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« Kudu » de Gregory Maqoma

Plein d’énergie et de poésie, tel un rituel de passage entre deux civilisations, un « ticket » Jo’burg-Marseille : Ainsi se présente Kudu, chorégraphié par Gregory Maqoma et porté par le jazz parfois très rock’n’roll d’Erik Truffaz.

 

"Kudu" @ John Hogg

 

Sans discours didactique, sans même prendre la parole comme d’autres chorégraphes sud-africains aiment le faire, cette pièce de Maqoma pour huit danseurs dit tout de l’attachement à la tradition, de la relation organique à l’environnement naturel et de l’ouverture sur le monde contemporain.

Sensuelle, combative et poétique, la danse de Kudu transporte un message éblouissant. Mieux! Les interprètes du Vuyani Dance Theater de Johannesburg ne se contentent pas de déployer une énergie contagieuse, mais finement dosée. Ils se présentent aussi comme d’excellents acteurs aux présences mimiques parfois troublantes et entonnent des chants zoulou épatants.

Le « Kudu », la corne du Grand koudou est le fétiche que les personnages se passent avec attention et dévouement, qu’ils se disputent, qu’ils cachent ou chérissent. Leurs gestes et mouvements s’inspirent de l’antilope des montagnes aux cornes en spirales, symbole de l’attachement à la mémoire collective, aux mythes et aux rites, autant qu’aux rythmes.

Plus le spectacle avance, plus on sort du monde des ancêtres et des animaux pour trouver ancrage dans l’univers de la danse contemporaine, mais sans jamais perdre le lien avec l’esprit du koudou. Aussi, la pièce pose la question de leur position dans le monde occidental. Quand un couple traverse un petit tango, leur pas de deux se transforme vite en un rituel de passage.

 

Kudu @ John Hogg

 

Les Marseillais de l’Erik Truffaz Quartet avaient composé la musique et cherchaient une compagnie de danse qui puisse entrer en phase avec ses pulsations. Le choix du Vuyani Dance Theater fait preuve d’une grande finesse. Les cultures sont différentes, les énergies se répondent sans chichi. Après une première version présentée en 2013 dans le cadre de Marseille Provence, capitale européenne de la culture, le passage au Théâtre Claude Lévi-Strauss a confirmé tout l’intérêt de cette rencontre.

Curieuse coïncidence: En même temps, à la Maison de la Culture du Japon de Paris, un groupe de danseurs du Ballet national de Marseille a interprété Tamago, une création chorégraphique du joueur de Kodo sino-américain Leonard Eto et du chorégraphe Yasuyuko Endo, ancien danseur du Plan K de Frédéric Flamand. A l’heure où l’Italien Emio Greco qui travaille à Amsterdam remplace à la direction du Ballet national le Wallon au nom de Flamand, qui voudrait encore dire que Marseille aime à tourner le dos au reste du monde?

 

Thomas Hahn

 

« Kudu » : Gregory Maqoma & the Vuyani Dance Theater et Erik Truffaz Quartet

 

Le 8 avril à L’ONDE de Vélizy-Villacoublay

le 10 avril à L’Avant-Seine de Colombes

 

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