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Kubilai Khan Investigations et Mugstar : « Volt(s) Face »

La pièce de Frank Micheletti découverte à June Events était accompagnée en direct du groupe anglais Mugstar.

La pièce de Frank Micheletti découverte dans le cadre de la 12e édition du festival June Events, porte bien son nom puisque Volt(s) Face n’est pas avare en matière de dépense énergétique. Les sept danseurs de la compagnie Kubilai Khan Investigations étaient pour l’occasion accompagnés en direct du groupe de rock anglais Mugstar, qui avait posé ses bases et ses basses, sa batterie et ses amplis Marshall sur la scène de l’Aquarium, côté jardin.

En une dizaine de thèmes orchestraux et un peu plus d’une heure de show sans répit ni parole, les deux groupes par intermittence assemblés ont produit de quoi satisfaire amateurs de contemporain en danse et mélomanes aguerris au hard rock. Qui dit danse se doit aujourd’hui de préciser un tant soit peu laquelle. Ici, malgré la simplicité apparente des gestes exécutés – de tous les gestes, ou presque –, le noviciat de certains interprètes raidillons mais contents d’être là et quelques motifs proches de gimmicks par ailleurs largement explorés (torsions de poignets, transmissions sémaphoriques, fausse langue des signes, etc.), on reste dans la danse. Aucun message ne nous est délivré au microphone par un danseur s’improvisant comédien ; aucun récit n’est raconté ; aucun état d’âme n’est étalé.

La composition est rigoureuse, mais pas trop ; géométrique, sans systématique ; variée, comme il se doit. L’impression d’ensemble est celle d’une relative décontraction, ce qui ne veut pas dire d’une approximation ou d’une « sans façon ». Tout a été, c’est patent, tenté, étudié, répété. Et réparti en plusieurs thèmes gestuels –  suivant des lignes chorales, des regroupements et dispersions en diverses directions, en douceur ou en opposition. On pourrait dire d’ailleurs indépendamment de la musique. Les deux expressions cohabitent sans viser à l’unisson ou à la fusion entre elles, en se respectant et gardant un quant à soi, un détachement, un flegme. Y compris au final, lorsqu’une des solistes de Kubilai Khan se mêle aux instruments délaissés par les rockers, puis aux musiciens, sans leur taper sur le ventre ni les déstabiliser comme put le faire la punkette Karole Armitage avec le guitariste Rhys Chatham.

Si tous, dans la compagnie, ne sont pas virtuoses, ils ont on ne peut mieux interprété la partition de Micheletti et méritent d’être mentionnés : Viktoria Andersson, Gabriela Ceceña, Idio Chichava, Maria de Dueñas López, Sara Tan, Esse Vanderbruggen, Csaba Varga, . Les duos, mixtes ou non, ont été enchaînés à des pas pouvant aller jusqu’aux septuors. Deux solos superbement dansés par deux jeunes femmes, l’un tout en savantes contorsions, en descentes et remontées en pont, l’autre en fluides enchaînements, ont relancé l’intérêt et détourné le regard du public de jardin à cour.

Les excellents musiciens recrutés pour l’événement, le batteur Steve Ashton, le bassiste Marc Glaysher, le guitariste rythmique Neil Murphy et le guitar hero Luke Mawdsley ont capté et captivé l’audience, l’immobilité des uns tranchant sur la frénésie gestuelle du rythmicien en chef. Le son aux petits oignons amplifié comme il faut par Laurent Saussol valorisait les thèmes d’un rock de la fin des sixties sous influence Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath. Une façon comme une autre de commémorer mai 68.
 

Nicolas Villodre

Vu le 7 juin 2018 au festival June Events – Atelier de Paris / CDCN

 

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