Une Croix d’Honneur pour Anne Teresa De Keersmaeker
L’état autrichien vient d’attribuer à Anne Teresa De Keersmaeker une de ses plus hautes distinctions, la Croix d’honneur pour les sciences et les arts (Ehrenkreuz für Wissenschaft und Kunst), équivalent de la Légion d’honneur en France.
La cérémonie a eu lieu à Vienne, ce 18 février et c’est Dr. Josef Ostermayer, le ministre autrichien pour les arts, la culture, la constitution et le service public qui a remis les insignes à la fondatrice et chorégraphe de Rosas, après une représentation de sa pièce Verklärte Nacht, sur la musique éponyme d’Arnold Schönberg.
Belle revanche pour la chorégraphe belge, récemment mise en difficulté dans son propre pays. (http://dansercanalhistorique.com/2014/12/17/plus-de-danse-a-la-monnaie/) Belle revanche, car cette croix d’honneur lui permet d’accéder à un cercle plus que sélect. En effet, cette distinction n’est jamais portée par plus de 36 Autrichiens et autant d’étrangers, dont 36 artistes et 36 scientifiques. Comme à l’Académie Française, il faut donc attendre le décès d’un porteur pour qu’une nouvelle personne puisse être distinguée.
Ce sont par ailleurs les décorés eux-mêmes qui décident de l’artiste ou scientifique qui les rejoindra. La distinction de De Keersmaeker signifie par ailleurs une mise en valeur importante de la danse en tant que telle, à moins qu’on y voie un rattrapage tardif et plus qu’attendu. Car la Bruxelloise n’est que la deuxième personnalité chorégraphique à être admise en ce cercle. Avant elle, seul George Balanchine fut ainsi décoré, en 1980, trois ans avant son décès. Mais ni Pina Bausch, ni Cunningham, ni Béjart…
Qui porte actuellement la Croix d’honneur autrichienne pour les sciences et les arts ? On y trouve les peintres Pierre Soulages et Georg Baselitz, des cinéastes comme Michael Haneke et Abbas Kiarostami, des sculpteurs comme Anselm Kiefer, des compositeurs comme György Kurtag et Pierre Boulez, des philosophes comme Peter Sloterdijk, des architectes comme Zaha Hadid et tiens, une « artiste conceptuelle », à savoir Marina Abramovic. Les écrivains se font rares, par ailleurs. Et voilà qu’une chorégraphe a enfin droit au club. Une bonne nouvelle !
Thomas Hahn
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