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"Deepstaria" de Wayne McGregor

La création mondiale de Wayne McGregor ouvrait cette 44e édition de Montpellier Danse, une prouesse technique !.

Deepstaria est le nom d’une méduse métamorphe biolumiescente qui vit dans les grandes profondeurs de nos mers. Un être énigmatique capable de changer d’apparence à volonté, qui suscite autant de fascination que de crainte, tout comme l’Intelligence Artificielle aujourd’hui, qui occupe, paraît-il, une place centrale dans cette création de Wayne McGregor qui mêle écriture chorégraphique, IA, recherche acoustique et informatique spatiale. Deepstaria est accompagné par la musique du Français Nicolas Becker, ingénieur du son de génie oscarisé pour le film Sound of Metal, de Darius Marder, qui construit des images acoustiques tout en fulgurances électroniques, en ondes pulsées un peu rétrofuturistes, et de LEXX, co-inventeur d’un moteur audio numérique révolutionnaire : Bronze.ai.

L’artiste anglais, connu tant pour son excellence en matière d’inventivité chorégraphique que pour son intérêt et sa fine maîtrise des outils technologiques développe dans cette création un langage physique d’une virtuosité impressionnante, conçue, pour faire évoluer une gestuelle, comme le fut, en son temps, le logiciel Dance Forms pour Merce Cunningham. Soit un outil de composition avancé permettant de rêver « plusieurs mouvements impossibles à réaliser en même temps », tout en ouvrant de nouvelles possibilités corporelles aux sept interprètes (quatre femmes, trois hommes). Vêtus de maillots noirs, plongeant dans les ténèbres des profondeurs, grâce à la technologie Vantablack qui crée un environnement sombre et froid, les artistes chorégraphiques s’élancent, enchaînant solos, duos et trios exaltés. Et c’est une profusion de combinaisons de pas et de figures, plus sophistiqués et virtuoses les uns que les autres qui envahissent le plateau. Corps fébriles, accélérations vertigineuses, plus que de curieuses méduses, ce sont des corps shootés à l’adrénaline, des marlins noirs en plein effort qui lancent cette chorégraphie gonflée à bloc. Une deuxième partie nous fait remonter de quelques mètres, là où la lumière parvient encore pour nous faire voir les méduses, réduites à leur plus simple appareil par des mains qui pulsent dans l’air, des robes en soie japonaise plus légère que l’air, flottantes et ondoyantes dans cet entre-deux eaux avant de replonger dans le rouge de l’ivresse des profondeurs ou narcose des abysses. Abyssal, l’ennui que le ballet suggère l’est tout autant. Car la virtuosité extrême et la maîtrise technique, certes hallucinante des danseuses et danseurs,et même la beauté vertigineuse de leurs mouvement, tout comme la richesse du vocabulaire n’ont jamais suffi à créer une bonne chorégraphie. Et c’est dommage. Car tous les ingrédients semblaient pourtant être réunis pour créer une grande pièce. Un peu de travail en plus, peut-être ? Ou de réflexion ?

Agnès Izrine
Vu le 22 juin 2024 au 44e festival Montpellier Danse au Corum.

 

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