Festival de Marseille : un programme impressionnant
Belle affiche, dans tous les sens du terme, que cette 30e édition du festival de Marseille. Une photo de couverture inspirée des 1001 nuits signée Léa Magnien met en abyme l’art de la scène et l’arène méditerranéenne avant de dévoiler l’impressionnant programme.
Trois semaines durant, du 12 juin au 6 juillet 2025, seront offertes plus de soixante représentations, toutes disciplines confondues. Soit une trentaine de spectacles et de performances, du théâtre, de la musique et de la danse, quatre films, une exposition, deux DJ sets, nombre de premières et plusieurs créations, des conférences, des débats et, pouvons-nous présager, des rencontres.
Le monde entier sera là : le Brésil, les États-Unis d’Amérique, l’Australie, le Royaume-Uni, la Belgique, la Suisse, le Liban, l’Égypte, la Syrie, la Palestine, l’Algérie, la Grèce, la Catalogne. Pour parler « d’autres réalités » et témoigner « de la vitalité culturelle des diasporas », Marie Didier a choisi d’inviter les artistes Lia Rodrigues, Faye Driscoll, Dan Daw, Annie Hanauer, Gabriela Carrizo, Mathilde Invernon, Amir Sabra, Nermin Habib, Nacera Belaza, Christos Papadopoulos, Kat Válastur, Lenio Kaklea, Mehdi Kerkouche, Candela Capitán, Pol Jiménez, Quim Bigas ainsi que les collectifs égyptiens Nasa4nasa et flamands bodybody. Participeront aux festivités artistes et collectifs traitant de la question du handicap comme No Anger, Annie Hanauer, Clément et Guillaume Papachristou et la Candoco Dance Company.
Des œuvres « sur mesure » et à la mesure de la ville comme El Viaje de Tomas Gonzalez et Igor Cardellini sont au menu. Le quartier de la Belle de Mai est mis en valeur par le collectif Organon, la population répondra aux sollicitations de Sandrine Lescourant et contribuera à l’action artistique d’Anne Festraets. Près de 450 enfants de la cité trouveront à s’exprimer dans le spectacle d’ouverture conçu par Marina Gomes. La soirée de clôture du festival rassemblera musiciens et musiciennes, danseurs et danseuses provenant de Beyrouth et de Gaza dans une performance imaginée par Éric Minh Cuong Castaing, intitulée Tarab.
Ici et là, c’est donc Marseille et son festival. Dans 18 lieux, du nord au sud qu’il nous faut mentionner : le Théâtre La Sucrière, le Parc Billoux, KLAP-Maison pour la danse, la Friche la Belle de Mai, le Tiers-Lab des Transitions,le Théâtre Joliette, La Compagnie, le Centre de la Vieille Charité, l’Alcazar-BMVR, le Théâtre de Lenche, le Jardin des Vestiges, le Mucem, la Place du Général-de-Gaulle, le Théâtre de La Criée, le Parc du 26e Centenaire, le Ballet national de Marseille, La Cité Radieuse.
Les œuvres sont accessibles à de doux tarifs, qui vont de la pièce d’un euro au billet de dix. Notons ci-après les créations, re-créations et les premières françaises : La Nuée de Nacera Belaza [lire notre critique], Mère(s) de l’Organon Art Cie, une réécriture de la pièce La Mère de Bertolt Brecht avec les habitant·es du quartier de la Belle de Mai et la complicité des auteurs Gauz, Ilonah Fagotin et Eva Doumbia,Coup de grâce de Michel Kelemenis [lire notre critique}, 360 de Mehdi Kerkouche, Starting with the Limbs d’Annie Hanauer/Cie L’Autre Maison, Sham3dan de Nasa4nasa, El Viaje d’Igor Cardellini et Tomas Gonzalez, Spring Is Possible de Dag Taeldeman et Andrew Van Ostade deux chorégraphes découverts au festival en 2022, Bell end de Mathilde Invernon [notre critique].
Comme on voit ou prévoit, le programme est à la fois exclusif – avec quantité d’opus inédits, qui sont montrés en première, voire en avant-première – et inclusif – composé de pièces « de toutes origines » surplombant « les différences sociales, de genre, d’âge, de couleur de peau, d’apparence, de langage, de système de pensée et de vision du monde », pour reprendre les mots de Marie Didier. Parmi toutes les œuvres qui valent le déplacement, nous pouvons en citer quelques-unes, qui ont toutes les raisons d’enthousiasmer le public. Lo Faunal, variation flamenco-rock de L’Après-midi d’un faune, proposée par Pol Jiménez, pique la curiosité [lire notre critique].
Avec My Fierce Ignorant Step, Christos Papadopoulos confirme tout le bien que la critique de danse pense désormais de lui et séduira le public marseillais en interrogeant l'influence qu'a eue sur lui l'œuvre monumentale de Mikis Theodorakis fondée sur la poésie d'Odysseas Elytis, et de Mános Hadjidákis. Nous espérons le retour en force de Peeping Tom, avec Chroniques, une chorégraphie de la cofondatrice de la compagnie, Gabriela Carrizo, qui évoque, à travers une succession d’environnements fantastiques, de paysages étranges et poétiques composés au fur et à mesure, tous ces moments de basculent, de transition, dans le temps ou dans l’espace, qui font des lieux et des vies des instantanés fragiles.
Weathering de Faye Driscoll crée une sculpture de chair multi-sensorielle composée de corps, de sons, de parfums, de liquides et d’objets. Une performance inédite qui marquera l’esprit des spectateurs.
Over and Over (and over again) de Dan Daw Creative Projects pour la Candoco Dance Company est un voyage joyeux imaginé par le chorégraphe Dan Daw et la metteuse en scène Stef O’Driscoll pour la compagnie britannique inclusive Candoco Dance, mondialement reconnue, se raconte à travers un tissage unique de danse, de narration et d’iconographie personnelle. Tandis que la chorégraphe, performeuse et chanteuse Kat Válastur, l’une des artistes phares de la scène artistique européenne, déroule une chorégraphie corporelle percussive dans Dive into You.
Last but not least, le public marseillais sera nécessairement conquis, sinon enchanté, en découvrant un des spectacles les plus exaltants de la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues, tout bonnement intitulé Encantado.[lire notre critique]
Nicolas Villodre
Festival de Marseille, du 12 juin au 6 juillet 2025.
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