Tatiana Julien «En fanfaaare !» à la Biennale de Danse du Val de Marne
La performeuse et chorégraphe française Tatiana Julien regarde le monde tel qu’il va. Là où des prises de conscience inquiètes se manifestent, concernant aussi bien le climat, que la situation politique et économique, ou la solidarité... Qui ne sont pas vraiment suivies d'effets.
Avec sa nouvelle pièce, pour dix interprètes, En fanfaaare!, elle propose sa réponse, lucide et joyeuse. Elle explique : « J’ai cette image de la fanfare. Celle qui réunit, qui fait du bruit, qui percute, qui tape sur une grosse caisse, qui souffle dans les tubas. Celle d’un esprit qui s’oppose, qui fanfaronne les grands airs, qui fait mal aux oreilles (…). Celle qui nous sort de l’inertie, nous appelle à agir collectivement. »
Sa pièce de groupe précédente, l’explosive et excellente AFTER, en 2020, traitait de l’effondrement. Ici, on se redresse, et on part à l’attaque. Le pertinent solo qu’elle créait en 2018 se nommait significativement Soulèvement.
Galerie photo © Laurent Philippe
La fanfare donc, mais aussi un air d’opéra, l’air de La Reine de la Nuit, issu de La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart. Il se veut un sursaut pour réveiller un monde qui dort. La première représentation de cette pièce d’une durée de 2 heures 45, dont le livret est signé d’Emanuel Schikaneder, eut lieu le 30 septembre 1791, dans les faubourgs de Vienne (Autriche). C’est l’ultime opéra de Mozart, qui meurt quelques semaines après, le 5 décembre 1791, à l’âge de 35 ans.
Pendant les répétitions, la chorégraphe a souhaité mêler travail du corps et travail de la voix. Elle précise assez drôlement qu’elle songeait modestement : « Au début je croyais qu’on allait le chanter comme moi je le chante sous ma douche, cet air, et puis finalement, on a travaillé avec Myriam Jarmache », pour un résultat bluffant.
Galerie photo © Laurent Philippe
Elle affirmera par ailleurs : « C’est aussi le chant d’une femme, d’une mère, dite toxique, par un monde franc-maçon, patriarcal, de l’époque, J’avais envie un peu de dépoussiérer la figure de cette queen, et de développer, avec tous les interprètes, la figure de la reine, de l’obscurité, de la magie noire, de la marginalité, de l’extravagance, de l’expressivité too much, de se permettre un petit peu toutes ces choses-là. »
Galerie photo © Laurent Philippe
La solidarité, c’est la question du lien à l’autre, et notamment aux spectateurs-trices. Ainsi, quand on entre dans la salle, on observe, sur le plateau, chaque interprète en discussion avec un ou deux spectateur-s-trice-s, déambulant tranquillement. Ils et elles y resteront toute la durée de la création, observant ou sollicités, debout, assis ou allongés.
Une grande liberté se dégage de la proposition, très riche sans jamais être brouillonne, très construite, sans temps mort. Des corps agités mais pour un résultat non violent et apaisant. Bref, il s’agit d’une des propositions les plus réussies et importantes de la saison.
Fabien Rivière
Vu en mars 2025 Théâtre Jean Vilar, dans le cadre de la Biennale de danse du Val-de-Marne (94), à Vitry-sur-Seine.
Conception et chorégraphie : Tatiana Julien
Interprétation : Esther Bachs Viñuela, Julien Ferranti, Florence Gengoul, Célia Gondol, Myriam Jarmache, Tatiana Julien, Sophie Lèbre, Zoé Lecorgne, Matthieu Patarrozi, Monika Szpunar
Création musicale et sonore : Gaspard Guilbert
Création lumière et espace : Bia Kaysel
Recherche et travail vocal : Myriam Jarmache, Julien Ferranti, Dalila Khatir
Assistante chorégraphique : Clémence Galliard
Création costumes : Florence Samain
Régie générale en tournée : Bia Kaysel, Agathe Patonnier
2 & 3 octobre 2025
Festival Transforme, Théâtre de la Cité Internationale, Paris (75)
16 & 17 octobre 2025
Le Lieu Unique, Scène nationale, Nantes (44)
novembre 2025
Festival Next, lieu et calendrier à venir (FR/BE)
18 novembre 2025
Théâtre du Beauvaisis, Scène nationale, (60)
12 & 13 janvier 2026
Festival Transforme, La Comédie de Clermont, Scène nationale, Clermont-Ferrand (63)
mars 2026
Festival Transforme, Les Subs, Lyon (69)
28-29-30 mai 2026
Festival Transforme, Théâtre national de Bretagne, Rennes (35)
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