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La Compagnie Nationale de Danse d’Espagne au TCE

Avec un programme réunissant trois chorégraphes contemporains, la Compagnie Nationale de Danse d’Espagne dirigé par José Martinez montrait un bel éventail de ses talents.
 
Galerie photo Jesus Vallinas

Sub d’Itzik Galili est un sextuor d’hommes flamboyant, viril à souhait avec ses sauts, ses tours, ses duos musculeux. D’une énergie farouche, on retrouve la patte d’un chorégraphe formé à la Batsheva… mais aussi la touche typiquement néerlandaise que l’on peut retrouver chez Crystal Pite par exemple. Urgence, force, intrication des portés, se mêlent habilement grâce à de subtils décalages que suppose la musique très contrapuntique de Michael Gordon. Le travail de composition d’Itzik Galili n’est pas moins complexe, attachant par moment la ligne chorégraphique à un seul instrument avant de la disséminer, de l’éclater littéralement, dans les mouvements de chacun des danseurs. Sub méne ainsi une sorte de réthorique de l’épuisement, heureusement tempérée par quelques alanguissements bienvenus.

Très différent, Extremely Close du chorégraphe espagnol Alejandro Cerrudo, est extraordinairement fluide, la gestuelle jouant d’une apesanteur que souligne le tapis de plumes qui jonchent le plateau. Là aussi, on ne peut s’empêcher de lorgner du côté néerlandais et de penser, cette fois, à Jiří Kylián ! Peu importe, car la gestuelle de Cerrudo est suffisamment originale avec ses tours qui s’enveloppent infiniment et ses courses incurvées, pour se démarquer du maître. Tout en extensions, en spirales, la chorégraphie nous entraîne dans des méandres, des détours, que viennent clôturer des panneaux mobiles qui servent parfois de butée et parfois de tremplins. La musique de Phil Glass et Dustin O’Halloran viennent renforcer ce monde vaporeux et flottant où les danseurs semblent être portés par des flux ondoyants.

Enfin, Casi-Casa, une pièce pleine de fraîcheur juvénile  bâtie sur une reprise partielle d’Appartement que Mats Ek avait créé pour l’Opéra de Paris, et de Fluke, deux pièces majeures  réunies par une bande-son envoûtante de Fleshquartet. est aussi formidable que l’original. Débutant par le fameux solo du fauteuil, que José Martinez avait incarné avec autant d’humour que de brio à l’Opéra, ce personnage traverse ensuite les pièces de cet « appartement » chacune donnant lieu à des scènes de la vie domestique aussi drôle que cyniques, comme sait si bien le faire le chorégraphe suédois.

De l’homme affalé et presque invertébré au ballet des aspirateurs qui, sur un air de cornemuse, fait tricoter les jambes des danseuses dans une fausse danse écossaise, en passant par la scène (de ménage) qui fait fumer la cuisinière, on se régale de ces tableaux hauts en couleur, parfaitement réglés et qui mettent en valeurs chacune des individualités de cette troupe magnifique.
Agnès Izrine
27 au 29 janvier, Théâtre des Champs-Élysées
Lire aussi notre entretien avec José Martinez

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