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Festival Trente Trente
5’30’’ de bonheur avec Théo Touvet et vive émotion avec Meytal Blanaru !
Avec cette 17èmeédition du Festival Trente Trente à Bordeaux, Jean-Luc Terrade, dont l’objectif est de programmer des artistes émergeants, a une fois de plus réussi à proposer de formidables et puissantes surprises qui furent délicieuses à découvrir.
Oui, il est possible de subjuguer une salle entière en seulement 5 minutes et 30 secondes. La preuve en est flagrante avec Existe en ciel de et avec Théo Touvet.
Sur le plateau peu éclairé de la Manufacture CDCN de Bordeaux, entre Théo et sa roue Cyr sur les mots de La faim du tigre de Barjavel.
Encerclé par son large cercle de métal, il sillonne alertement la scène dans la position de l’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci. Sur le texte de Barjavel, s’entremêlent des extraits de Bach, Beethoven, Debussy… alors que Théo élabore des figures de plus en pus périlleuses, de plus en plus magnifiques et de plus en plus proches de la danse.
Il n’est plus question de circassien, mais d’un homme qui parle à sa façon de la science, de l’équilibre de la vie, de la grâce, de l’innocence, de l’être humain.
Existe en ciel développe à la fois de l’émotion, des sourires, de l’étonnement, de la sensualité et une incroyable sensation de liberté. Il y a de quoi être subjugué, envouté et impressionné.
En avant-première pour le festival Trente Trente, la danseuse et chorégraphe israélienne Meytal Blanaru (lire notre entretien) a puisé son inspiration dans un des souvenirs d’enfance les plus marquants de sa vie.
Dans Rain, la très belle jeune femme vêtue d’un pantalon en cuir et d’un haut vert sexy qui dévoile une épaule, laisse apparaitre un coté de son visage dont les cheveux sont coupés très ras comme un homme et l’autre partie avec des longues et belles mèches.
Double personnalité donc pour la danseuse dont les pieds restent continuellement cloués au sol mais dont le reste du corps ondule sous différentes formes.
Sur l’excellente musique de Benjamin Sauzereau, elle dépeint différents personnages par touches successives. Suivant le coté visible de son visage, elle passe de la femme sensuelle à l’homme attiré sexuellement, de la jeune fille seule face à l’autorité d’un militaire.
C’est troublant tant son regard est intense, tant son être est habité par son souvenir, tant sa présence et son tempérament imprègnent le plateau.
La progression dramatique du récit est palpable car, effectivement, il s’agit d’un viol que Meytal décrit physiquement sans équivoque. Mais le plus surprenant provient ensuite dans son changement du regard et du corps. Elle retrouve une certaine fraicheur et surtout un soulagement après cet infâme épisode qu’elle a enfin pu dénoncer. Exprimer tant de faits grâce au mouvement dansé relève du grand art.
Respiration et sourires bienvenus ensuite avec la création de La coquille ou le son du gibet avec Hervé Rigaud, Jonathan Pontier et Elise Servières pour un exquis concert basé sur les poèmes en vieux français de François Villon.
Une chanteuse violoniste, une guitare, un clavier et en final une harpe et, pour enregistrer un son original, le broiement d’une coquille d’œuf.
Trente minutes très chaleureuses, pleines d’humour et d’excellente qualité tant au niveau du choix des textes, de l’interprétation des paroles, que de l’univers musical.
Sophie Lesort
Spectacles vus les 24 et 25 janvier 2020 au festival Trente Trente de Bordeaux
Festival Trente Trente jusqu’au 1erfévrier.
Existe en ciel
Conception et interprétation : Théo Touvet
Texte en voix off : René Barjavel, fragments extraits de La faim du tigre
Son : Séverine Chavrier et Philippe Perrin
Fragments musicaux extraits de :
Johann Sebastian Bach, Le Clavier bien tempéré, prélude
Ludwig van Beethoven, Quatuor à cordes no 13 en si bémol majeur, opus 130
Claude Debussy, Études pour piano
Philippe Perrin, nappe
Anton Webern, Cinq Lieder, opus 4
Anton Webern, Cinq Mouvements pour quatuor à cordes, opus 5
Création à venir « Poussière d’étoiles » (titre provisoire)prévue à l’automne 21 au Cirque-Théâtre, Pôle National du Cirque Normandie.
Rain
Concept, chorégraphie et performance : Meytal Blanaru
Musique : Benjamin Sauzereau
Dramaturgie : Olivier Hespel
Version complète de Rain, au Théâtre Les Brigittines de Bruxelles, le 25 avril
9 et 10 juin 2020 – Rencontres chorégraphiques de Seine St Denis
La coquille ou le son du gibetsur des poèmes de François Villon
Avec Hervé Rigaud, Jonathan Pontier et Elise Servières
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