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Décès de Gérard Violette

Nous venons d’apprendre le décès brutal de Gérard Violette, directeur « mythique » du Théâtre de la ville, de 1985 à 2008, le mercredi 24 septembre 2014. Il était âgé de soixante-dix-sept ans.

On se souvient de ses applaudissements bruyants, accompagnés de regards circulaires pour encourager, ceux qui n’auraient pas partagé son enthousiasme, à faire de même. Fidèle, jaloux, au point d’être parfois abusif, son soutien aux artistes qu’il avait choisi était presque indéfectible. Tous ceux qu’il avait reçus s’accordaient à louer son accueil exceptionnel, ses petites attentions, qui, en bon directeur, se propageait à toute son équipe. Il était un grand seigneur de la danse à Paris et tenait ce titre de noblesse d’avoir découvert et invité avant tout le monde Pina Bausch, Anne Teresa de Keersmaeker, et l’essentiel des chorégraphes flamands de Jan Fabre à Alain Platel et ses émules, mais aussi Sankaï Juku. Depuis Gérard Violette n’a jamais cessé de débusquer les nouveaux talents : Peeping Tom,  Ea Sola, François Verret … .

Mais il avait déjà, en tant qu’administrateur de Jean Mercure (de 1968 à 1986) contribué à faire du Théâtre de la Ville l’une des meilleures scènes chorégraphiques mondiales.

Dès les années 70 il y présentera l’essentiel de la danse américaine, les débuts des compagnies françaises. Ainsi, le public parisien a pu voir pour la première fois : le Ballet Théâtre Contemporain d’Angers et Felix Blaska en 1970, Alwin Nikolaïs en 1971, Merce Cunningham, le Théâtre du Silence et le Ballet Cullberg en 1972, José Limon en 73, Murray Louis en 74 et Carolyn Carlson en 75. Pendant ces dix années, ces chorégraphes reviendront de saison en saison. Modifiant en profondeur l’idée même que l’on pouvait se faire de la danse, formant, parfois malgré eux, des spectateurs néophytes. En 1979, Pina Bausch apparaît, et à sa suite, dès le début des années 80 la plupart des courants de la danse contemporaine internationale puis française.

Énumérer toutes les compagnies chorégraphiques qui se sont produites dans ce haut lieu de la danse tient de l’impossible. Toujours est-il qu’il a pleinement contribué à l’explosion de ce qu’il est convenu d’appeler « La jeune danse française » et a suivi au fil de toutes ses années ses évolutions, ouvrant même le Théâtre des Abbesses en 1996 au moment même où les « petites formes » se mettent à pulluler, souvent par manque de moyens, dans le monde d’une danse contemporaine qui n’en finit plus de se démultiplier.

Ce théâtre, il l’avait quitté sans doute par raison. Car la passion, elle ne l’avait pas quittée et, on pouvait même le revoir, de temps en temps, et pour les artistes qu’il aimait, dans la salle où il se faisait plus discret… bien que pour les artistes sa présence continuait à signifier tout.

Le monde de la danse le regrettera longtemps.

Agnès Izrine

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