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« Cirkopolis » du Cirque Eloize

Un nouveau théâtre à Paris, c’est une belle nouvelle. Surtout lorsqu’il a le bon goût d’accueillir, en lever de rideau, les joyeux acrobates du Cirque Eloize.

Aménagé avec soin sur l’emplacement de l’ancien cinéma Gaumont de la place d’Italie, géré par la société de production Juste pour Rire et dirigé par Olivier Peyronnaud, le 13e Art ouvre en effet sa programmation à tous les arts de la scène, du théâtre à la danse en passant par le stand up, la musique et la magie nouvelle.

Il accueille ainsi en ouverture de saison les surdoués québécois dans une salle spacieuse et fonctionnelle, qui n’offre pas moins de 900 places venant surplomber un plateau de 30 mètres sur 18. De quoi déployer en toute liberté l’écran vidéo, les accessoires, les cordes et surtout les formidables interprètes de Cirkopolis, présenté jusqu’au 29 octobre.

Créée en 2012, cette neuvième pièce des Eloize a déjà voyagé dans le monde entier, et dans une trentaine de villes en France, avant de faire escale pour la première fois dans la capitale. Elle offre en une heure trente, qui file comme par enchantement, un condensé de ce que la compagnie canadienne fait de mieux. Fusion fluide du nouveau cirque, du théâtre visuel, de la danse, du mime et de l’humour ; simplicité des outils, au profit de l’expressivité des corps ; trame narrative légère, prétexte à une succession de tableaux débordant d’imagination ; et surtout, talent éblouissant des quatorze artistes circassiens de la troupe.

Comme à l’accoutumée, le spectacle est mis en scène par Jeannot Painchaud, assisté cette fois du chorégraphe Dave St-Pierre - qu’on pourra applaudir en solo au Tarmac du 11 au 14 octobre. Les deux complices ont imaginé le monde gris et froid d’une ville semblable à la Métropolis de Fritz Lang, symbolisée par des images projetées de rouages géants devant lesquels défilent, tête baissée, des employés en imper mastic et feutre mou.

Peu à peu, cet univers digne des Temps Modernes se transforme, d’abord par la magie de la couleur, aperçue ça et là sur les doublures des vestes puis arborée plein feux par une acrobate en robe rouge. Lui succèdent des jongleurs sur un air de swing, d’incroyables contorsionnistes dont la seule vue des prouesses donne mal au dos !, des interludes comiques sous forme de sketchs sans paroles, des trapézistes éblouissants, des spécialistes du mât chinois qui donnent le vertige, des artistes de la roue Cyr…

Un festival de numéros parfaitement exécutés, sans jamais perdre un je ne sais quoi de - faussement - désinvolte, à mille lieues des roulements de tambour appuyés des numéros du cirque traditionnel. Et une foule de détails irrésistibles, comme cette langue indistincte entendue par moments, qui rappelle le boulgi boulga poétique des personnages des films de Tati.

On en sort léger, le sourire aux lèvres et le cœur content : un parfait antidote aux grisailles de l’automne !

Isabelle Calabre

Vu le 5 octobre au 13eme Art

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