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« Tristano e Isotta » de Giorgio Mancini
Le projet est né l’été dernier. Après avoir en 2011 créé un court duo sur La Mort d’Isolde dans la transcription musicale de Liszt au Palais Strozzi, à Florence, Giorgio Mancini décide de consacrer aux éternels amants un ballet entier.
Photos James Bort
Pour se mesurer au chef-d’œuvre de Wagner, il lui faut deux interprètes d’exception : ce seront Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio, repérés il y a déjà dix ans lors du concours de promotion de l’Opéra de Paris dont le chorégraphe était alors juré. Choix judicieux, à l’évidence. Car quelques années plus tard, le couple d’étoiles a littéralement enflammé le public de l’Opéra de Florence. Avec pour décor une simple voile blanche triangulaire dressée en fond de scène, qui se transformera en couche nuptiale avant de se tendre à nouveau au moment de l’adieu éternel, ce Tristan et Isolde de belle facture reposait tout entier sur l’extraordinaire alchimie créée par Mancini entre les deux danseurs.
Photos James Bort
Vêtus de costumes plus légers que l’air dessinés dans un tissu, à base d’organza liquide et de jersey ‘dévoré’, imaginé pour l’occasion par la styliste Yiqing Yin, ils furent l’incarnation d’une passion frémissante et absolue. Tendus l’un vers l’autre dans une intensité bouleversante ou emportés dans une suite de tours - à l’image du tourbillon fatal auquel ils ne peuvent se soustraire -, Dorothée Gilbert et Mathieu Ganio semblaient littéralement en apesanteur, suspendus dans un immatériel abandon. Seuls sur scène une heure durant, hormis quelques troublantes séquences vidéo, réalisées par James Bort, les montrant dans une intimité sublimée, les deux solistes ont donné chair et corps au vœu du chorégraphe. Spirale destructrice des sentiments, gestuelle enveloppante et aérienne, sublimes leitmotive wagnériens et danseurs à l’unisson : le drame légendaire de l’amour fou a trouvé sa « narration émotive ».
Isabelle Calabre
Opéra de Florence. Les 28, 30 décembre 2014 et 4 janvier 2015.
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