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Au Manège de Reims, la 5ème édition de « Born to be a live »
Un festival des arts hybrides où musique, arts plastiques et visuel prêtent main forte à la danse.
Avec quatre premières mondiales et une première française au menu, alors que certaines propositions étaient prévues au printemps et ont été reportées en raison du confinement, le titre du grand rendez-vous chorégraphique rémois est plus pertinent que jamais, soulignant que le spectacle vivant est là pour se présenter face à un public, physiquement présent : Born to be a live se traduit par « Né pour se jouer en direct ». Par exemple.
A la croisée des langages artistiques
Les arts se croisent au Manège, ce bâtiment de cirque en dur, patrimoine rémois de belle envergure. Naturellement, les arts du cirque trouvent leur place au festival, avec Diktat de Sandrine Juglair, un one-woman-show dans la tradition du clown, entre femme fatale, chanteuse lyrique, boxeuse virile et rock star, toutes rebelles et en lutte pour la liberté, contre tous les diktats.
Danse et musique se croisent dans Le Corps des songes de Nosfell. La star du rock qui s’est faite connaître par le monde de la danse grâce à son compagnonnage avec Philippe Decouflé, y dévoile un corps de danseur et des costumes de monstres peluches ou de bouc surréel dans un spectacle musical, chorégraphique et visuel, chanté dans une langue imaginaire. Dans la scénographie signée Nadia Lauro, les arts plastiques se manifestement vertement.
Dans Ecdysis de Jérôme Brabant, une cérémonie pour trois danseurs, un chanteur et un musicien, la dimension plastique part directement du corps des trois danseurs. Le batteur Anthony Laguerre accompagne un rituel incantatoire sur la transformation du corps pour une réinvention de soi, à partir d’une rencontre avec une femme transgenre qui a décidé de franchir le cap à l’âge de 50 ans.
Voix intérieures (Manifeste) d’Yves Mwamba réunit un danseur, un musicien et une militante activiste engagée dans la défense des droits de l’homme au Congo, pays d’origine de tous les trois. Bien sûr il s’agit d’un manifeste et de témoignages, à partir de la réalité violente dans leur pays, racontée par la danse (krump, traditionnelle et contemporaine), la musique et des paroles écrites par Rebecca Kabugho, jeune militante arrêtée à de multiples reprises.
Soirée helvétique
Alliant danse, arts visuels et nouvelles technologies, Lumen de Jasmine Morand est sans conteste la méga-production de cette édition. Au travers d’un dispositif scénique lumineux, cette création pour treize danseurs entre installation performative et spectacle chorégraphique, éclaire nos limites perceptives du réel. Morand mène une recherche autour de la vision, de l’interprétation et de la subjectivité du regard, troublant notre vision par l’obscurité autant que par l’éblouissement.
The World was on Fire de Nina Vallon se regarde telle une œuvre d’art plastique où cinq femmes immobiles, vêtues de longues robes noires, se fondent littéralement dans le décor. Le corps est ici la base d’une création sculpturale. En même temps, la bande originale est mixée live au plateau, comme pour un DJ set, alors que les interprètes fredonnent l’air de la chanson Wicked Game de Chris Isaak, qui commence par « The world was on fire and no one could save me but you ». Programmée à la suite de Jasmine Morand, Nina Vallon complète cette soirée consacrée aux chorégraphes suisses.
Thomas Lebrun mène le bal
Chez Thomas Lebrun aussi, tout part de la musique. Dans What You Want ?, les danseurs du CCN de Tours improvisent sur des tubes irrésistibles de l’histoire de la musique pop et c’est le public qui est invité à choisir interprètes et chansons. On est donc dans un juke-box chorégraphique, interactif et festif entre cabaret et danse contemporaine, jusqu’à ce que tous les danseurs reviennent pour inviter le public à danser, avec DJ Moulinex aux platines (à condition que le coronavirus ne vienne empêcher ce bouquet final).
A toutes ces créations multidisciplinaires s’ajoute que pour la deuxième fois, le FRAC Champagne-Ardenne et Le Manège collaborent dans le cadre de Born to be a live en présentant Arti-Dancing,un programme d’œuvres vidéographiques dédié aux croisements entre la danse et les arts visuels entre autres de Charles Atlas, Lucinda Childs et Merce Cunningham !
Thomas Hahn
Born to be a live #5, du 3 au 14 novembre 2020
Image de preview : Diktat de Sandrine Juglair © Milan Szypura
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