Quel curieux spectacle que cet Ainsi parlait… inclassable à souhait, et même insensé, si l’on s’attache à trouver du sens dans les mots et les actes qui émanent du plateau. Et pourtant, impossible d’en faire l’économie. Débutant comme si les interprètes vous avaient invité dans leur quotidien, le spectacle démarre presque à votre insu. On se retrouve vite plongé dans une succession de scènes où corps et texte se rencontrent, s’entrechoquent alors que les pensées filent et se dispersent à grande vitesse. Il y est question d’avoir « jeté l’argent par les fenêtres de la beauté » ou de « faire l’effort de s’élever » ou « d’être des privilégiés » en venant voir ce spectacle. Les monologues s’enchaînent, Jimmy Hendrix se déchaîne - sur la bande-son.
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"Ainsi parlait"©Nadine Gomez
À chaque moment qui passe, on franchit un cran dans le discours, suscitant pas mal de rires et un vague malaise. Car ce qui est dit, est dit. Même si ce n’est pas franchement de la philosophie nietzschéenne, ça finit par remuer nos neurones. J’m’en fous de ce que vous pensez, de ce à quoi vous croyez, si vous êtes racistes, sexistes, féministes… Si le mouvement – et Frédérick Gravel ne revendique pas un autre un autre titre que celui-ci – ne s’accorde en aucun cas à la parole, il laisse voir, par contre, ce que le texte ne dit pas, soit une désorganisation complète des conventions qui passe par des corps maladroits, fragiles, qui se heurtent ou se déhanchent jusqu’à se tordre, jusqu’à avoir l’air bancal.
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Anne Thériault dabs "Ainsi parlait..." ©Nadine Gomez
Les phrases, quant à elles, restent « droites dans leurs bottes » pour dire tout haut ce qu’en général on ose à peine dire tout bas. Avec l’accent québecois en prime. Genre : « J’suis un trou d’cul. » comme on déclamerait être ou ne pas être (un trou d’cul). Ou : « Parfois, ben y’a des shows, c’est vraiment d’la marde. Je fais tout ce que je peux pour me dire wow, mais des fois, c’est juste de la marde. »
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