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« Quatre (saisons) » de Bruno Benne

Créé aux Rencontres chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis, ils sont deux, même si le titre annonce: Quatre. Non sans ajouter, comme en chuchotant : (saisons). Car en effet, leur nombre officiel semble bien plus indéboulonnable que leur caractère. Les saisons sont quatre, celles de Vivaldi comme celles de la nature.

Qui ouït Vivaldi, entend : La vie. Et quand de nos jours une ou un chorégraphe se laisse inspirer par cette œuvre du Vénitien, il s’agit de faire le lien entre l’hymne baroque à la nature et nos craintes actuelles concernant sa lente destruction. En témoignent les récentes créations d’Anne Teresa de Keersmaeker / Radhouane Mriziga [lire notre critique] et Thierry Malandain [ lire notre critique ] qui prennent partie pour la nature.

Galerie photo © François Stemmer

Bruno Benne, lui, ne s’y montre aucunement opposé. Mais il cherche en même temps avec l’époque de Vivaldi un dialogue qui serait tout autant une rencontre de gestes. Logique. Après tout, le fondateur de la compagnie Beaux-Champs a fait du regard contemporain sur les formes de danses baroques son cheval de bataille. Avec Quatre, il s’adresse à un public jeune, mais pas que. Et revient au plaisir immédiat de la nature et de la danse. À la Maison populaire de Montreuil, dans le cadre de la Nuit Pop des enfants, il avait installé un praticable carré et blanc comme neige, dans une salle sans boîte noire. Comme s’il voulait nous signaler que ce duo pourrait arriver partout. Quatre, comme s’il transportait là un spectacle tout-terrain, chargé sur un quatre-quatre. Alors, pourquoi pas amener ce duo dans un champ, sur une clairière ou au coin d’une rue…

Au début, c'est le printemps et les costumes des deux sont : verdi. Et par conséquent nullement : rossini. Voilà donc elle, tout de vert clair vêtue. Et lui, de vert foncé. Sur le Printemps  de Vivaldi, où les oiseaux semblent gazouiller de concert, la danse se laisse enchanter comme par une floraison des corps enracinés, qui bougent comme au gré du vent. Ce duo est d'abord quasiment végétal, s'adressant au jeune public tel un spectacle de mime, enjoué mais aussi un brin baroque. Car le duo commence bientôt à tourner des poignets comme on faisait au XVIIIe siècle, pour plaire. Ici les gestes suggèrent une toute autre lecture. Car dans leurs habits verts, les deux semblent bel et bien s'être transformés en jardiniers.

Galerie photo © François Stemmer

Alors l'été arrive et ils ouvrent quelques boutons, passent la main en contrebas de leur plateau, comme pour attraper un peu d'eau fraîche. Et ils continuent à traverser les saisons au fil d'une danse tantôt joyeuse et ludique, tantôt apaisée, où les gestes contemporains fréquentent ceux de la danse baroque, entre suspens et unissons. À la fin, après les saluts, tout le monde se lève pour s'approprier quelques gestes clés des deux interprètes qui, grâce à leur fraîcheur ludique, enchantent toutes les générations.

Thomas Hahn
 
Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis
Maison Populaire de Montreuil, le 23 mai 2025

Distribution
Conception & chorégraphie Bruno Benne
Musique Les Quatre Saisons (1725) Antonio Vivaldi
Interprétation en duo Alix Coudray ou Odéric Daluz ou Océane Delbrel ou Louis Macqueron
Costumes & accessoires Erick Plaza Cochet

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