« iLaUNA » de Bilaka, flocons de danse pour Faits d'Hiver
Au Théâtre de la Ville, la première apparition du collectif basque au cœur de Paname, avec une Lune éphémère.
La lune n'est finalement pas apparue sur le plateau, elle est restée à l'extérieur. La salle de la Coupole du Théâtre Sarah Bernhardt dispose pourtant de quelques hublots par lesquels la lune aurait pu saluer les quatre danseurs du collectif Bilaka et le duo Nadar. Car malgré les nuages parisiens, iLaUNA fut, pour son passage en bord de Seine, placée sous l'approche de la pleine lune de février.
Le titre évoquant une certaine qualité « éphémère » de la lune, l'idée de mettre à contribution l'imaginaire des paysages basques dans les ambiances du spectacle est liée au rite du gau beltza, qui a généralement lieu un soir d'octobre sous la pleine lune. C'est la fête des morts et, comme le Samhain irlandais (Oona Doherty s'y réfère dans Specky Clark), on peut la considérer comme la version authentique de Halloween. Mais cette « nuit des âmes » basque est aussi liée à la période de la fin des moissons et devient, dans iLaUNA, le symbole de notre lien avec la nature et les temps éternels. D'où un premier tableau où les costumes – d'énormes capes faites de calebasses – incarnent une fusion très matérielle entre l’humain et la nature.
Et bien sûr qu’on y danse. On danse le lien avec la terre, celui avec la communauté et bien sûr avec la musique. Tous chantent, danseurs inclus, et les deux virtuoses de la cornemuse et de l'accordéon se mêlent aux danseurs dans un tableau final placé sous un onirique voile transparent, à moins qu'on veuille nous rappeler un chapiteau de fête, d'autant plus que le public est placé au plus près des danseurs. On se souviendra surtout des tableaux où les musiciens déploient leur magie au centre du plateau et la danse s'offre une respiration plus apaisée, contrairement aux rondes et autres figures qui déjouent leur finitude sur le plateau et sont, au Pays Basque, directement liées aux fêtes traditionnelles.
Galerie photo © Charlotte Costa
Et si iLaUNA avait pu ouvrir définitivement une porte parisienne à la danse du Pays Basque ? Cette pleine lune de février – une "lune des neiges" selon certains – aura alors pleinement joué son rôle. Il faut l'espérer d'autant plus que dans leur création suivante Besperan, avec les danseurs et les musiciens du collectif, tous placés sous la direction d metteur en scène Daniel San Pedro [lire notre critique], la richesse scénique et chorégraphique augmente d'un cran. Et pourquoi pas dans une nouvelle édition du festival Faits d'Hiver, puisque Besperan commence comme sur un beau tapis de neige?
Thomas Hahn
Le 8 févier 2025 Paris, Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt (La Coupole) dans le cadre du Festival Faits d'Hiver
Distribution :
Chorégraphie : Bilaka kolektiboa
Mise en scène, scénographie : Bilaka kolektiboa & Adar horiekin
Danse : Arthur Barat, Zibel Damestoy, Ioritz Galarraga, Oihan Indart
Musique : Arnaud Bibonne, Maider Martineau
Lumières : Mikel Perez
Composition musicale : Adar
Son : Julien Marques & Oihan Delavigne
Costumes : Xabier Mujika
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