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Bref séjour dans la danse généreuse !
Confiées au chorégraphe Hervé Koubi, les cinquièmes Rencontres chorégraphiques départementales de Corrèze ont été accueillies les 07 et 08 juin 2014 au sein du théâtre municipal de Brive-la-Gaillarde (19). Entre les pics de stress, les afflux d’adrénaline afférents et les pleurs d'émotion, de vraies pépites chorégraphiques ont incontestablement éclos sur scène.
Un théâtre municipal plein à craquer deux jours de suite malgré le beau temps qui règne, une émulation collective notable, quinze pièces au rendu parfois sidérant. Ainsi pourrait être résumée la nouvelle édition des Rencontres chorégraphiques départementales (RCD) de Corrèze. Organisée par l'ADDIAM (agence départementale de développement des initiatives artistiques et de médiation), cette manifestation en est fièrement à son cinquième cru.
Du fait sans doute des multiples projets qu'il a menés sur place de longue date, le chorégraphe Hervé Koubi s'en est vu confier les manettes, accompagné pour cela de « l'équipe artistique qu'il a construite autour de lui » selon les mots du discret Henri Leboulleux. Bien qu'issu du milieu musical, le directeur de l'agence culturelle sait faire preuve d'ouverture, indiquant être convaincu par le fait que des « chorégraphes de talent » puissent offrir « leur expérience de danseur et leur vision de ce qu'est l'art chorégraphique ».
À l'opposé des actions-alibi trop légères pour induire des choses qui soient réellement partagées et durables, ces Rencontres 2014 s'apparentent à une besogne qualitative bien ancrée dans le territoire, parvenant même à rayonner et capter au-delà (Limoges, Paris...). Dans la continuité d'auditions initiales, quelque cent-vingt interprètes amateurs et amatrices de divers âges (conservatoire de Brive, écoles de danse associatives...) ont parfois travaillé depuis presque un an, lors des périodes de vacances scolaires et/ou durant des week-ends, afin de parvenir à ciseler du mieux possible les mouvements contenus dans les pièces choisies par les intervenant(e)s.
Si le résultat montré sur scène a pu varier d'une représentation à l'autre, l'essentiel résiderait presque ailleurs. À savoir que le Théâtre de Brive s'est mué en une grande ruche productive, laissant percevoir de belles énergies humaines et artistiques. Entre les pics de stress, les afflux d’adrénaline afférents et les pleurs d'émotion, de vraies pépites chorégraphiques ont incontestablement éclos sur scène, au point de faire regretter qu'elles ne puissent avoir une diffusion complémentaire de leur présentation publique ponctuelle. Plutôt familial mais composé également de personnalités politiques locales et de professionnels du milieu culturel du territoire, le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé, vu l'intensité significative de l'applaudimètre.Impossible cependant de décrire chacune des œuvres programmées, tant elles furent éclectiques dans leur contenu.
Bref séjour chez les vivants - Chorégraphie Hervé Koubi
Il convient toutefois de rendre à César ce qui lui appartient, avec Bref séjour chez les vivants. Créée en 2008 par Hervé Koubi, cette pièce contemporaine ne tournant plus est désormais inscrite dans le répertoire mémoriel de sa compagnie. Elle fut à l'origine destinée à six interprètes professionnels dont le corps et leurs superbes drapés minimalistes étaient enveloppés d'argile. Une œuvre aux colorations très visuelles, dont la beauté spectrale de l'époque pouvait susciter quelques craintes quant à une recombinaison pour pas moins de... trente-quatre amateurs/trices ! Le pari étant gagné haut la main, cet « essai chorégraphique » se révèle aussi renversant que les textures originelles dont il est dérivé. Comme leurs prédécesseurs, les corps visibles à Brive ont incarné des instants furtifs qui coexisteraient en glissant à travers les strates cumulées d'un espace-temps indécelable. Ils ont été comme transcendés, traversés, presque transpercés, par de splendides fils de cristaux Swarovski suspendus dans les airs, donnant l'impression de gouttes de pluie intemporelles et insaisissables mais néanmoins irradiantes.
Le bal des fallacieux de Carl Portal.
Autre bijou scénique méritant d’être retenu parmi les quelques merveilles présentées : Le bal des fallacieux de Carl Portal. Professeur au Studio Harmonic (Paris), le chorégraphe a travaillé par le passé avec notamment Anne-Marie Porras ou la danseuse-étoile Marie-Claude Pietragalla. Cherchant à valoriser les personnalités dramaturgiques décelées chez les garçons et filles sélectionné(e)s, il a su en tirer le meilleur pour réadapter une pièce initialement crée en Italie et en italien. Un choix apparu judicieux, tant dans ses options théâtrales actualisées dans le cadre particulier de l'événement brivois que dans le professionnalisme époustouflant avec lequel les rôles distribués ont été personnifiés sur le plateau. Dans une atmosphère signifiante qui pourrait faire écho à 1980 de Pina Bausch et La table verte de Kurt Joos, dix-sept jeunes filles et un jeune homme jouant le rôle d’un Milord « se prenant pour Jésus-Christ » (sic) ont composé à merveille une Cène sidérante présidée par ce Milord fragile et touchant. S’il fallait ne retenir qu’un instant, ce serait peut-être leur extraordinaire chorégraphie corporelle effectuée à même une longue table avec… les bras et les coudes, complétée et magnifiée par des instantanés mimiques réalisés eux aussi avec un grand talent.
L'été - Chorégraphie Hervé Koubi
00 façons et Lila - Chorégraphie Fayçal Hamlat et Riad Mendjel Bleu - Chorégraphie Hervé Koubi
Dans un court documentaire projeté sur place sous la forme d’une plongée dans le chaudron des répétitions, on entraperçoit Hervé Koubi s’adressant à une mère : « Je ne peux pas promettre qu'elle monte sur scène. Elle n'a pas les outils techniques, il lui manque tout. Sauf que... il se passe quelque chose ! », lance-t-il un peu dépité mais en laissant les perspectives ouvertes. Pour paraphraser le chorégraphe, on pourrait dire qu'en ce week-end ensoleillé des 07 et 08 juin, il s'est assurément passé « quelque chose » dans la cité briviste. Cela pourrait s'appeler un altruisme chorégraphique certain, décliné par des actes généreux de transmission amoureuse du geste dansé.
Valentin Lagares
Site internet de la compagnie Hervé Koubi : www.cie-koubi.com/pages/compagnie.php
Page Facebook : www.facebook.com/pages/Herv%C3%A9-Koubi/207562669194
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