous comme si notre focale visuelle avait changé. S’éclipsant littéralement grâce à la lumière qui s’absente, seul son dos émerge alors de l’ombre qui la baigne, comme pour resserrer encore le zoom sur un détail, nous débarrassant brusquement de l’agencement anatomique ordinaire pour nous faire entrer dans une sorte de béance, par cette étrange ouverture au milieu du dos, comme pour nous faire toucher notre outillage intérieur ou nous faire comprendre le ressort de la danse.
L’entrecroisement de muscles puissants, la fibre et l’os, le nerf, le relief et l’arpège des vertèbres, les cordages des trapèzes, le méplat de l’omoplate… Vrai paysage où le regard s’arrête, s’attarde absorbant la lumière jaillie du décolleté profond qui invite à voir toujours plus, plus près, comme pour résoudre par la vision le mystère de la sensation. De ce mouvement immobile qui nous tient en haleine, ou plutôt nous absorbe, surgissent des images fantasmagoriques ou inattendues, qui affleurent à la surface de la peau. S’ourlant d’ors et de nuit, la chair devient velours ou robe, rejoignant la traversée vibrante de l’état amoureux.
Du grand art.
Agnès Izrine
22 et 23 mai 2014 - Le Forum Le Blanc Mesnil - Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis
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