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A Primavera, Nantes fait sa fête des voisins

Chaque année, depuis qu'Ambra Senatore dirige le Centre Chorégraphique National de Nantes (2016), lorsque le mois de mai tourne vers juin, et que les grosses chaleurs n'ont pas encore rendu la fréquentation des pelouses du Parc des Capucins un peu pénible, le CCN fait son Primavera, nom italien du Printemps…

Pas un festival, ce rôle est tenu par Trajectoires qui se déroule en janvier, et puis Primavera ne dure pas assez longtemps, à peine un week-end. Pas une journée porte ouverte non plus, la journée s'articule certes autour d'une succession de rendez-vous qui sont autant de fenêtres sur les activités du Centre, mais la dimension de création n'a jamais fait défaut et cela ne vire jamais à la kermesse – moment certes joyeux mais quand même un peu vain – pour garder un enjeu artistique. Exigence artistique, certes, mais toujours en lien avec le terrain, le territoire, le quartier, la rue, le coin… Pas non plus une petite chose négligeable : près de 800 personnes fréquentent ce week-end même quand il est concentré, comme cette année sur la seule journée du samedi (25 mai). « Primavera est au cœur du projet du CCN depuis le début, explique Erika Hess, la directrice déléguée, parce que Ambra entend la danse au sens très large, à la fois comme son moyen d'expression mais aussi comme un moyen d'entrer en relation avec les gens, là encore au sens très large. Nous tenons à cette manifestation qui permet au public de partager notre activité pendant toute la journée. Il peut danser avec nous, voir des spectacles, manger dans la cour, participer. C'est un vrai temps avec les gens, et en plus il fait beau ! » 

Dans le fond, Primavera, c'est un genre de Fête des voisins, mais en plus diversifiée, plus sympa et sans les souvenirs de la dernière Assemblée Générale. « Pour les invitations, nous passons par les réseaux sociaux, naturellement, mais c'est aussi l'un des moments où l'on fait de l'affichage, où le CCN en tant que tel se montre dans la ville. Pour Trajectoires, il y a nos partenaires et les spectacles à mettre essentiellement en valeur, pas le Centre. Avec Primavera, on parle simplement du CCNN » ajoute encore Erika Hess. Et un peu comme la Fête des voisins (mais XXL quand même), cela commence par du porte à porte et un contact direct avec les gens des rues alentour. « Tous les ans, un mois avant, nous partageons le secteur entre nous et chacun à notre tour allons sonner aux portes pour inviter les gens. C'est un moment très important pour le contact. Et puis nous avons le Parc des Capucins, c'est le lieu de rencontre de tout le voisinage, alors c'est là que nous annonçons le plus » raconte encore la directrice déléguée. Ce parc est celui de l'ancien couvent des moines capucins qui s'y étaient installés en 1874. Les bâtiments conventuels sont devenus le CCNN depuis 1990 et si le parc est ouvert à tous les publics, le lien avec la danse s'y fait naturellement. Comme pour A pieds joints, première proposition de cette journée festive, où enfants et parents pourront expérimenter la danse à l’air libre à partir de propositions ludiques.

Comme pour toute Fête des voisins, Primavera sert à renforcer les liens. Avec la ville, avec les voisins, mais aussi avec toutes les institutions et autres acteurs culturels d'une cité particulièrement active sur ce plan. Cette année, c'est Stradivaria. Issu de L'Ensemble Baroque de France et fondé en 1987 par le violoniste Daniel Cuiller, Stradivaria est l’un des ensembles importants consacré à la musique baroque et il est installé à Nantes. Primavera permet la rencontre avec le CCNN à cette nuance près : ces deux-là se connaissent déjà fort bien. Tout a commencé par un projet de musique tango dans lequel intervenait Ambra Senatore, laquelle ne pratiquant pas le tango avait donc suggéré à Guillaume Cuiller – fils de Daniel Cuiller et aujourd'hui directeur artistique de Stradivaria – de ne pas trop insister sur la musique argentine, quoiqu'un bandonéoniste se soit ajouté au groupe pour un spectacle baptisé, très logiquement, Ceci n'est pas un tango ! 

C'était en 2020 et l'on sait ce qu'il advint des spectacles créés cette année-là… Une réussite artistique cependant, mais comme un arrière-goût de déception d'autant que cela s'était très bien passé. D'où l'envie d'y revenir et donc, pour Primavera, ce sera Proches, une série de duos de Couperin, Villeneuve, Philidor, Telemann, Bach et Guignon qu'interprètent Sophie Iwamura au violon et Guillaume Cuiller au hautbois pendant que les percussions de Sylvain Fabre ponctuent le propos. Ambra, toute proche, donc, des musiciens, circulant entre eux et apportant un commentaire que l'on imagine nécessairement – connaissant la dame – décalé. Pour le moment, la chose est encore sur l'établi (entendre en studio) et Primavera sera l'occasion de la première.

Entre les deux représentations de Proches, on pourra découvrir le solo de Laurent Cebe, Moche 05, accompagné en live par le musicien Jonathan Poulet, qui questionne notre rapport à la beauté avec une danse libre, drôle et déconcertante. Ou encore aller danser jusqu’à plus soif, avec Giro di Pista, un bal participatif imaginé par Ambra Senatore et Marc Lacourt ou assister à l'une des surprises de la journée.

Et, cerise sur le gâteau, tous les évènements sont gratuits, sur réservation. Une fête des voisins nantaise joyeuse et raffinée !

Philippe Verrièle

25 mai 2024. Voir le programme complet : Primavera - Réservations en ligne

Image de preview : Giro di pista © Bastien Capella

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