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Cadences d’Arcachon : Danser après les incendies…

Températures étouffantes, incendies et puis un festival de danse… Idée étrange ou nécessité ? 

Dans les Landes, les feux de forêt ont ajouté une épreuve à la population qui sortait tout juste des revers économiques dues à la pandémie, dans une région où le tourisme est un pilier majeur de l’économie. Les incendies de l’été 2022 ont ajouté une couche aux revers subis. Quel est l’impact d’une situation aussi complexe sur le public et comment celle-ci se traduit-elle dans le déroulement d’une manifestation culturelle ? Rencontre avec Benoît Dissaux, le directeur du théâtre Olympia et du festival Cadences d’Arcachon

Danser Canal Historique : Les vagues de chaleur de l’été 2022 ont déclenché des incendies qui ont ravagé plusieurs forêts dans la région, jusque dans les environs de La Teste de Buch, l’un des fiefs de Cadences, puisque vous y proposez ce que vous appelez les Escales chorégraphiques. Les incendies ont-ils rendu les choses plus difficiles pour le festival et son public ? 

Benoît Dissaux : On a surtout mesuré un manque à gagner pour l’économie de la région suite à une baisse des réservations chez les vacanciers puisque l’impact médiatique a été fort et plusieurs campings ont été détruits. Mais il y a eu un énorme élan de solidarité pour venir en aide aux campeurs et autres personnes qui n’avaient plus de lieu pour dormir. J’ai moi-même hébergé des campeurs. Quant à l’Olympia, ce qui m’a aidé en cet été caniculaire, comme avant pendant les confinements, c’était d’avoir une équipe fidèle et très engagée. Un autre facteur qui nous aide est que l’Olympia est aujourd’hui une scène d’intérêt national, mention « Art en Territoire », et ce jusqu’en 2024

DCH : Comment se développe le festival Cadences dans cette situation ?  

Benoît Dissaux : Cette année, le nombre d’entrées a augmenté par rapport à l’année dernière, et même par rapport à 2019, la dernière édition d’avant la pandémie. Les spectacles à l’Olympia avec ses mille places étaient quasiment complets et au Théâtre de la Mer, notre scène en plein air installée sur la plage avec une jauge de 500 places, seules la première représentation de l’après-midi, à la fin du déjeuner, et la dernière, quand le public se prépare pour le spectacle du soir, voient quelques sièges non occupés. Entre les deux, on a du mal à faire rentrer tout le monde ! 

DCH : On pouvait craindre que les incendies détourneraient l’attention des gens du spectacle vivant. C’est donc le contraire qui se produit ? 

Benoît Dissaux : Les gens ont plutôt besoin de s’aérer la tête. Et ils savent que la programmation leur propose des spectacles dans l’idée d’une danse basée sur le mouvement et des atouts visuels, et que les artistes invités sont de qualité. 

DCH : Comme chaque année, vous avez présenté du flamenco, denrée incontournable à Cadences, avec Querencia d’Antonio Najarro, un spectacle qui mêle beaucoup d’images léchées et quelques pépites de sincérité. Le style de Najarro qui chorégraphie aussi beaucoup pour le patinage artistique, en compétition et en show plaît au grand public, incontestablement. Mais le public a apprécié tout autant la proposition bien moins indentifiable, entre théâtre gestuel et danses urbaines, qu’est Anopas  de Sonia Rem et Mehdi Ouachek / Cie Art Move Concept, ce qui nous amène à penser qu’il est sensible à la qualité d’une vision artistique et d’interprétations singulières dès que l’excellence est au rendez-vous. 

Benoît Dissaux : Il est d’autant plus important de conserver la confiance du public que l’offre dans la région est en train d’augmenter. Au printemps prochain, une nouvelle salle de spectacles va ouvrir à Gujan-Mestras, à trois pas d’Arcachon. Elle offrira 650 places ! 

DCH : Justement, de plus en plus vous déployez Cadences dans les communes autour du Bassin. Une façon d’aller chercher le public au lieu de le prier de venir et en même temps d’assurer la mission « Art en territoire » ? 

Benoît Dissaux : Exactement. Les coopérations avec les autres communes s’intensifient. La mission « Art en territoire » est stimulante. Mais Cadences a son centre de gravité qui est Arcachon avec l’Olympia et le Théâtre de la Mer, et je me dois de veiller à ce que cela ne change pas trop. 

DCH : Au Théâtre de la Mer, on a vu aussi des brèves chorégraphies d’entre une et deux minutes, par des jeunes et parfois très jeunes interprètes locales. Il y avait là parfois de vraies pépites, mais c’est sans doute aussi une astuce pour renforcer les liens entre le festival et la population ? 

Benoît Dissaux : Bien sûr, il y a un tissu d’écoles de danse autour du Bassin d’Arcachon que nous invitons à se présenter pendant le weekend qui constitue le temps fort du festival. Et nous menons chaque année des projets participatifs. Nous avons ainsi présenté Danse l’Europe, le projet du Conseil de l’Union Européenne avec la chorégraphie interactive d’Angelin Preljocaj, nous avons eu la barre animée par Marie-Claude Pietragalla et le Bal chorégraphique  de Sylvain Groud où le public a répondu présent en grand nombre alors que l’endroit était assez excentré [lire notre critique]. 

Propos recueillis par Thomas Hahn

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