« Oculta » par le Collectif Ô 77 aux Rencontres chorégraphiques
Deux danseuses, un danseur et un musicien à la batterie. Pour une cérémonie giratoire, occulte et hypnotique.
Tout démarre comme dans l’œil du cyclone, lentement, en tournant autour du centre de gravité musical. Un grognement sourd, tel un son sortant d’un abîme et trois corps qui commencent à se mettre en mouvement, tel un moteur faisant ses premiers tours. Lentement ils prennent conscience de la présence des autres, cherchent le contact, à deux ou à trois. Se mettent au diapason des rythmes qui poussent au mouvement.
Dans cette mise en orbite, quelques réminiscences des rondes, peintes par Matisse et un siècle plus tard par Hockney, complexifiées dans l’esprit de la contact improvisation, rencontrent la danse américaine dans des constellations sans cesse renouvelées, sur un rythme fluide et dans une lente accélération. L’effet est hypnotique, comme face au minimalisme répétitif de Christos Papadopoulos. Et comme la vedette grecque, Ô 77 questionnent les énergies et mécanismes sous-jacents qui lient les individus au sein d’un ensemble. Et en effet, Oculta, c’est ce qui est « caché », en espagnol.
En même temps, Oculta cultive aussi sa part vertigineuse, comme le Boléro de Ravel. Sans toutefois se précipiter dans l’abîme. Il s’agit plutôt de s’en détacher, grâce à la force centrifuge laquelle devrait faire éclater cette liaison humaine et finit pourtant par les souder. Aussi le suspense opère de bout en bout dans une valse des énergies opposées, comme dans une molécule instable composée de trois atomes.
Ce sont les pulsations musicales, autant que l’attraction exercée par chacun.e sur ses partenaires, qui vont souder le trio autour du musicien, étoile fixe dans un système gravitationnel qui fait tourner la tête, en douceur. Et même si Oculta est présenté en frontal, les ondes envahissent tout l’espace, invitant le public à s’adonner à ce partage étourdissant.
Thomas Hahn
Oculta par le Collectif Ô 77
Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis
Le 24 mai 2025, Théâtre Municipal Berthelot – Jean-Guerrin de Montreuil
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