Error message

The file could not be created.

« Vertige » de Rachid Ouramdane et Nathan Paulin

Sous la majestueuse verrière du Grand Palais, tout juste rouverte après cinq ans de rénovation, un spectacle hors norme s’élève dans les airs. Vertige, création de Rachid Ouramdane et Nathan Paulin, réunit acrobates, highliners, musiciens et jeunes choristes dans une fresque aérienne qui célèbre à la fois l’architecture de la nef et la grâce des corps en mouvement.

Sous cette nef transparente et poreuse aux états du ciel, la vingtaine d’acrobates et highliners de la Compagnie de Chaillot, accompagnée de la Maîtrise de Radio France dirigée par Sofi Jeannin, « rendent palpable le vertige du lieu ». Poursuivant son exploration des trois dimensions, Rachid Ouramdane révèle dans une danse monumentale, la dimension physique et symbolique de cet établissement culturel, dont l’ambition est de diffuser l’art et la culture au plus près de chacun. Avec la complicité du musicien Christophe Chassol, compositeur, réalisateur et musicien inclassable, adepte de voyages musicaux tout comme le chorégraphe qui puise aux horizons lointains une création engagée, Vertige nous propulse dans les airs, dans « une contemplation nouvelle ».
Imaginé comme une traversée sensorielle, huit funambules dirigés par le célèbre Nathan Paulin, habitent donc les volumes vertigineux de la nef, déployant un langage physique aussi poétique que spectaculaire. Dans les hauteurs, des silhouettes vêtues de blanc défient le vide, marchant sur des câbles tendus à plus de 35 mètres du sol. En contrebas, danseurs et voltigeurs dessinent des trajectoires fluides sur un vaste plateau immaculé. Sur les balcons, les chanteurs de la maîtrise de Radio France se mêlent à la composition originale de Christophe Chassol, accompagné de Mathieu Edouard et Jocelyn Mienniel. Occupant tous les espaces de cette structure de 8500 tonnes d’acier et de verre, inaugurée en 1900 pour l’Exposition Universelle, et résumant les goûts de la Belle Époque, avec son escalier métallique à double révolution teinté d’Art nouveau, c’est un grand spectacle qui se déploie sous nos yeux.
« Vertige est un geste collectif conçu pour révéler autrement l’architecture du Grand Palais, explique Rachid Ouramdane. C’est aussi une manière d’inviter le public à contempler le vide autrement. » Sur les mille cinq cents spectateurs accueillis chaque soir, huit cents peuvent s’allonger sur des tatamis pour mieux observer le ciel de ce temple de verre, où se croisent lignes tendues, corps suspendus et nappes sonores.

Galerie photo © Laurent Philippe

La mise en scène, pensée comme un puzzle en mouvement, fait dialoguer toutes les strates du Grand Palais. Des figures se répondent à distance, des corps se rejoignent l’espace d’un instant : un funambule descend du ciel pour effleurer une danseuse au sol, des tours humaines se construisent et se délitent au gré de la chorégraphie. Rachid Ouramdane nous surprend encore avec ses trouvailles dans les voltiges, comme ces acrobates qui passent de bras en bras comme on voyagerait dans les airs, ces doubles saltos complétement à la verticales, ces portés sensationnels à trois étages où la troisième personne vole littéralement à l’horizontale !

Galerie photo © Laurent Philippe

Les Highliners prennent le relais sur leurs filins élastiques, inventant une nouvelle discipline qui serait le trempoline sur fil, donnant, avec un effet d’accélération renversant, cette impression de Vertige annoncée dans le titre. Cette installation imaginée par Nathan Paulin n’est pas sans rappeler ses exploits passés : traversée de la slackline entre la tour Eiffel et le Trocadéro, performance sur les hauteurs du Mont-Saint-Michel… Ici, il tisse une toile céleste qui révèle la poésie du vide chère à Ouramdane, avec qui il a déjà collaboré sur Les Traceurs, Corps extrêmes ou Outsider. Mais ici, sous la verrière du Grand Palais, on dirait une volière d’où s’élancent une nuée d’oiseaux blancs qui se perchent ici ou là sur des fils entrecroisés, au bord du ciel comme au seuil de l’envol.
En filigrane, Vertige célèbre la vulnérabilité des corps confrontés à l’immensité d’un lieu à la fois protecteur et monumental. Dans cet écrin chargé d’histoire, la danse retrouve sa verticalité, et l’espace devient un territoire d’élévation, d’écoute et de lien. Et le tout finit bien sûr par une pluie d’étoiles…

Galerie photo © Laurent Philippe

À travers ce spectacle, le Grand Palais affirme aussi son ambition nouvelle : être un lieu vivant, au croisement des disciplines. Après Vertige, la nef accueillera d’autres rendez-vous chorégraphiques tout au long de l’été, dans le cadre de la saison France-Brésil : Amala Dianor, Josépha Madoki, le Grand Bal Brésil, ou encore Cercles de Boris Charmatz viendront prolonger cette aventure sensorielle.

Agnès Izrine
Vu le 6 juin 2025, Grand Palais, avec Chaillot Théâtre national de la Danse.

Distribution


Conception : Rachid Ouramdane en collaboration avec Nathan Paulin. 

Musique : Christophe Chassol.
Cheffe de chœur : Sofi Jeannin.

Costumes : Siegrid Petit-Imbert.

Lumières : Eric Soyer. 
Vidéo : Holymage.
Assistante à la chorégraphie : Mayalen Otondo. 

Avec : Highliners : Daniel Laruelle, Louise Lenoble, Tania Monier, Mia Noblet, Nathan Paulin, Nicolas Pouchard, Cecilia Stock, Tijmen Van Dieren.

Acrobates : Joël Azou, Joaquín Bravo, Liam Cermodi, Clotaire Fouchereau, Löric Fouchereau, Peter Freeman, Lisandro Gallo, Charlie Hession, Nicolò Marzoli, Maria Celeste Mendozi, Valérian Moutier, Arnau Povedano, Lucas Tissot, Belar San Vincente, Owen Winship.

Maîtrisiens : Lyès Aouni, Thanina Arab, Estir Atanassov, Janna Attar, Chadène Badach, Toscane Barthe Chollet, Nour Ben Azoune, Luna Curet Romero, Lilé De Davrichewy dit Davrichachvili, Emma Delandemare Fernandez, Léopoldine Dubois, Flora-Intan Frinzi, Elisa Jarron, Dina Koudoussi, Sundori Krouch, Iris Leonard, Ana Lopes Barbosa, Alexandre Marmouri, Kylian Niable, Grace Nsifua Bazola, Sajiya Rajappan, Bintou Sane, Paco Solozabal, Maathiny Sri Balaranjan, Amande Temkine.

 

Catégories: 

Add new comment