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Entretien avec Bruno Benne

Après Jérôme Bel, voici que la danse baroque est mise à l’honneur à la Maison de la danse dans le cadre de son cycle « histoires de la danse ».  Avec en point d’orgue, Rapides, le spectacle de Bruno Benne, héritier spirituel de Béatrice Massin et de Francine Lancelot. Rencontre.

Danser Canal historique : Qu’est-ce qui vous a touché dans le langage de la danse baroque ?

Bruno Benne : C’est arrivé par la musique… Avant de découvrir la danse j’ai découvert la musique baroque en dansant dans des opéras-ballets avec des chorégraphes contemporains, mais nous étions tout de même avec l’orchestre, les chanteurs et tout le décorum, toute la machinerie. Tout de suite, la variété des rythmes, la puissance et les contrastes de cette musique m’ont interpellé. La pratique de la danse est venue ensuite par la rencontre avec Béatrice Massin et ensuite Marie-Geneviève Massé. Ce qui m’a vraiment touché, c’est le rapport qu’il y a entre la danse et la musique, comment on a l’impression de devenir presque musicien avec son corps. De suite j’ai été mis au courant du contexte historique de l’époque, et cet aller-retour entre notre pratique d’aujourd’hui et cette pratique historique a été une clé pour comprendre ce que je faisais depuis des années. J’ai compris beaucoup de choses par rapport à la danse académique, c’était comme un éclairage. Je ne me suis pas rendu compte tout de suite à quel point ça allait devenir important pour moi, parce que c’est un langage qui prend du temps à incorporer. Mais, au fur et à mesure, j’ai compris son intelligence. Et aussi, qu’il y a beaucoup à découvrir. C’est un univers très vaste. Ce qui a été important également, c’est que nous considérons cette danse comme contemporaine puisqu’elle a été redécouverte il y a 50 ans. Ce n’était pas seulement un vocabulaire ancien mais aussi un nouveau à reconstituer. Je m’attache aux concepts de l’époque mais je ne fais pas de ballets « d’époque ». En fait, c’est très conceptuel.

DCH : C’est-à-dire ?

Bruno Benne : On s’appuie sur des concepts qu’on déchiffre sur des partitions ou des traités et ces concepts-là, on les met en corps. C’est un chemin intellectuel qui va nourrir la pratique du corps. Et pour un danseur c’est d’une richesse inouïe, ne pas danser juste pour danser mais danser en cherchant à comprendre ce que nous sommes en train de faire.

DCH : Comment vous y prenez-vous pour rendre cette danse « moderne » ?

Bruno Benne  : Je suis allé voir comment cette danse pouvait dialoguer avec d’autres musiques. Au début de ma compagnie, il y a eu cette volonté d’utiliser cette technique pour la mettre en lien avec des rencontres musicales. J’ai donc travaillé avec un compositeur, un peu à la manière des artistes de l’époque baroque qui créaient ensemble, en nous appuyant sur les savoirs et les connaissances que nous avions de cette période. Cette méthode nous oblige à penser la danse différemment, à aller plus loin dans la recherche. Et puis j’enlève tout le cérémonial, j‘en garde seulement l’essence. Je change aussi parfois le phrasé, l’espace (moins symétrique). J’ai eu la chance de travailler avec Lucinda Childs qui utilise un système de boucles répétitives, chaque fois un peu différentes, qui fonctionne très bien avec la composition baroque. Je travaille avec les interprètes comme avec un orchestre, où les musiciens ne jouent pas tous la même partition. Il y a très peu de moments où tout le monde est ensemble en même temps. C’est ce qu’ils font chacun qui va créer la chorégraphie

DCH : Pourquoi avez-vous choisi Water Music de Haendel ?

Bruno Benne : Je voulais faire une pièce de groupe avec une musique profane, qui soit plutôt joyeuse et qui puisse permettre d’avoir une suite de danses afin d’avoir des danses à plusieurs rythmes, danses à deux temps, à trois temps… C’était également une partition que j’avais peu entendue en spectacle. Quand j’ai creusé un peu l’histoire de cette musique, je me suis aperçu qu’elle avait été composée pour être jouée sur des bateaux naviguant sur l’eau et j’ai trouvé l’idée très belle de la musique en mouvement.

Propos recueillis par Gallia Valette-Pilenko

23 et 24 janvier 2025 : Maison de la Danse de Lyon  

Histoire de la Danse à la Maison de la Danse de Lyon

Programme 

Cinéma

Projection film « le Roi danse »
Réal : Gérard Corbiau (2000)
Mardi 21 janvier à 18h à l’Université Lyon 3 – Gratuit sur réservation

Conférence

« Danser baroque au présent : vitalité d’un imaginaire en mouvement »
Ateliers, médiations et visites chorégraphiées vous permettront, en faisant quelques pas de côté, de pratiquer, d’observer, et de découvrir la danse et ses liens avec les arts plastiques.
Mercredi 22 janvier à 12h00 au Musée des Beaux-Arts de Lyon – Gratuit - Entrée libre

Restitution

Les élèves de l’enseignement optionnel Arts Danse, classe de première du Lycée Juliette Récamier de Lyon propose un spectacle autour de la danse baroque, en première partiedu spectacle Rapides de Bruno Benne.
Jeudi 23 et vendredi 24 janvier à 19h au studio de la Maison de la danse – Gratuit sur réservation.

Interventions dansées

Bruno Benne et les étudiant·es en danse et musique du CNSMD de Lyon invitent le public à plonger dans l'univers de sa création Rapides dès son arrivée à La Maison de la Danse avec de très courts extraits et motifs de la pièce.
Jeudi 23 et vendredi 24 janvier dans les espaces publics de la Maison de la danse

Rencontre

Une rencontre Bord de scène avec le chorégraphe à l’issue de la représentation.
Jeudi 23 janvier

Baroc’Bal

Un bal animé par Bruno Benne avec la complicité des étudiants et étudiantes de musique ancienne du CNSMD de Lyon
Vendredi 24 janvier à partir de 21h30 - Gratuit - Entrée libre

Visites chorégraphiées proposées par le Musée des Beaux-Arts de Lyon

Ateliers, médiations et visites chorégraphiées avec Bruno Benne permettront au public en faisant quelques pas de côté, de pratiquer, d’observer, et de découvrir la danse et ses liens avec les arts plastiques.
Samedi 25 janvier de 10h15 à 15h30 au MBA

Renseignements et inscriptions au Musée des Beaux-Arts de Lyon

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