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Total Danse à La Réunion

Pour sa quatrième édition, le Festival Total Danse a obtenu un taux record de fréquentation (90%% contre 75,43% en 2012 et 74% en 2011). Incroyable et pas étonnant. Incroyable, parce qu’il est très difficile de faire voir par un même public Libido Sciendi de Pascal Rambert et Don Quichotte du Trocadéro de José Montalvo, et puis, tiens, un film de la perfomeuse Marina Abramovic, par exemple. Et encore moins dans une salle de même jauge ! En Métropole, disons-le tout net, il faudrait être fou pour faire un truc pareil. Mais pas étonnant quand on sait à quel point Pascal Montrouge et Bernard Faille, les deux directeurs du Festival Total Danse, ont su prendre le pouls de ce public et leur ont, au cours de ces quatre éditions proposé (et non imposé) des œuvres de couleur et de saveur différentes. À l’image de cette île dont les climats, les paysages et les populations exultent de leurs multiples nuances, le public réunionnais est avant tout curieux et prêt à accueillir la danse sous toutes ses formes, pourvu que la qualité soit au rendez-vous. (lire notre encadré ci-dessous). Et bien entendu, de ce point de vue, cette programmation était un vrai festival !

Si l’on ajoute que ce même festival, a accueilli toujours dans la même salle, Rosas danst Rosas, chef-d’œuvre d’Anne Teresa de Keersmaeker, le Batsheva Dance ensemble qui ont obtenu un triomphe, ainsi que, la compagnie Tchèque d’Anton Lachky… le panorama serait presque complet. Mais, le festival s’exporte aussi dans d’autres lieux de Saint-Denis : au théâtre Canter pour la compagnie réunionnaise Morphose et le mozambicain, Panaïbra Gabriel Canda (Time and Spaces :The Marrabenta solos), aux Archives départementales pour la performance de Myriam Omar Awadi et une création de Robin Orlyn (In a world full of butterflies,it takes balls to be a caterpillar…some thoughts on falling…) au Théâtre du Marché qui a pour thème le 11 septembre. Kevin Jean a impressionné avec sa performance dans le hall du Teat Champ Fleuri et le festival finissait en apothéose avec un gigantesque Battle au Teat plein air à Saint-Gilles.

La magnifique exposition de Denis Darzacq qui se tenait dans le hall du TEAT Champfleury@Denis Darzacq courtesy la Galerie Vu

Enfin, la compagnie Defracto, proposait un spectacle itinérant Flaque qui passait par Sainte-Rose, Saint-Philippe, le Tampon, La Plaine des Caffres Salazie et Cilaos… et devaient même aller jusqu’à Mafate, les circassiens de la compagnie n’hésitant pas à payer de leur personne en montant à pied (cinq heures de marche) jusqu’au Cirque (géographique, je précise) puisqu’aucune route carrossable ne permet d’y accéder.  Hélas, les mauvaises conditions météo ont obligé à reporter cette aventure.

Au total, 48 représentations ont été données au TEAT Champ Fleuri (grande salle, Karo Kann, hall et parvis), TEAT Plein Air, Théâtre du Grand Marché, La Fabrik, Archives départementales, Théâtre Canter, ainsi qu’en TEAT Changement d’Air (lire plus bas les décentralisations). Un total de 15 887 festivaliers ont assisté à ces spectacles.(rappel : 15 219 spectateurs en 2012 / 12 100 en 2011 / 10 000 en 2010) : 8 899 personnes ont assisté aux 11 spectacles payants (19 représentations) donnés en salle.

3 570 personnes ont assisté aux 6 spectacles gratuits (15 représentations) et à l’exposition « Hyper » de Denis Darzacq toujours visible jusqu’au 13 décembre à la Galerie du TEAT Champ Fleuri. 2 856 personnes ont assisté au spectacle gratuit « Flaque » (14 représentations).

Si le Festival Total Danse rassemble un tel public, c’est aussi parce qu’il est l’occasion de multiplier les actions en direction des scolaires, des danseurs amateurs, des étudiants et des enseignants. 164 lycéens ont participé aux ateliers de pratique chorégraphique animés par les danseuses de la compagnie Rosas, les danseurs d’Anton Lachky Company, Jérôme Brabant, Panaibra Gabriel Canda, Kevin Jean ou encore Nina Santes. 45 collégiens des Alizés à Sainte-Clotilde ont également participé à un atelier animé par Anton Lachky Company, 20 élèves confirmés du CRR à celui animé par la compagnie Rosas, et 10 étudiants à l’atelier animé par Jérôme Brabant sur le campus de l’Université de La Réunion.

Enfin, 270 personnes ont assisté aux répétitions publiques, projections et rencontres avec Robyn Orlin et les interprètes de José Montalvo.

53 enseignants ont participé aux stages animés par les pédagogues du CND.

10% des spectateurs en salle sont issus de 21 établissements scolaires

Le Projet ECUMe

Une des réussites invisibles du grand public mais à laquelle il nous a été donné d’assister reste le projet ECUMe, pépinière d’artistes. Si l’on se réfère à son titre développé in extenso, cette Expérience Chorégraphique Ultra-Marine précise ses enjeux en réunissant neuf jeunes chorégraphes venus de l’île de la Réunion, de Madagascar, de l’île Maurice, d’Afrique du Sud et d’Inde. Ils ont pour nom :  Njiva Andrianantenaina (Réunion)Stephen Bongarcon (Maurice),  Didier Boutiana Cavana (Réunion)Nadjani Bulin (Réunion)Bertwin Dsouza (Inde) Anne-Gaëlle Hoarau (Réunion) – Kieron Jina (Afrique du Sud)Sylvia Rakotonahary (Madagascar) , Anjara Rasamiarison (Madagascar)Sylvie Robert (Réunion). Certains sont tout jeunes, comme Anjara, Sylvia, Anne Gaëlle et Kieron. D’autres sont plus âgés et plus expérimentés. C’est le cas de Nadjani (dont on a pu voir une pièce lors d’un précédent Total Danse), de Stephen et de Bertwin, tous deux directeurs de compagnie dans leur pays. Entre les deux les étoiles montantes comme Didier qui produit son groupe de hip hop lors du Battle cité plus haut, ou ceux qui se débrouillent seuls comme Njiva ou Sylvie…

Ce projet remonte au festival précédent, quand Pascal Montrouge et Bernard Faille ont eu l’idée d’organiser une master-class pouvant réunir des artistes de l’Océan Indien et de les inviter à La Réunion pour confronter leurs processus de création et favoriser l’éclosion de nouvelles formes. Au chevet de ces chorégraphes, Yuval Pick, chorégraphe et directeur du CCN de Rillieux-la-Pape, ainsi qu’Agnès Bretel et Brigitte Hyon du CND. Au cours des deux semaines que dure cette master class au long cours, nous avons eu le privilège de voir évoluer leurs chorégraphies grâce aux indications de Yuval Pick. Il leur a demandé de travailler sur un geste qui leur semblait significatif de leur identité, puis de le mettre en espace et le développer pour le rendre « lisible » par le public.

Cette fois, il s’agit de travailler en binôme, l’un servant de regard extérieur à l’autre et vice-versa pour obtenir un solo avec pour consigne la relation entre la verticale et l’horizontale. De transformations en transformations, amplifiant le propos, questionnant le rapport à la musique, revenant à l’essentiel du propos… les solos sont devenus des duos, extrêmement aboutis, surprenant souvent, sincères toujours. Révélant des chorégraphes, des interprètes. Et comme le dit Pascal Montrouge : « Dans ce projet, il y une essence de cette région, car toutes ces personnes sont issues de mélange. Et l’idée repose sur une réflexion sur les différents moyens de créer son propre langage. Pas de recette. Pas d’obligation de résultats. Il incombe à chacun de trouver sa direction. »

Une belle expérience qui ne s’arrêtera pas là et qui illumine les regards de tous les participants, qu’il s’agisse des chorégraphes, des intervenants déjà cités, ou des porteurs du projet, à savoir Pascal Montrouge, Bernard Faille, Monique Barbaroux et tous ceux qui ont œuvré de près ou de loin à la réalisation d’un projet de cette envergure ! (Notamment, les Instituts Français de Maurice et Madagascar, Annie Bozzini, CDC Toulouse, le Festival Dance Umbrella de Johannesburg (Afrique du Sud), le Consulat d'Inde à La Réunion (Inde), Crous de La Réunion (France, Outre-mer), Théâtre Canter (France, Outre-mer), Festival I'TRÔTRA (Madagascar), Compagnie SR Dance (Maurice)

Agnès Izrine

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