José Martinez : le réformateur en douceur
Nous avons rencontré José Martinez, directeur de la Danse à l’Opéra de Paris, pour l’interroger sur la création du Ballet Junior de l’Opéra de Paris qui tourne dès ce mois de mai 2025, ainsi que sur sa programmation pour la saison 25-26 et ses projets pour le Ballet…
DCH : Comment est née cette idée du Ballet Junior de l’Opéra de Paris ?
José Martinez : Elle est née d’un constat. Je pense qu’il manquait un pont entre l’Ecole de danse et l'entrée dans le ballet de l’Opéra national de Paris. Pour certains, qui réussissent l’examen d’entrée, tout se passe formidablement. Pour d’autres, après un encadrement assez contraignant, ils sont livrés à eux-mêmes. Certains, qui ne sont peut-être pas assez mûrs, perdent leurs repères. De plus, il faut savoir que l'École de danse, ne les accueille plus après leurs 18 ans. Or, à cet âge, d’aucuns n’ont pas fini d'être formés, y compris physiquement, particulièrement les hommes, alors en pleine croissance. Donc, ça nous permet de suivre leur évolution avant leur engagement dans le ballet. Ainsi, ils peuvent continuer à se construire. Dans le monde, de nombreux « ballets juniors » remplissent cette fonction. Au Royal Ballet ils ont fondé la Upper Royal Ballet School, à Monaco, ils arrivent jusqu'à 19-20 ans. Je pense qu’il faudrait ajouter cette possibilité d’un an supplémentaire de perfectionnement à l’École de danse de l’Opéra, car les Ballets à l’Étranger engagent des danseurs plus mûrs. J’en ai parlé à Elisabeth Platel…
Cela inclut également la possibilité pour les danseurs étrangers de se former à l'école française et à son style, de se perfectionner pour qu’ils s’intègrent mieux au Corps de ballet, au niveau de la musicalité, des épaulements, ou de certaines respirations. Les deux années du Junior Ballet peuvent être décisives pour leur carrière. De plus, avec nos 190 spectacles par saison Garnier et Bastille confondus, nous sommes très rarement disponibles pour des tournées en France, et peu de théâtres de l’Hexagone ont les infrastructures nécessaires pour accueillir le Ballet dans son format habituel. Le Junior Ballet de l’Opéra de Paris répond donc à la forte demande de voir l’Opéra de Paris en région. Cela se concrétise d’ailleurs puisque nous avons la saison prochaine énormément de dates de tournée en France.
DCH : Ne craignez-vous pas qu’il paraisse tentant aux jeunes qui sortent de l’École de danse d’entrer dans le Junior Ballet plutôt que dans la troupe, où, en tant que stragiaires, ils ne danseront pas autant ?
José Martinez : Quand ils réussissent l’audition pour entrer dans le Corps de ballet, nous leur proposons un CDI jusqu’à 42 ans. Au Junior Ballet, ils dansent peut-être davantage, mais à la fin, ils passent la même audition, et s’ils n’intègrent pas le Ballet de l’Opéra au bout de deux ans, ils doivent partir ailleurs.
DCH : Comment s’organisent ces deux entités au sein de la maison ? Car le ballet occupe déjà de nombreux espaces…
José Martinez : Pendant les premiers mois, nous répétions à l’École de danse à Nanterre puisque les élèves suivent l’enseignement scolaire le matin. Ensuite, nous nous sommes répartis entre Garnier et Bastille. Le Junior Ballet est itinérant sur les trois sites, ce qui leur permet de côtoyer les danseurs du Ballet, de fréquenter les mêmes cours le matin, notamment des cours d’adage en commun.
DCH : N’est-ce pas également une manière de créer une certaine émulation, pour ne pas dire concurrence ?
José Martinez : Je dirais émulation. L’an dernier, lorsque les danseurs de la compagnie étaient fatigués, il n’y avait personne au cours d’adage. Depuis, comme le Junior les suit, les jeunes du Ballet y vont également. Cela m’offre également l’opportunité de demander à de jeunes chorégraphes des créations pour le Junior avant de les solliciter pour la compagnie. Ce qui donne l’occasion à de jeunes chorégraphes « maison » de faire leurs armes.
DCH : Cela constituera-t-il votre « pépinière de chorégraphes » travaillant avec le Junior Ballet évoquée lors de votre dernière conférence de presse ?
José Martinez : Oui, même si c’est un projet à long terme.
DCH : Comment ont réagi les danseurs du Ballet lorsque vous avez lancé le Junior Ballet ?
José Martinez : Ils ont initialement eu des inquiétudes quant à l’impact du Junior sur la logistique, du manque de studios, de pianistes, mais celles-ci se sont avérées infondées. Le Ballet Junior constitue une équipe au complet, avec pianistes, chefs-de chant, maîtres de ballet qui rejoignent la compagnie lorsque le Junior travaille avec elle. Par rapport au Pôle Santé, même crainte. Mais deux physiologistes sont arrivés en renfort. La mutualisation des ressources entre le Ballet et le Junior Ballet, ce qui permet de réduire les coûts et d'offrir plus de possibilités aux danseurs. J’ajouterai que les salaires de l’ensemble du personnel du Junior sont entièrement couverts par le mécénat.
DCH : Voulez-vous dire que la création du Junior Ballet repose entièrement sur le mécénat ?
José Martinez : Oui, à 100% ! Nous avons le soutien de Chanel pendant six ans, ainsi que des mécènes particuliers ou d’autres entreprises que nous avons trouvés plus rapidement que prévu. L’agenda est rempli jusqu’en 2027. Notre diffuseur, Delta Danse, apporte son réseau, ses circuits et ça fonctionne très bien. Je l’avais déjà expérimenté avec La Compagnie Nationale de Danse à Madrid. Il faut aller vers un nouveau public et vers les jeunes, trouver de nouveaux cercles. Le Junior Ballet a une facette pédagogique pour aller à la rencontre des scolaires, montrer des cours ouverts, parler du spectacle…
DCH : Quel type de programme avez-vous prévu pour tourner ?
José Martinez : J’avais pensé, « jeunes chorégraphes » et création, les théâtres ont demandé du classique. Bien sûr, il existe de très nombreuses compagnies contemporaines, et d’autres ballets « junior » qui proposent ce type de programmes. J’ai modifié mon idée initiale, et avons proposé un programme intégralement sur pointes. La soirée est composée de Requiem for a Rose d’Annabelle López Ochoa, chorégraphecontemporaine mais avec un vocabulaire issu du classique, Cantate 51 de Maurice Béjart, Allegro Brillante de George Balanchine, et Mi Favorita que j’ai créé en 2002 pour l’Opéra de Paris. La saison prochaine, nous intégrerons certainement l’extrait d’une pièce de Noureev/Petipa, comme Don Quichotte ou Raymonda. Puis des créations contemporaines. Il ne faut pas oublier que ce sont des jeunes, pas des étoiles de l’Opéra, mais ils ont une énergie folle. Il faut également que ces programmes puissent aller partout, donc être adaptables.
DCH : Vous êtes passé de 18 à 24 danseurs au Junior Ballet. Au sein du Ballet de l’Opéra, il y a 154 danseurs. L’ensemble du Junior Ballet a été inclus dans les représentations de La Belle au Bois dormant. Le Junior vient-il aussi remplacer les danseurs surnuméraires ?
José Martinez : Ça pourrait peut-être. Mais ce n’est pas le cas. Nous décidons un an avant des ballets dans lesquels nous allons incorporer le Junior. L’an prochain ce sera dans Giselle et La Bayadère pour qu’ils se frottent aux grandes productions classiques en immersion et apprennent ce qu’est réellement le travail du Corps de ballet avec 70 danseurs sur le plateau. Quand on est remplaçant, par exemple, il faut apprendre trois places différentes par représentation et on change de place tous les jours. C’est très formateur.
Quant aux surnuméraires, s’ils sont nécessaires sur d’autres productions, nous les engagerons. Certes, 154 danseurs c’est beaucoup. Mais quand on les divise par deux pour assurer des spectacles à Garnier et Bastille en même temps, que l’on sait que les Etoiles et les Premiers danseurs ne dansent pas dans le Corps de ballet, ce qui fait quarante de moins, nous nous retrouvons avec cinquante de part et d’autre. Et nous avons absolument besoin de remplaçants. Au moment de la recréation de La Belle au bois dormant de Noureev en 1989, entre les 21 amis, et les 16 de la Valse, nous tournions déjà en sous-effectifs ! En septembre/octobre prochains, une partie du Ballet de l’Opéra part à New York avec la création d’Hofesh Shechter, l’autre assure Giselle à Garnier et nous programmons la Soirée Mixte avec trois chorégraphes en même temps ! Si nous n’avions pas le Junior dans Giselle, ce serait impossible.
DCH : La saison prochaine, la première que vous avez signée entièrement, il est tout à fait frappant de découvrir des chorégraphes quasiment inconnus en France. Comment les avez-vous rencontrés ?
José Martinez : Mon expérience de huit ans à Madrid à la tête d’un ballet contemporain m’a permis de suivre l’actualité chorégraphique mondiale, notamment pendant les tournées. J’ai suivi la piste de jeunes chorégraphes, comme Marcos Mauro l’était à l’époque. En fait, ce sont toujours des rencontres. J’ai découvert Mthuthuzeli November, originaire de CapeTown, en Afrique du Sud, lors d’un spectacle jeunes chorégraphes, à Londres. Je suis allé le revoir au ballet de Zurich où Cathy Marston avait programmé Rhapsodies que j’ai donc choisi pour l’Opéra. Je cherchais des artistes qui amènent de nouveaux défis aux danseurs de l’Opéra, et des spectacles à découvrir pour le public. Car il est vrai que ces dernières années, nous avons beaucoup exploré l’école israélienne, Ohad Naharin, Bobbi Jane Smith, Sharon Eyal, Hofesh Shechter, ces deux derniers que j’ai moi-même invités cette année. Je voulais faire connaître d’autres courants. De nombreux chorégraphes contemporains utilisent un vocabulaire classique pour le dépasser et créer de nouvelles formes. C’est le cas de Morgann Runacre-Temple et Jessica Wright par exemple, qui jouent également avec l’audiovisuel. Nous sommes l’une des seules compagnies au monde à avoir un éventail aussi large qui permet de danser Giselle et du Hofesh Shechter. Mais au milieu de ce vaste répertoire, il existait une lacune, disons, entre Le Rouge et le Noir de Pierre Lacotte et Alan Lucien Øyen. Et sans abandonner ce que nous avons déjà, il faut régulièrement revenir à cette base classique dans sa dimension la plus actuelle.
DCH : Se repose régulièrement la question de savoir si les danseurs peuvent (veulent ?) tout danser. Ne faudrait-il pas les laisser se spécialiser en classique ou en contemporain ? Car le corps ne peut pas tout non plus.
José Martinez : C’est très complexe. Je ne dirais pas « il faut ». Il existe des profils divers et les danseurs ont de grandes capacités de développement. Parfois, nous faisons des rencontres qui nous incitent à évoluer dans notre manière de voir la danse. Tous n’en sont pas au même moment de leur carrière, ni de leurs parcours qui sont tous différents. La saison dernière j’ai organisé quatre workshops avec plusieurs chorégraphes, notamment avec Mthuthuzeli November et Wim Vandekeybus, donc des esthétiques très opposées. J’ai senti que ce dernier, pour certains danseurs, était trop loin d’eux, ils se sentaient étrangers à ce type de travail. Alors qu’avec des contemporains plus classiques, si j’ose dire, ils vont être plus à l’aise. A contrario, nous avons certains de nos interprètes qui sont partis tellement loin de l’autre côté, dans l’expérimentation, ont découvert tellement d’autres compétences, qu’ils n’ont plus envie de danser Giselle ou Le Lac des cygnes. Je l’ai déjà vécu, mais à l’inverse, quand j’étais à Madrid. Quand je suis arrivé, c’était une compagnie contemporaine et le ministère de la Culture espagnol souhaitait que je revienne au classique. J’ai dû le faire parallèlement, car je comprenais bien que s’ils pouvaient encore le faire physiquement, ce n’était plus le chemin qu’ils désiraient emprunter. C’est pourquoi il est important pour moi de diversifier ma programmation, qu’ils puissent faire des essais s’ils le veulent. Car d’un côté il y a ceux qui resteront dans le contemporain, les autres iront jusqu’à Forsythe, et au milieu, il y a ceux qui ne sont pas toujours conscients de leur potentiel.
Par exemple lors de l’audition pour la distribution de Barbe-Bleue de Pina Bausch, la maîtresse de Ballet Béatrice Martel me signale qu’il lui manque une danseuse pour le rôle principal. Il lui faut une fille jeune, qui fasse fragile mais soit hyper solide… Je regarde la liste de celles qui ont été sélectionnées, je n’en vois pas d’autres à proposer. Mais en sortant du bureau, j’aperçois Koharu Yamamoto qui pourrait correspondre. Elle n’était pas à l’audition, elle est 100% classique. Je l’incite à se présenter à l’audition le lendemain. Elle me répond non. Elle n’a jamais dansé de contemporain. J’insiste. Elle y va. Elle est sélectionnée et obtient le rôle principal. En deux mois, elle s’est transformée et m’a avoué que cette expérience avait bouleversé sa vision de la danse. Je suis heureux d’être directeur de la danse dans ce genre de cas. Même moi, je ne l’imaginais pas, au départ, dans ce rôle, et désormais, nous allons pouvoir l’inviter à essayer d’autres langages qui vont l’enrichir. Donc il faut donner aux interprètes la chance de pouvoir se révéler. Et puis, les danseurs sont formés différemment, leurs corps ne sont plus les mêmes que ceux des générations précédentes, la danse contemporaine a beaucoup évolué également, et le classique aussi ! Aujourd’hui, les compagnies « classiques » au sens strict du terme n’existent quasiment plus. Toutes travaillent avec des chorégraphes d’aujourd’hui, qui s'éloignent beaucoup du classique. Mais les danseurs en ont besoin pour nourrir leur technique comme leur imaginaire. Sinon, tout devient de l’exercice, de la performance physique et ce n’est pas intéressant. Pour maintenir la danse classique vivante, il faut qu’elle évolue.
DCH : Où en êtes-vous de votre réflexion par rapport au Concours annuel de promotion du ballet ? Vous l’avez déjà supprimé pour les Sujets qui postulaient au grade de Premier dannseur et Première danseuse, qu’en est-il pour les autres ?
José Martinez : La réflexion est toujours en cours, avec des échanges réguliers entre la direction et les représentants des danseurs. Les avis sont partagés : les plus jeunes souhaitent majoritairement conserver le concours, tandis que les danseurs plus expérimentés préfèrent s’en éloigner. Ceux qui sont dans une position intermédiaire ont des opinions nuancées. Face à cette diversité de points de vue, une proposition a été faite : remplacer le concours traditionnel par une "scène ouverte" au sein de l’Opéra. Dans ce format, les danseurs pourraient présenter deux solos de leur choix, sans variation imposée afin de mettre en valeur leur singularité artistique, et être évalués par un comité (plutôt qu’un jury classique). Ce comité tiendrait également compte du travail accompli sur l’année. : L’engagement en répétition, la qualité d’interprétation dans les rôles distribués, la progression individuelle et l’attitude professionnelle. Le comité, composé de membres de la direction artistique et éventuellement de personnalités qualifiées, émettrait des avis qualitatifs sans établir de classement formel. Cette formule vise à offrir un cadre plus souple et inclusif, mieux adapté aux réalités du métier, tout en maintenant une possibilité de visibilité et de promotion pour les danseurs. L’idée est d’assouplir le processus, d’enlever la pression liée à la préparation intensive et de valoriser autant les jeunes que les danseurs engagés dans des rôles exigeants. Ce qui permettrait de conserver l’esprit du concours tout en l’adaptant aux réalités actuelles (charge de travail, santé mentale, diversité des styles). Elle offrirait aussi une meilleure visibilité des talents pour la direction lors des distributions de rôles.
Aucune décision définitive n’a encore été prise. L’objectif est de trancher d’ici la fin de la saison, pour pouvoir organiser, selon le choix retenu, un concours, une scène ouverte, ou un autre format adapté.
Propos recueillis par Agnès Izrine
Le Junior Ballet
Programme
Allegro brillante - Chorégraphie George Balanchine - Musique Piotr Ilyitch Tchaïkovski- Costumes Barbara Karinska (Durée 16 min- Pour 10 danseurs)
Cantate 51 - Chorégraphie Maurice Béjart - Musique Jean-Sébastian Bach - Costumes Joëlle Roustan, Roger Bernard - (Durée 21 min - Pour 8 danseurs)
Requiem for a rose - Chorégraphie Anabelle Lopez Ochoa - Musique Franz Schubert - Environnement sonore Almar Kok - Costumes Tatyana van Walsum - (Durée 20 min - Pour 13 danseurs)
Aunis* - Chorégraphie Jacques Garnier - Musique Maurice Pacher (Durée 12 min - Pour 3 danseurs)
* uniquement pour les dates à Athènes et Saarbrücken
Mi favorita Chorégraphie José Martinez - Musique Gaetano Donizetti - Costumes Agnès Letestu
(Durée 28 min - Pour 18 danseurs)
Tournée en France de juin 2025 à avril 2026 :
2025 : 12, 13, 14 juin : Opéra Royal de Versailles -16 juillet : Festival Vaison Danses - Vaison-la-Romaine - 18 juillet : Festival des Nuits de la Citadelle - Sisteron - 25 juillet : Opéra de Vichy - Vichy - Du 25 au 27 novembre : Montpellier - 29 novembre : Cannes - Du 2 au 10 décembre : Lyon - 12, 13 décembre : Martigues - 16, 17 décembre : Suresnes - 19 décembre : Evreux
2026 : 21, 22 janvier : Echirolles - 7, 8 février : Massy - 10 février : Maubeuge - 12 février : Compiègne - 14, 15 février : Neuilly-sur-Seine - 8, 9 mars : Aix-en-Provence - 13, 14 mars : Mérignac - 17, 18 mars : La Roche-sur-Yon - 20, 21 mars : La Rochelle - 24 mars : Cholet - Du 26 au 28 mars : Vannes - 9 avril : Roubaix.
Tournée à l’étranger de mai 2025 à avril 2026 :
2025 : 27, 28 mai : Athènes, Grèce (Athens Concert Hall Megaron) - 06 juin : Saarbrücken, Allemagne (Musikfestspiele Saar) - 19, 20 juin : Londres, Royaume-Uni (Linbury Theatre)
29, 30 juillet : Madrid, Espagne (Festival Veranos de la Villa) - 01 août : Santander, Espagne (Palacio de los Festivales) - 18, 19 novembre : Kuala Lumpur, Malaisie –
2026 : 24 janvier 2026 : Monthey, Suisse - 27 janvier 2026 : Fribourg, Suisse - 29, 30 janvier : Bonn, Allemagne - 5 mars : Andorre - 11, 12 avril : Ludwigshafen, Allemagne - 16, 17 mai : Séville, Espagne
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