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« Les Renards des surfaces » de Perrine Valli
La Briqueterie et Les Plateaux ont accueilli la première française de l'avant-dernière création de la chorégraphe franco-helvétique.
Perrine Valli centre ses recherches chorégraphiques sur l'identité féminine et les relations hommes-femmes. Les Renards des surfaces les aborde à travers trois récits littéraires, par ailleurs sans nous éclairer sur l'identité des autrices ou auteurs.
Aucun des trois textes n'est lu par une femme, alors que le premier fait état d’une fixation amoureuse à l'égard de l'homme désiré. Mais c'est une histoire extra-conjugale et donc compliquée... Le deuxième parle d'une main qui frappe, de cette impuissance émotive et empathique chez les hommes qui mène à cet ersatz qu'on appelle maladroitement "violences faites aux femmes".
Mais l'espoir ne meurt jamais, et le dernier texte propose une relation épanouie, érotique, sensuelle et sexuelle. Une utopie ? Comme par hasard c'est le texte le plus flou sur le plan de l'écriture, perdu dans un no-man's-land entre nouveau roman et Houellebecq.
Mais pourquoi parler littérature ? Après tout les renards sont des gens comme les autres, ils préfèrent danser plutôt que lire. Parlons donc de la surface. Au sol, un marquage blanc, installé progressivement par les interprètes, rappelle certains univers à connotation masculine, que ce soit un terrain de foot, un viseur de fusil ou la roue (si on y voit la F1 par exemple).
Vecteurs universels d'autorité, ces lignes déterminent les actions et déplacements. C'est surtout Tamara Bacci, symbole de l'éternel féminin, qui est ainsi cernée par les points cardinaux, en tant que cible des regards masculins. Sans oublier les sons.
Au fond, parfois mis en lumière, un groupe de musiciens rock (Eric Linder/Polar), des hommes évidemment, interviennent tels des démiurges pour jouer leur post-punk enchantant. Les présences et actions chorégraphiques à l'intérieur de l'aire de jeu jettent des ponts vers les arts plastiques et la peinture, mais virent aux effets de style.
Des loups ou des renards ? Selon les études sociologiques correspondantes, une seule femme, face à un groupe d'hommes (qu'ils soient ingénieurs, managers ou autres dans un contexte professionnel) ressent un stress maximal.
Reste à comprendre ce qui se trame quand une chorégraphe (Perrine Valli) demande à une sorte de best-of masculin (Denis Podalydès de la Comédie-Française, Jean-Baptiste André de l'apesanteur française, Foofwa d'Immobilité de la branche cunninghamienne et tant d'autres) d'apporter leur grain et leur présence à une création qui s'inscrit dans une série de spectacles partant d'un point de vue féminin.
Trop de génie tue le génie ? Peut-être. En tout cas, ce n’est pas la clarté qui en sort en état de guider le peuple. Face à la femme dans son état d'absolu, les renards perdent leur latin et le public aussi, pris en tenaille entre corps, textes et musiques qui se marchent sur les pieds au lieu de marcher ensemble.
Thomas Hahn
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