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Preljocaj, trente ans de création(s)
Le Ballet Preljocaj fête ses trente ans avec une programmation-manifeste
Il n’y a pas que les CCN qui soufflent leurs trente bougies en cette saison. Angelin Preljocaj lance sa propre fête et rappelle qu’il a créé sa première compagnie en 1985, à Champigny-sur-Marne qui se transforme en 1989 en CCN du Val-de-Marne, ce qui montre par ailleurs que ce département était déjà à la pointe de la danse. Et Preljocaj présente, la même année, au cours de la cinquième édition de la Biennale, Un trait d’union et Noces.
Le Ballet Preljocaj pourra de nouveau fêter un anniversaire l’année prochaine, puisque c’est en 1996 que la compagnie passe sous ce pavillon, en s’installant à la Cité du livre d’Aix-en-Provence. Ça fera donc vingt ans en 2016. Et le Pavillon noir, lui, aura dix ans la même année. En attendant le bouquet qu’ils vont nous sortir pour l’occasion, on se réjouit de ce que le Ballet Preljocaj devenu un symbole de sa cité et de la région est toujours là, et bien debout tel un phare dans le paysage chorégraphique. Le 19 septembre, leur soirée anniversaire au Pavillon Noir promet d’être une fête de la danse et par la danse comme celle vécue en février au Théâtre National de Chaillot pour les trente ans des CCN.
Trente ans, trois axes
La programmation de la saison anniversaire va de juin à début décembre et se décline en trois axes, à savoir les pièces de Preljocaj lui-même. Il y décline toute la panoplie de ses styles, de l’abstraction pure (Empty Moves Part I,II & III) au plus narratif et plus récent (Retour à Berratham), en passant par la narration tragique (Roméo et Juliette) et des références au baroque affrontant le contemporain, avec Spectral Evidence et La Stravaganza, deux pièces créées pour le New York City Ballet à seize ans d’intervalle.
Comme il se doit, après tant d’années, Preljocaj n’oublie pas ses anciens interprètes aujourd’hui devenus chorégraphes confirmés comme Hervé Chaussard, Katia Medici, Emilie Lalande. Et des danseurs actuellement au Ballet Preljocaj présentent également leurs propres créations : Baptiste Coissieu, Caroline Jaubert, Nicolas Zemmour, Liam Warren.
Etre National, c’est accueillir
Dans Centre chorégraphique national, le mot de national s’entend de toute autre manière que celle qui pollue les esprits au Front National, et Preljocaj a montré qu’il sait s’y opposer avec fermeté. On comprend d’autant mieux qu’il ait refusé en 1995 de s’installer à Toulon, où il aurait été obligé de commercer avec des élus FN, quand on voit l’importance accordée à l’Afrique dans cette programmation anniversaire. Un manifeste en soi…
Premièrement, avec Abdalah Ousmane Yacouba (Niger) et Adonis Nebie (Burkina Faso), deux en hommes en résidence de création au Pavillon Noir, d’avril à juillet. D’autre part en accueillant Fatou Cissé (avec Le Bal du Cercle, présenté au Festival d’Avignon) et Nelisiwe Xaba. Et s’il y a un véritable événement, c’est la venue d’une pièce majeure, mystérieusement écartée des scènes françaises, jusqu’à ce que le Ballet Preljocaj nous offre enfin la possibilité de voir cet Afro-dites ! de Germaine et Patrick Acogny, une pièce-manifeste où les femmes sénégalaises prennent la parole pour dire leur vision des relations hommes-femmes dans leur pays (qui ressemblent tant à ce qui se passe ailleurs…).
Parmi les autres réjouissances qui accompagnent cette programmation, citons le Centre national du costume de scène de Moulins qui consacrera une rétrospective au Ballet Preljocaj alors que le passé y reste vivant et actif au sein de la compagnie.
Thomas Hahn
Du 2 juin au 5 décembre
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