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Programme mixte du Ballet de l'Opéra de Vienne

On les appelles des « post-classiques ». Ils ont grandi et ont dansé dans des compagnies classiques, au Royal Ballet, au San Francisco Ballet, chez Béjart,  Neumeier , Duato ou Forsythe. Ils se sont émancipés par la chorégraphie, et le programme mixte de quatre ballets proposé par le Ballet de Vienne au théâtre du Châtelet avait donc tout son sens et son unité, permettant de faire un petit état des lieux du vocabulaire classique du XXI ème siècle. Et il est plutôt rassurant. Ce qui frappe, dans ces oeuvres signées David Dawson, Helen Pickett, Patrick de Bana et Jean-Christophe Maillot, c'est un même  recours à la virtuosité du mouvement classique, s'appuyant sur des partitions musicales très denses et facilement vampirisantes, qu'il s'agisse de Bach, Tchaïkovsky, Philip Glass ou John Adams. Dans trois cas sur quatre, les chorégraphes ont su entendre et s'inspirer de la musique, et l'on peut imaginer que cela n'a pas déplu au public viennois, lors de l'entrée au répertoire de ces oeuvres en février dernier.

. A million kisses to my skin, signé du britannique David Dawson, s'empare du  très risqué Concerto pour piano N° 1de Bach, si connu qu'il peut engloutir toute tentative chorégraphique. Et pourtant, le résultat est là. A l'image des notes explosives de Bach, la danse jaillit dans une dynamique enthousiasmante. Et tant pis si cela ressemble à une copie -réussie- de In the middle somewhat elevated, crée par William Forsythe chez qui Dawson a ensuite travaillé. Voulait-il épater le maître? Pour le public, en tous les cas, c'est réussi.

 

Helen Pickett a signé l'oeuvre qui suit, Eventide, crée en 2008 pour le Boston Ballet. Pickett était la fameuse danseuse-actrice  de chez Forsythe, petite tornade blonde excentrique. De tous, c'est la moins musicale. Toujours à côté de la rythmique de Philip Glass et des cordes de Ravi Shankar, elle signe une pièce au langage chorégraphique bien fade,  et aux costumes somptueusement laids....

On retrouve, au contraire, une écoute complète de la musique dans la création pour Vienne de Windspiele par Patrick de Bana. Le chorégraphe ne s'est pas révélé toujours convaincant dans ses oeuvres précédentes, cette fois, il l'est. S'emparant là encore, d'une œuvre risquée (le célèbre concerto pour violon n°1 de Tchaïkovski) , il en fait une transcription chorégraphique coupée au cordeau, totalement sur la musique (presque trop, parfois) , comme si , à l'inverse de Dawson, la musique jaillissait des corps. L'autre pari réussi de cette pièce tient au fait qu'il nous transporte dans un orient arabisant, avec ces cavaliers aux pantalons bouffants, sur une musique pourtant typiquement russe... La virtuosité des huit danseurs et la présence toute particulière de Kirill Kourlaev  participent à cette réussite.

 

De même, Vers un pays sage, reprise d'une création de Jean-Christophe Maillot pour son Ballet de Monte-Carlo en 1995 montre là aussi, la maîtrise du chorégraphe.  Quoi qu'un peu longue, l'œuvre est belle, maîtrisée, créant un univers très poétique et aquatique, en hommage à son père peintre. Il compose pour les danseurs des formes géométriques balanchiniennes, sachant aussi utiliser la symbiose visuelle crée par les corps des couples. Quatre œuvres vues pour la première fois à Paris, qui font une soirée dense, mais enthousiasmante.

Ariane Dollfus

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