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Programme Jeunes Danseurs à l' Opéra Garnier

Donnée à huis clos avant d’être reprogrammée dès que possible en public, la soirée Jeunes Danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris faisait la part belle aux récentes recrues du corps de ballet. 

Comme un air de printemps… Programmée la veille du changement de saison, la soirée consacrée aux Jeunes Danseurs vendredi 19 mars à l’Opéra Garnier offrait un souffle bienfaisant de renouveau. En filant la comparaison saisonnière, on ajoutera qu’elle mettait en valeur tant les jeunes pousses, dont quelques-unes ont rejoint le Ballet la saison dernière, que les talents en pleine éclosion, certains possédant même ce quelque chose qui signale les futurs grands solistes. 

Au rang des premiers, on peut citer Bleuenn Battistoni, qui ouvrait le bal dans la Fête des Fleurs à Genzano de Bournonville et touchait par sa fraîcheur délicate, avec un joli travail de bas de jambes si important dans ce type de répertoire. Dans le duo suivant - L’Oiseau Bleu de La Belle au Bois Dormant de Noureev -, Chun-Wing Lam, prix spécial d’interprétation à Varna en 2018, sans donner à voir, par excès de trac ?, l’ampleur de ses moyens, faisait toutefois preuve d’une belle virtuosité de mouvement. Un peu plus tard, dans le pas de deux du mariage extrait du même ballet, Guillaume Diop campait un séduisant Prince Désiré, à l’élégance de lignes et à la précision très « école française », tandis que sa partenaire Hohyun Kang interprétait avec grâce une délicieuse Aurore. 

Du côté des interprètes confirmés, la forte présence d’Andrea Sarri, déjà vu au sein de la troupe des Italiens de l’Opéra de Paris, impressionnait la rétine dans And… Carolyn d’Alan Lucien Oyen, avec une Clémence Gross également juste. On retrouvait avec plaisir le jeune danseur dans le duo Les Indomptés de Claude Brumachon, qui faisait son entrée au répertoire du Ballet. Autre prestation marquante, celle d’Awa Joannais dans le pas de deux final, avec Milo Avêque, du Roméo et Juliette de Preljocaj, où elle incarnait avec une vraie maturité l’amoureuse désespérée se résignant à la mort.

Les sujets Roxane Stojanov et Florent Melac livraient une prestation parfaitement musicale et sensible de l’After the rain de Christopher Wheeldon, sur l’un peu trop entendu Spiegel im Spiegel d’Arvo Pärt. Bianca Scudamore en Odile dans le pas de trois du Cygne noir apparaissait en plein épanouissement artistique et technique, même s’il manquait le soupçon de noirceur qui caractérise le personnage. L’une des révélations de la soirée venait du Rothbart de Jack Gasztowtt, impeccablement dansé, avec un art consommé des accents et de la suspension du geste. Un jeune homme à suivre, indéniablement, tout comme l’épatant Nikolaus Tudorin. Dans le pas de deux de Flammes de Paris, il aura époustouflé par son manège virtuose et la puissance de ses grands sauts. 

On ajoutera, pour conclure, que ce n’est sans doute pas un hasard si moins de deux mois après la remise du fameux Rapport sur la diversité à l’Opéra de Paris, la distribution de ce programme comptait une proportion absolument inédite de danseuses et danseurs aux origines’ visibles’, à commencer par les initiateurs de la pétition de l’été dernier. La  soirée aura donc aussi eu le mérite de mettre des visages et des corps derrière des noms que l’on avait eu jusqu’ici peu eu l’occasion de voir briller en solistes. Souhaitons qu’il ne s’agisse pas là d’un simple gage de bonne conduite mais la prise en compte, équilibrée et basée sur le seul talent, de la variété des personnalités qui composent la compagnie. 

Isabelle Calabre

Représentation à huis clos au Palais Garnier le 19 mars 2021.

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