Le Concours de promotion – Hommes - de l’Opéra de Paris 2014
Le Concours de promotion interne de l’Opéra de Paris a eu lieu le 3 décembre 2014 pour les danseurs, devant un jury composé de Stéphane Lissner, directeur de l'Opéra national de Paris, Benjamin Millepied, directeur de la danse, Clotilde Vayer, maître de ballet associé à la direction de la danse, Maria Kochetkova, Danseuse "Principal" au San Francisco Ballet, Ethan Stiefel, Danseur, "Principal" au New York City Ballet, et à l'American Ballet Theatre, Lionel Delanoë, maître de ballet (suppléant), et les membres élus par le Ballet : Aurélie Dupont, Benjamin Pech, Aurélia Bellet, Myriam Kamionka, Alexandre Carniato, Juliette Gernez (suppléante) .
Il y a des petits changements très significatifs. Ceux que Benjamin Millepied a intégré dans ce Concours de promotion 2014, pour être discrets, sont pour autant plein de sens, à savoir : la mise à vue du ou de la pianiste qui accompagne les variations des candidats et surtout la suppression de la clochette dont le tintement devait ajouter encore au stress des danseurs.
Les quadrilles hommes ont donc ouvert ce Concours de promotion interne de l’Opéra de Paris 2014.
Variation imposée : Paquita, Acte I, variation de Lucien d’Hervilly chorégraphie Pierre Lacotte.
Pas facile de tirer son épingle du jeu dans une telle variation, surtout en étant quadrille. Elle est à la fois complexe et peu gratifiante, avec ces tours fini en 4e devant, ces assemblées rond de jambe tour en l’air. Rien pour épater, tout pour réfréner, et surtout l’obigation d’avoir un placement impeccable… D’où sans doute ce choix pour cette classe.
Et le seul qui a su tirer son épingle du jeu est sans nul doute Antoine Kirscher, malgré quelques fragilités dues à sa jeunesse. Les autres, d’un niveau relativement homogène, n’ont pas tellement impressionné, si ce n’est Antonio Conforti qui était un peu plus musical et dansant, tout comme Pablo Legasa.
Ce sont donc les variations libres qui ont fait la différence.
Variations libres choisies par les Quadrilles :
Antoine Kirscher : Tchaïkovski - Pas de deux (George Balanchine)
Pablo Legasa : Études, Mazurka (Harald Lander)
Florent Melac : Pas./Parts (William Forsythe)
Antonin Monié : In the middle, Somewhat elevated (William Forsythe)
Jean-Baptiste Chavignier : Giselle, coda du pas de deux des paysans (Jean Coralli et Jules Perrot)
Cyril Chokroun : Paquita, acte II, Grand pas, variation de Lucien D'Hervilly (Pierre Lacotte).
Antonio Conforti : Dances at a Gathering, première variation du Danseur en brun (Jerome Robbins)
Là encore, Antoine Kirscher (classé 1er) a ébloui dans Tchaïkovsky - Pas de deux. Léger aérien et musical, il a emporté l’adhésion du public qui a même failli laisser fuser un applaudissement. Florent Melac (classé 2e) a été très remarqué dans Pas./Parts de William Forsythe, dansant très connecté, très organique et faisant montre d’une belle compréhension de la chorégraphie, Pablo Legasa (classé 3e, qui aurait pu tout aussi bien faire un bon 2e ), a également brillé dans la Mazurka d’Études, et Antonio Conforti a dansé avec une très belle musicalité Dances at a Gathering, mais c’est une variation très lyrique qui ne met pas en valeur les qualités techniques d’un candidat.
Pour les coryphées, même constat. Une classe plutôt homogène qui devait se débrouiller de la variation du Prince Siegfried du Lac des Cygnes, acte III, faite par et pour Rudolf Noureev sur mesure. On ne s’étendra donc pas sur la complexité de celle-ci :
Germain Louvet et Hugo Marchand (respectivement 1er et 2e) ont été de ceux qui ont réussi à se tirer de ses difficultés avec brio. Mais on a aimé aussi l’interprétation de Jeremy-Loup Quer (3e) , et celle, très musicale, malgré des imperfections techniques de Mathieu Contat (6e). Mais, même remarque que pour les Quadrilles, il fallait attendre les libres pour départager vraiment les candidats.
Variations libres choisies par les Coryphées :
Mickaël Lafon : L'Arlésienne, dernière variation de Frédéri (Roland Petit)
Germain Louvet : Le Lac des Cygnes, acte I, variation lente de Siegfried (Rudolf Noureev)
Hugo Marchand : Études, Mazurka (Harald Lander)
Jérémy-Loup Quer : Grand Pas Classique (Victor Gsovsky)
Matthieu Botto : Arepo (Maurice Béjart)
Mathieu Contat : Cendrillon, acte II, deuxième variation de l'Acteur-vedette (Rudold Noureev)
Adrien Couvez : Approximate Sonata (William Forsythe)
Yvon Demol : Vaslaw (John Neumeier)
Germain Louvet s’est distingué dans une très belle variation lente de Siegfried du Lac des cygnes, très intériorisée, très romantique, élégante et parfaite dans son exécution. Hugo Marchand a parfaitement réussi la Mazurka d’Études mais on a bien aimé aussi Mathieu Contat dans Cendrillon, même si ce n’est pas une variation très impressionnante. Adrien Couvez (4e) a excellé dans Approximate Sonata de William Forsythe, mais sa prestation dans la variation imposée lui a sans doute barré la route. La personnalité de Mickaël Lafon (5e) dans dans l’Arlésienne, laisse présager plus de réussite dans les années qui viennent.
Enfin, les Sujets briguaient la place convoitée de Premier danseur.
De nouveau une variation sans concession avec Tchaïkovsky Pas de deux de George Balanchine et un niveau plutôt haut, nettement supérieur aux grades précédents et, de nouveau, des concurrents aux qualités assez homogènes. Est-ce la raison qui a déterminé l’absence de classement et donc de promotion des Sujets ? Car, après quatre tours de scrutin, le jury a été incapable de dégager une majorité pour élire un nouveau Premier danseur et le poste n’est pas pourvu.
La plupart des candidats ont été plutôt bons dans la variation imposée. Avec un petit plus pour Axel Ibot, Allister Madin, Florimond Lorieux, et Fabien Révillon.
Variations libres choisies par les Sujets :
Axel Ibot : Dances at a Gathering, deuxième variation du Danseur en brun (Jerome Robbins)
Florimond Lorieux : Marco Spada, acte III, deuxième variation (Pierre Lacotte)
Allister Madin : Carmen, variation de Don José (Roland Petit)
Cyril Mitilian : L'Histoire de Manon, acte I, première variation de Des Grieux (Kenneth MacMillan)
Marc Moreau : Suite en Blanc, Mazurka (Serge Lifar)
Fabien Révillion : Raymonda, acte III, variation de Jean de Brienne (Rudolf Noureev)
Daniel Stokes : Le Lac des Cygnes, acte I, variation lente de Siegfried (Rudolf Noureev)
Sébastien Bertaud : Le Rire de la Lyre (José Montalvo)
Dans les imposées, chacun d’entre eux a prouvé qu’ils avaient de la personnalité, de la technique et de la présence. On a aimé Marc Moreau dans Suite en blanc, trouvé formidable Axel Ibot dans Dances at a Gathering, et adoré l’interprétation du Rire de la lyre de Sébastien Bertaud. Mais le Don José d’Allister Madin et la variation de Raymonda de Fabien Révillon ou le Marco Spada de Florimond Lorieux étaient à la hauteur.
Que faire ? Se référer aux notes de la Régie ? Manifestement, cela n’a pas été l’option choisie par le jury… Quoi qu’il en soit, c’était un beau concours et nous souhaitons bonne chance aux candidats si toutefois il y a encore un concours pour les Sujets l’an prochain, ce qui ne semble pas dans les intentions du nouveau directeur de la Danse, Benjamin Millepied.
Agnès Izrine
Résultats :
Quadrilles :
Variation imposée : Paquita, acte I, variation de Lucien d'Hervilly (Pierre Lacotte)
1. Antoine Kirscher, promu Coryphée
2. Florent Melac, promu Coryphée
3. Pablo Legasa
4. Antonio Conforti
5. Cyril Chokroun
6. Antonin Monié
Coryphées
Variation imposée : Le Lac des Cygnes, acte III, variation du Prince Siegfried (Rudolf Noureev)
1. Germain Louvet, promu Sujet
2. Hugo Marchand, promu Sujet
3. Jérémy-Loup Quer
4. Adrien Couvez
5. Mickaël Lafon
6. Mathieu Contat
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