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Danser dans un arbre

Satya Roosens se défend d’avoir créé un concept de danse écologiste. Mais c’est tout comme. Après une pièce pour plans d’eau naturels, la voici en osmose avec la forêt. Fallen Thoughts , entre branches et feuillage…
Studio Eclipse est une compagnie bruxelloise. Rien ne la prédestine donc à créer pour un environnement naturel. Et pourtant. Leur nouvelle création est faite d’escalades dans un arbre, soigneusement choisi, et ensuite investi en adaptant chaque déplacement à sa structure spécifique. Fallen Thoughts, voilà aussi une allusion à la chute, en permanence déjouée quand Roosens et Estelle Delcambre grimpent telles des écureuils, koala ou caméléons, pour se glisser entre les branches. S'agit-il d’une nouvelle étude sur le jeu apparition/disparition? Peut-être, mais si elles portent des combinaisons rouge et orange, c’est pour ne pas s’éclipser complètement derrière le feuillage.

Photos : Thomas Hahn,prises à Mimos

Dans Two sink, three float , un trio aquatique, Roosens chorégraphiait la nage et la plongée pour raconter l’histoire d’un ménage à trois. Dans Fallen Thoughts, on voit un duo féminin, dans une nouvelle recherche sur l’apesanteur dans un environnement naturel. Ça ne nage plus, ça grimpe et se balance. Les états énergétiques des danseuses peuvent renvoyer à des espèces diverses et variées, des singes aux reptiles. Mais à la mimesis animalière au premier degré, elles préfèrent le mystère d’une présence para-humaine créée par l’apesanteur. Voilà qui produit le même effet transfigurant que les grands jetés d’une ballerine. Corde, corde élastique et fil de sécurité sont pleinement visibles, sans nuire à la magie des présences. Sous le feuillage, la lenteur des déplacements contribue également au mystère. Et soudain, grâce à la corde élastique, le duo se propulse en hauteur, rebondissant dans la verticale.

Satya Roosens ne prévoit pas forcément de créer à jamais pour un environnement naturel. Mais pour les deux premières pièces de Studio Eclipse, la combinaison entre la pratique chorégraphique et le message produit est des plus heureuses. En effet, pas besoin de discours pour que chaque spectateur ressente l’importance de la symbiose entre l’homme et la nature, ainsi que le travail sur soi, accompli en vue de la création. Dans Two sink, three float, on les voit immergés dans l’eau, et instinctivement on leur souhaite qu’elle soit aussi pure que possible. Quant aux arbres choisis pour Fallen Thoughts, il est évident que là aussi, la création s’adapte à son support et que le duo a d‘abord dû se former à la danse verticale. Ici, l’arbre ne cache pas la forêt, il s’en porte garant. Et la musicienne, suspendue dans son cabanon, accompagne les deux créatures d’une musique pleine de mystères.

Texte et galerie photo : Thomas Hahn

Two sink, three float