Error message

The file could not be created.

Add new comment

« Poetry » de Maud Le Pladec

« Poetry » de Maud Le Pladec est une pièce littéralement fascinante.

Deuxième volet d’un diptyque sur la musique du compositeur Fausto Romitelli après Professor, la pièce se présente davantage comme un trio qu’un duo, rassemblant sur la scène de la salle Béjart, la chorégraphe, le danseur Julien Gallée-Ferré et le musicien compositeur Tom Pauwels, un virtuose de la guitare électrique. C’est d’ailleurs ce dernier qui a ajouté à la partition de douze minutes de Romitelli, Trash TV Trance, une sorte de longue variation qui complète la musique du spectacle.

Galerie photo : Laurent Philippe

Tout, dans Poetry, est une question de rapports. Entre les artistes sur scène, certes, mais aussi en son sens plus mathématique, la danse tirée au cordeau de Maud Le Pladec semblant conçue par un géomètre. Loin d’être éloignée de la poésie du titre, cette géométrie, éminemment variable, semble venir là pour éprouver la capacité d’abstraction de la danse. Mais comme pour mieux en faire ressortir l’irréductible de la sensation, au cœur de cette chorégraphie très sensorielle.

Galerie photo : Laurent Philippe

Les couleurs des superbes éclairages et des couleurs de Sophie Mélis, du bleu givré à l’écarlate, en passant par toutes les décompositions lumineuses, le tissu moiré de la robe de Maud créée par Sylvie Bertaud, et bien sûr le son vibrant de la guitare impressionnent – au sens propre – le spectateur.  Montées en boucle, comme la musique, les phrases chorégraphiques s’enroulent et se déroulent suivant un rythme obsédant. Il y a une sorte d’obstination dans Poetry qui donne à la pièce sa dimension radicale.

Galerie photo : Laurent Philippe

Musique et danse sont tellement fusionnelles que les corps donnent l’impression d’être la source du son, et la musique, matière de la danse.

On se laisse vite emporter par ce tourbillon perceptuel, qui, quand on sait que les danseurs entendent autre chose que les spectateurs, laisse abasourdi, tant la précision du geste, sa justesse, semble coupé sur mesure.

Voilà une belle initiative du Théâtre national de Chaillot et de son directeur, Didier Deschamps, qui a osé programmer une pièce datant de 2011… Pour le plus grand plaisir du public.

Agnès Izrine

25 mai 2016 - Théâtre national de Chaillot. Jusqu’au 2 juin.

Catégories: