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June Events : « Rhythm » de Mié Coquempot

Noir sur blanc: Un homme, une femme, un espace presque immaculé. Les silhouettes, articulées mais sans accentuer les ruptures, se posent comme sous le pinceau d'un invisible calligraphe. Les frappes des pieds rythment le temps, leur complexité allant crescendo. On comprend donc, dès cette entrée en matière (plastique), le pourquoi du titre. Le dialogue des frappes devient une vraie partition percussive. L'énorme écran, installé en position avancée, reste vierge. Et on attend avec la plus grande curiosité de savoir comment la musique de Pierre Henry va résonner dans cet espace visuel, neutre et graphique.

Quand les sons ciselés du maître commencent à poser leur repères, les silhouettes de Mié Coquempot et Jérôme Andrieu évoquent des situations vécues (et filmées) par eux-mêmes dans les grandes plaines et  les paysages rocheux du Grand Ouest californien. Cette première partie, extrêmement dépoilée, trop longue encore (mais n'est-il pas question de traversée?) cache plusieurs références à la culture des  Indiens des Plaines. "Nous nous sommes inspirés de leur culture et de leur système d'écriture", confirme Coquempot.

 

Dans le film lui-même, conçu pour être proposé comme une œuvre autonome à des manifestations de vidéodanse, les corps affrontent le vent, le sol, les perspectives... Et Pierre Henry, venu assister, au premier rang, à la création de Rhythm, suit avec une attention maximale comment ses constructions sonores envoient le spectacle vers une quatrième dimension. Ni spatiale, ni temporelle, celle-ci se déploie de façon presque matérielle dans et entre les oreilles du spectateur. Il y a là une façon à la fois ancienne et nouvelle d’intégrer le spectateur dans l’œuvre.

La troisième partie de Rhythm n'est pas moins qu'une sculpture sonore dansée. Mieux, la qualité "concrète" des sons se matérialise également dans la danse. Chaque son, chaque geste est ici traçable jusqu'à son origine matérielle. Les corps reproduisent et donnent à sentir  le contact avec le sol et la tempête, les ressuscitant sur le plateau.

Cette troisième partie, plus en souplesse, en harmonie entre les danseurs et avec le sol, se conclut dans différentes évocations d'une animalité discrète. Conclusion pastorale et en pastel d'un voyage qui débute de façon syncopée et tranchée. Rhythm est un récit de voyage, une restitution chor(ale)-et-graphique d’un parcours méditatif et philosophique sur notre rapport au temps et à la matérialité de la nature. Les paysages sonores de Pierre Henry l’accompagnent et le traversent avec clarté et clairvoyance.

Thomas Hahn

Création mondiale au festival June Events, le 12 juin 2015, Théâtre de l’Aquarium

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