Festival Cluny Danse
La 13e édition du festival Cluny Danse vient de se tenir dans le plus beau cadre qui soit : le parc et le théâtre de verdure de l’abbaye bénédictine construite au début du Xe siècle dans le style roman.
Nous avons été convié le dimanche 18 mai, troisième et dernier jour des festivités. Nous avons ainsi pu découvrir une partie des plateaux offerts aux amateurs et aux semi-professionnels ainsi que deux pièces dites « professionnelles » : Relief de Maud Marquet et de la compagnie En Lacets et Zak Rythmik, version légère, redux, tout terrain d’Akzak, L’Impatience d’une jeunesse reliée, d’Hela Fattoumi et Éric Lamoureux (lire notre entretien).
Les groupes amateurs et semi-professionnels du département et au-delà se sont succédé sur le parquet du parc, éclairés par l’intense lumière solaire, accompagnés de bandes enregistrées diffusées par une puissante sono. Nous avons vu Les Églantines, l’association La Marmite, le Conservatoire du Grand Chalon, le groupe Tocade, l’École de danse urbaine d’Autun, l’École de danse de Cluny, L’archipel, le Centre Nilda Dance, le Jeune Ballet désoblique, le groupe amateur de Bonnay, Black Dreams, le Conservatoire du Creusot, l’Espace de rue de Chalon, le sextuor féminin Soma, l’Atelier de danse d’Autun et InciDanse !. Nous a fait forte impression l’Espace de rue de Chalon, dont la trop brève prestation à base de hip-hop et de cerceaux de GRS était de haute volée.
Avec, au contraire, l’assez longue performance Relief, la compagnie En Lacets (Maud Marquet, Lysandre Korelis, Marie Sinnaeve et Angélique Spiliopoulos) nous a permis de changer de terrain de jeu, de passer de la scène au théâtre de verdure, du plancher recouvert de PVC blanc aveuglant les danseurs au jardin étagé, accidenté, domestiqué. Le trio de service a meublé l’immensité à disposition. Des pieds émergent du sol comme des plantes aux couleurs vives des costumes designés par Cécile Rivet. Sur la musique de Maxime Boubay, le trio arpente le territoire, de jardin à cour, si l’on peut dire. Il forme des sculptures vivantes, qui exigent un savoir-faire en matière de contorsion. Est élargi le champ chorégraphique à la routine cabaretière, au numéro circassien et même ou surtout au land art.
Photos © Nicolas Villodre
Le quintette de Zak, aux quatre cinquièmes féminin, formé de Juliette Bouissou, Meriem Bouajaja, Chourouk El Mahati, Angela Vanoni et Mohamed Chniti, élégamment vêtu par Gwendoline Bouget (assistée d’Hélène Oliva), a clôturé en beauté l’édition 2025 du festival. La chorégraphie est limpide, qui alterne temps faibles et temps forts, immobilité, vitesse et précipitation, ruptures et continuation, solos et travail de groupe. Le perpetuum mobile est entretenu par la remarquable B.O. de Xavier Desandre Navarre et Éric Lamoureux, une composition musicale et, plus précisément, percussive.
Photos © Nicolas Villodre
Cet accompagnement soutient ou, en tous les cas, stimule les interprètes, les pousse à se livrer totalement, à jouer les danseurs de claquettes. Ils produisent eux-mêmes leur bande-son, à base de rythmes corporels, de soupirs, de cris joyeux, d’onomatopées. Les tubes en PVC ne sont pas de simples accessoires : il s’agit de Boomwackhers, une invention de l’Américain Craig Ramsell destinée à l’apprentissage de la musique. Ils permettent de passer allègrement de la percussion à l’harmonie. Chaque cylindre correspond à une note, à une demi ou un quart de note. Cet instrument de musique à part entière pourrait, selon nous, être appelé un polychloruphone. À l’issue de la représentation, le public, enthousiaste, a quant à lui, longuement claqué des mains.
Nicolas Villodre
Vu le 18 mai 2025 au parc abbatial de Cluny.
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