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"IMPAIR" de Jérôme Brabant
On avait déjà remarqué Jérôme Brabant dans Heimat, lors de la dernière édition des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis. Il revient avec IMPAIR, qui s’inspire de nouveau de l’Ile de La Réunion dont il est originaire et où il est revenu en 2009.
Galerie photo de Laurent Philippe
Déployant son corps qui semble soudain immense dans le studio du CND, Jérôme Brabant imprime à son corps une ondulation lente, persistante, obsédante. Accompagné du musicien David Fourdrinoy, percussionniste improvisateur, il semble prendre le pouls de cette étrange mélodie lancinante qui innerve chacun de ses mouvements amples, gestes de « tisaneurs », ceux qui connaissent les plantes médicinales et leurs savantes décoctions pour soigner ou apaiser la douleur. Comme ses grands-parents, célèbres pour leur art, qui savaient associer ces plantes, toujours en nombre impair. D’où le titre de cette création en forme d’hommage, à ses ancêtres mais aussi aux mystères de La Réunion où les esprits planent encore sur la danse et sur les corps. Et sur le triangle d’or qui délimite l’espace de son solo, Jérôme Brabant, tourne sur lui-même, sorte de rite incantatoire sur un rythme proche du Maloya, cette danse réunionnaise en forme d’hommage qui servait autrefois à appeler les fantômes. Peu à peu son corps sinueux s’éploie et s’allonge, son mouvement amplifiant l’espace de ses bras qui planent et qui ensorcellent, nous entraînant dans une sorte de transe nonchalante, trouée par des éclats de cymbales dont Jérôme Brabant finit par s’emparer comme pour nous réveiller de cette torpeur hypnotique dans laquelle il nous avait plongés. « Tisaner » à La Réunion, signifie aussi envoûter et IMPAIR nous tisane et nous enchante.
Agnès Izrine
14 mai 2014, Centre national de la Danse, Pantin - Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis
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