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La danse au Festival de l'Imaginaire 2015

Certes ce festival consacré à la richesse culturelle de l'humanité est plutôt centré sur les formes musicales. Mais la danse est également invitée à occuper une belle place au Festival de l'Imaginaire, justement parce qu'elle est étroitement liée aux identités culturelles. La Maison des Cultures du Monde, désignée comme « Centre français du patrimoine culturel immatériel » ne se limite cependant pas aux formes traditionnelles. Sa diectrice Arwad Esber invite, notamment en danse, également des artistes qui réinterprètent leur héritage à partir d'un point de vue contemporain.

La Corée, au-delà du Sud

L'édition 2015 s'associe à l'Année France-Corée, notamment pour un hommage à Choi Seung-Hee, surnommée l'Isadora Duncan de l'Orient. L'épopée de cette femme hors norme (dans son pays), Coréenne ayant appris la danse au Japon et venue danser à New York, en Amérique Latine et à Paris, se confond avec la grande histoire.

La carrière de Choi commence sous som nom japonais, Sai Shoki, alors que la Corée est colonisée par l'empire nippon (1905-1945). Et pourtant, c'est Choi qui a choisi, pour des raisons artistiques, de travailler au Japon, avec la troupe japonaise Baku Ishii dont elle devint la vedette. Mais dans la mémoire des Coréens, son nom japonais évoque encore les souffrances de la colonisation.

Avec sa vision contemporaine de la danse de l’éventail ou de la danse du masque, Choi se situe dans le mouvement d'avant garde féminine des années 1920/30, dans la lignée des Duncan, Füller, Baker et autres Valeska Gert. Pas étonnant alors que le Tout Paris (Picasso, Matisse...) l'admirent à la Salle Pleyel et à Chaillot, en 1939.

Mais après la guerre de Corée, Choi suit son mari, un socialiste convaincu, pour vivre en Corée du Nord ! Sa disparition mystérieuse à la fin de années 1960, après une grande carrière comme danseuse socialiste, résonne drôlement avec les exécutions ciblées et les disparitions glamour à Pyonyang, constatées sous le régime actuel de Kim Jong-Un.

Relectures contemporaines

Les récitals de Choi, tels le seungmu (danse du couteau), sont ici interprétées par Yang Sun-Ok, danseuse et chorégraphe contemporaine qui mène des recherches sur les danses coréennes historiques pour leur donner une nouvelle vie, dans un esprit contemporain.

Au-delà de la Corée du Sud, l'Asie est très présente dans cette édition. Du Kerala, la Maison des Cultures du Monde accueille Kapila Venu, jeune prodige de l'art du Kuttiyatam, art dramatique comparable au Kathakali. Pour ajouter à la vivacité de sa mimique la perfection du geste, Kapila Venu a également étudié le Mohini Attam.

De l'Argentine, on connaît le tango, mais rares sont ceux qui ont une expérience du malambo. Cette danse des gauchos de la pampa est pourtant bien plus ancienne que le tango. Sous le regard de la chorégraphe argentine Diana Theocharidis, des ponts se créent entre malambo et tango pour un duo accompagné par des compositions contemporaines pour un bandoneon, une voix humaine et le rythme du zapateo. Ce ne sera donc pas le malambo, mais Un Malambo, ou plus encore une vision, très contemporaine, de cette danse.

La programmation inclut également du théâtre d'ombres et de marionnettes de Taïwan, un portrait en musique de la Syrie, des poètes musiciens grecs, des polyphonies estoniennes et le Samul Nori (musiques traditionnelles coréennes).

L'ensemble fera finalement l'objet d'un colloque sur le « rôle de la musique et de la  danse dans les politiques culturelles d’État et les nouveaux médias de diffusion, la création de nationalismes alternatifs et/ou transnationaux ou encore dans les logiques de résistance aux idéologies nationales. »

Thomas Hahn

Festival de l'Imaginaire

Du 9 octobre au 20 décembre 2015

www.festivaldelimaginaire.com

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