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Aki Saito, Prix de Lausanne 1991
Parmi les personnalités artistiques du 45e Prix de Lausanne, dont Harlequin Floors est un fidèle partenaire, plusieurs sont d’anciens lauréats. Ils se souviennent et se racontent sur le Blog Harlequin News. Aujourd'hui, Aki Saito, principal dancer du Royal Ballet de Flandres, juré.
Pas à pas
Je vivais au Japon. J’étais élève dans une petite école de danse, le Tomoko Kurosawa Ballet Studio où dix ans plus tôt, un étudiant avait gagné le Prix de Lausanne. Je faisais de la danse depuis l’âge de sept ans deux fois par semaine, comme un loisir. Ma professeur m’avait repérée et m’a proposé de me faire travailler plus intensément. Après mes dix ans, j’ai commencé à prendre des cours tous les soirs en sortant du collège.
Une ouverture
A quinze ans, j’ai remporté le premier prix du concours japonais des jeunes danseurs. Ma professeur pensait que j’étais douée et l’année suivante, elle a proposé ma candidature pour le Prix de Lausanne, dont je regardais régulièrement les retransmissions vidéos. J’étais heureuse d’avoir l’opportunité de voir le monde, de me confronter à d’autres regards et de savoir si j’avais ou non le talent pour devenir une professionnelle.
Tension et crainte
J’ai préparé la variation du 3e acte de Coppelia et en contemporain, un solo d’un chorégraphe allemand que j’ai reçu en vidéo. Je suis venue avec ma professeur, en compagnie de neuf autres candidats japonais. J’étais effrayée, nerveuse. Chaque soir, j’attendais la liste des éliminés : j’étais si heureuse de ne pas entendre mon nom, et en même temps désolée pour les camarades, à côté de moi, qui devaient partir.
Le plaisir de danser
Voir répéter les autres candidats a été une révélation. Jusqu’alors, mon seul objectif en cours était de ne pas faire de fautes et d’être parfaite, comme on nous apprend à l’être au Japon. Or, autour de moi, les gens souriaient, se lançaient, prenaient des risques et semblaient tellement heureux de danser ! J’ai compris que faire des erreurs était une chance de progresser. Ça m’a libérée !
To do my best
Le jour de la finale, j’avais très peur. C’était la première fois que je dansais avec le piano en live, et je craignais d’être déstabilisée par les tempi. Mais j’ai réussi à me concentrer, à éliminer toutes les idées négatives et à ne penser qu’à une chose : faire de mon mieux. Ce sentiment très pur m’a portée.
Suspense
Lors de l’annonce des résultats, j’étais sur la scène à côté de Christopher Wheeldon, qui concourrait avec moi. Nous écoutions la liste des lauréats - qui se termine par le premier - et seuls nos deux noms n’avaient pas encore été cités. J’avais vu durant les répétitions combien il était talentueux et lorsque je l’ai entendu appeler avant moi, je n’arrivais pas à y croire. Enfin, en dernier, j’ai entendu mon nom !
Pile ou face
Le Prix de Lausanne a été décidé de ma carrière. Si je ne l’avais pas reçu, je pense que j’aurais arrêté la danse. Cette récompense m’a donné confiance en moi, m’a apporté l’énergie d’aller au bout de mes rêves, de continuer à danser et d’entamer une carrière. J’ai aussi réalisé, en voyant les autres danseurs, que pour devenir un véritable artiste, la technique ne suffit pas. Cette prise de conscience a été capitale.
Scholarship
J’ai choisi de rejoindre la Royal Ballet School of Antwerp, en Belgique. La directrice de l’école, qui faisait partie du jury du Prix, avait envie que je vienne. Venant d’une toute petite ville du Japon, je ne connaissais pas les autres écoles et être demandée par quelqu’un qui croie en vous était un avantage. J’ai ensuite rejoint le Ballet Royal de Flandres.
Revenir
C’est la quatrième fois que je suis membre du jury du Prix de Lausanne et c’est toujours pour moi une grande émotion. Je me sens très proche des candidats, je ressens ce qu’ils ressentent. Je suis là pour les aider à tirer le meilleur d’eux-mêmes.
Propos recueillis par Isabelle Calabre
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