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« La Belle et la Bête » de Thierry Malandain

Oubliez la bluette sucrée réécrite pour les enfants. Oubliez aussi l’esthétisme classique du film de Jean Cocteau. Ce qui intéresse Thierry Malandain, dans cette  Belle et la Bête, donnée en première française le 16 septembre à la Biennale de Lyon, c’est avant tout une histoire de création. Derrière le monstre malheureux imaginé par Mme Leprince de Beaumont se cache, pour le chorégraphe, la figure de l’artiste tourmenté par ses démons intérieurs. Déchiré entre pulsions et raison, c’est-à-dire entre âme et corps, il est représenté par un trio - deux hommes, une femme - qui vient régulièrement hanter le plateau en contrepoint des scènes plus narratives.

On retrouve en effet, dans ce ballet complexe et attachant, les principaux moments du conte : suite au vol d’une rose par son père, une jeune fille est contrainte d’aller vivre dans la demeure d’un homme défiguré (son visage est couvert d’un masque noir), auquel l’amour rendra sa beauté originelle. Mais ces séquences sont redistribuées dans un ordre inattendu. C’est d’abord le bal de noces final, aux costumes somptueusement baroques, qui ouvre la danse, avant qu’un astucieux système de rideaux découpant l’espace ne découvre l’intimité familiale de la Belle, entourée de ses quatre frères et sœurs. La narration est ponctuée de figures symboliques - la rose, la clé, le cheval, le miroir et le gant - incarnées par des danseurs pour lesquels le chorégraphe crée une gestuelle raffinée. Il faut à cet égard saluer la virtuosité toujours éblouissante des interprètes du Malandain Ballet Biarritz, avec au tout premier plan la lumineuse Claire Longchampt et le puissant Mickaël Conte, parfaits dans les rôles titres.

Galerie photo © Olivier Houaix

On est parfois gêné par l’émotivité exacerbée de certains gestes, qui redouble le lyrisme des flots de Tchaïkovski constituant la trame musicale, d’Onéguine à la Pathétique. Toutefois, la tonalité générale de la pièce est beaucoup plus abstraite et symbolique qu’il n’y paraît. Le spectateur n’est pas invité à suivre linéairement les divers rebondissements du conte, mais à plonger au cœur des affres de la création. Les scènes qui se succèdent ou s’entremêlent ne semblent être, en définitive, que des projections fantasmées. On peut goûter diversement ce parti pris, et juger cette surcharge d’intentions difficilement lisible. Mais on est touché par l’artiste Thierry Malandain offrant ainsi son ‘cœur mis à nu’, dans une interprétation très personnelle d’un mythe créé il y a deux cent cinquante ans. Pour conclure, un vif regret : que ce ballet si intime ait été présenté dans l’Amphithéâtre de la Cité Internationale, totalement inadapté à ce genre de spectacles.

Isabelle Calabre

Lire notre entretien avec Thierry Malandain

En tournée : Calendrier complet
Narbonne 11/10
Reims 15,16,17/10
Dole 19/10
Friedrichshafen (Allemagne) 21/10
Neuilly 26/11
Le Creusot 03/12
Alès 6, 7/12
Arcachon 14/12
Ludwigsburg (Allemagne) 18/12 Biarritz 21,22,23/12
Montaigu 31/01
Saint Nazaire 2,3/02
Vichy 5/02 Fürth 8,9,10,11,12/02
Roubaix 28/02
Italie : Pavia 2/03 Vicenza 4,5/03 Pordenone 7/03

 

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