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CCN-Ballet de Lorraine Maud Le Pladec et Ayelen Parolin.

Un programme haut en couleur qui rassemble deux chorégraphies exceptionnelles, par leur beauté plastique et leur engagement physique, Static Shot de Maud Le Pladec, et Malón d’Ayelen Parolin.

La dernière soirée du CCN-Ballet de Lorraine sous la direction de Petter Jacobsson et Thomas Caley, proposait une reprise, le formidable Static Shot de Maud Le Pladec, future directrice de ce même Ballet, et une création signée Ayelen Parolin, Malón. Joli programme, car les deux pièces se répondent parfaitement, avec leur énergie et surtout leur inventivité pour chorégraphier la foule – en l’occurrence, les vingt-quatre danseurs du Ballet de Lorraine.

Nous ne reviendrons pas sur ce chef-d’œuvre de composition et d’ingéniosité visuelle et sonore qu’est Static Shot, déjà doublement chroniqué (ici et ici), même si nous ne résistons pas au plaisir d’en montrer un extrait :

Malón d’Ayelen Parolin, est un mot d’origine mapuche, peuple originaire de la Cordillère des Andes, passé dans la langue hispanique d’Amérique latine, comme en Argentine d’où la chorégraphe est originaire. Il désignait une razzia surprise et signifie maintenant foule indisciplinée. Mais désordonnés, les vingt-trois artistes chorégraphiques du ballet n’en ont que l’apparence. Car cette création est, au contraire, un vrai chef-d’œuvre de construction complexe, qui mêle à un vocabulaire original, emprunts et hommages à l’Histoire de la danse du XXe siècle. Et s’arrange aussi pour créer une œuvre plastique en mouvement, en disposant les couleurs des costumes, assortis d’éclairages de Jean-Jacques Deneumoustier, en les répartissant dans le temps et l’espace de façon à les faire vibrer au gré de trios, de quatuors qui semblent inopinés, mais font ressortir une dominante lavande ou rose, ponctuée d’éclats vert fluo ou de tissus qui ont tout d’un papier old style se mettant à briller.

Galerie photo : Laurent Philippe

Après les vêtements signés Christelle Kocher – KOCHÉ de Maud Le Pladec, ceux d’Alexandra Sebbag pour Malón rivalisent de folie et d’imagination. Et comme pour la chorégraphie, ce qui paraît un fruit du hasard un peu bizarre, se révèle être le résultat d’une stratégie aussi implacable qu’un jeu d’échec où le déplacement de chaque pion concourt au triomphe final. Là aussi, l’historique est présent avec des académiques Cunninghamiens (et surtout l’un d’entre eux, sorte de pâle copie de Summerspace !), une robe à la Pina Bausch pour un danseur, des tutus ridicules, uune jupe portée torse nu par un homme, tenue qui fit florès dans les années 90 et même des échos vestimentaires de la pièce précédente.

Galerie photo : Laurent Philippe

Et bien sûr, tout cela infuse dans la chorégraphie, la gestuelle venant donc d’une savante juxtaposition de ce que la danse et l’époque ont pu produire : Trémoussements, isolations issues du jazz, fragments de danse africaine et ses épaules trémulantes, tours et fouettés issus de la danse classique, ports de bras bauschiens, spirales browniennes… Parolin en tire des parodies hilarantes, entre la caricature et la gestuelle de dessin animé, n’ayant même pas peur, parfois, de mouvements assez laids, voire assez bêtes.

Mais surtout, la chorégraphe a la particularité de tout mettre sur le plateau en s’interdisant le mélange, ou l’unité, le tout sur une musique électro complétement destructurée de Benoist Este Bouvot, ce qui, finalement, constitue un récit assez drôle de nos rapports humains, vus sous le prisme de l’outrance et de la joie à tous les étages.

Agnès Izrine

Le 26 mai 2024, Opéra de Nancy et de Lorraine.

Distribution :

Artistes chorégraphiques : Jonnathan Archambault, Aline Aubert, Alexis Baudinet, Malou Bendrimia, Charles Dalerci, Inès Depauw, Mila Endeweld, Angela Falk, Nathan Gracia, Inès Hadj-Rabah, Tristant Ihne, Matéo Laguière, Laure Lescoffy, Valérie Ly-Cuong, Afonso Massano, Lorenzo Mattioli, Clarisse Mialet, Elsa Raymond, Elisa Rouchon, Céline Schœfs, Gabin Schoendorf, Lexane Turc, Marc Twining, Luc Verbitzky

Malón Chorégraphie Ayelen Parolin
Assistanat à la chorégraphie Julie Bougard, Jeanne Colin et Daan Jaartsveld
Dramaturgie Olivier Hespel
Création lumière Jean-Jacques Deneumoustier
Création musicale Benoist Este Bouvot
Création costumes Alexandra Sebbag Réalisation costumes Atelier Couture du CCN - Ballet de Lorraine : Martine Augsbourger, Annabelle Saintier, Alexia Christiany, Gaëtane Cumet, Elsa Gérant

Static Shot Chorégraphie Maud Le Pladec
Musique Chloé et Pete Harden
Conseil à la diffusion sonore Vincent Le Meur
Lumière Eric Soyer
Création costumes Christelle Kocher – KOCHÉ-Assistante costumes Laure Mahéo
Stagiaire dramaturgie Baudouin Woehl
Assistant à la chorégraphie Régis Badel
Avec la participation de l'École de Broderie d’Art du lycée Paul-Lapie de Lunéville

 

 

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