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Déperdition de Myriam Gourfink

Il est de ces chorégraphes chez lesquels on accepte d’emblée le fait de savoir d’avance qu’on ne sera pas surpris par une nouvelle proposition. C’était comme ça chez Merce Cunningham, c’est comme ça chez Myriam Gourfink, maîtresse de l’étirement du temps. Le ralentissement à l’extrême du mouvement individuel et collectif forme le fondement de son œuvre.

Le tout forme un ensemble qui semble voué à l’éternité. Si la recherche évolue, c’est sous des aspects qui peuvent passer pour des détails. « Non, ce n’est pas la première fois que les danseurs se touchent, mais bien la première fois qu’il y a des appuis », rectifie-t-elle l’impression initiale. Solidaires, en groupe, et pourtant chacun exhibant des traits individuels, ils sont là, comme surpris par un peintre, en plein mouvement. C’est ainsi que commence « Déperdition ». Ensuite les huit femmes et deux hommes entament leur périple, une boucle circulaire autour du musicien qui occupe le centre du plateau, telle une étoile fixe. Kaspar T. Toeplitz ne cesse d’envoyer ses boucles électroniques à travers la plupart des créations de Gourfink. Les Anglo-Saxons parlent de noise-music. Est-ce Toeplitz qui a inspiré le terme? Quand le groupe disparaît derrière lui, arrivé à la moitié de son parcours et à la moitié du temps imparti, la danse se dérobe au regard tel un astre qui disparaît derrière le soleil. La Déperdition  atteint son sommet. Il serait préférable de revoir les autres créations récentes de Gourfink, qui se déploient mieux dans l’espace et dans l’œil du spectateur. Ce qui prouve, au passage, que même chez elle, les pièces se suivent et ne se ressemblent pas entièrement.
 
Thomas Hahn
 
Vu au Forum du Blanc Mesnil, dans la cadre des Rencontres chorégraphiques, le 7 juin 2013
Écriture de la partition chorégraphique Myriam Gourfink
Danse Clément Aubert, Clémence Coconnier, Margot Dorléans, Carole Garriga, Kevin Jean, Deborah Lary, Julie Salgues, Françoise Rognerud, Nina Santes, Véronique Weil
Composition, live-electronic Kasper T. Toeplitz
Contrebasse Bruno Chevillon
Costumes Jeanne Birckel
Lumières Séverine Rième
Vidéo Théo Hillion
Régie technique, mise en réseau et en espace sonore Zakariyya Cammoun

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