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Michele Esposito, Prix de Lausanne 2017
L’Italien Michele Esposito, 17 ans, est le vainqueur du Prix de Lausanne 2017, dont Harlequin Floors est partenaire. Portrait d’un artiste prometteur.
Sa mère l’affirme : il est né deux fois. Donné mourant à un an et demi, réanimé et sauvé in extremis, Michele Esposito ne doit son salut qu’à un miracle. Et s’il a survécu, bien sûr, c’était pour pouvoir triompher quinze ans plus tard sur la scène du théâtre Beaulieu, un jour glorieux de l’année 2017. C’est là en effet que, le samedi 4 février, le danseur natif d’Aversa, petite ville de Campanie entre Naples et Caserte, a remporté le quarante-cinquième Prix de Lausanne. Ses deux variations, Solor de La Bayadère et Nijinski de John Neumeier, lui avaient déjà valu d’être sélectionné la veille, avec dix-neuf autres candidats, à l’issue des demi-finales.
Parcours sans faute
Cette fois, elles ont emporté l’adhésion unanime d’un jury international présidé par le Britannique Kevin O’Hare, directeur du Royal Ballet. Plus encore que sa technique ou sa qualité d’interprétation, ce qu’ont vu ces professionnels de la danse en ce jeune Italien, élève en sixième année à la Tank Akademie de Zürich, c’est son potentiel. Depuis qu’à onze ans, il a quitté la petite école locale italienne dirigée par Diana Pagano et Claudio Diligente, Michele a gravi sans faillir la voie étroite qui mène au plus haut niveau. Repéré et pris en main dès 2014 par Oliver Matz, directeur de la Tanz Akademie, il se présente à quinze ans au réputé concours Tanzolymp de Berlin, dont il remporte la médaille d’argent. L’année suivante, c’est le Premio MAB de Milan, concours de danse classique pour jeunes danseurs créé en mémoire de Maria Antonietta Berlusconi, qui lui accorde son Prix spécial.
Une performance scénique
A Lausanne, pourtant, Michele Esposito ne se sentait pas du tout dans la position d’un favori : « Le niveau des candidats était très haut », affirme-t-il, « et les autres garçons avaient de meilleures bases classiques que moi ». De fait, si son « Solor » est élégant et expressif, c’est surtout son solo contemporain, répété durant la semaine avec Johan Stegli, adjoint du National Youth Ballet of Germany, qui va faire la différence. « J’ai tout donné », explique-t-il. « Je me suis senti possédé par Nijinski, avec son génie et sa folie ». Faisant preuve d’une grande maîtrise, il a su doser ses effets au fur et à mesure de la variation, investissant progressivement son personnage jusqu’à terminer littéralement habité.
Entrer dans la carrière
Cette belle performance, qui lui a valu les applaudissements enthousiastes du théâtre Beaulieu, répond à l’idée qu’il se fait de son futur métier. L’essentiel pour lui, en effet, est d’«entrer complètement dans un autre univers, aller jusqu’au bout d’un rôle, montrer la vérité d’un caractère », un challenge plus aisé à accomplir dans le répertoire contemporain que dans le ballet classique. « C’est pour cela que je danse », déclare-t-il ému, « c’est la plus belle chose au monde ».
Le Prix de Lausanne, reçu au moment où il s’apprête à entamer sa carrière, va lui permettre de concrétiser ses rêves. « D’un seul coup, c’est tout mon futur qui s’ouvre, des choses merveilleuses vont m’arriver. Pour un jeune danseur, la transition entre l’école et le premier engagement est un moment très délicat. Le Prix va me permettre de franchir ce passage ».
Galerie photo © Grégory Batardon
Un regard précieux
Il aimerait intégrer le ballet junior du Het Nationale Ballet, à Amsterdam, avec son répertoire mixte classique et contemporain. Mais il n’oublie pas pour autant ce qu’il doit à ses années de formation : « Si j’ai un seul conseil à donner aux jeunes danseurs, c’est de toujours suivre les conseils de leur maître », assure-t-il. « Même si ça paraît difficile ou pénible, même si l’on a envie de faire différemment, le regard d’un professeur qui vous connaît et vous accompagne est primordial pour grandir et réussir. »
Propos recueillis par Isabelle Calabre
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