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« Doom » de Théophile 'Rokej' Bensusan à BOOST

Dans le cadre de la manifestation Boost 2025 des Rencontres chorégraphiques, nous avons pu découvrir à l’auditorium Angèle et Roger Tribouilloy de Bondy le spectacle Doom de Théophile 'Rokej' Bensusan et de sa compagnie, Benthé.

La pièce est interprétée par le chorégraphe lui-même, William Delahaye, Brieuc Le Gall, Dafne Bianchi et Konh-Ming Xiong et accompagnée en direct live par les musiciens Floyd Shakim et Nouveau Monica.

Question son, nous pouvons confirmer que l’acoustique de la salle Tribouilloy est optimale. Celle-ci est habituellement réservée aux répétitions de la Maîtrise de Radio France, ceci explique cela. Postés côté cour derrière une table recouverte de tissu noir, garni de boîtes à rythmes, de câbles électriques, d’adaptateurs, d’une mixette et d’un MacBook, les deux DJ font dans l’électro, introduisent et déforment les bruits quotidiens, sans doute aussi ceux produits par les danseurs, qu’ils mixent à des rythmes de cymbales, à des lignes de basses, à des instruments de percussion en chair et en os, à un métronome amplifié et alternent, à deux-trois reprises, en deuxième partie, à des morceaux soul ou pop des années soixante.

La scénographie est somme toute sommaire, réduite à une demi-douzaine de chaises longues blanches, en polypropylène, de type Havana, Resol ou, c’est plus probable, Bain de soleil Miami. La teinte de ces meubles est assortie à celle du PVC immaculé qui protège la piste de danse. Remarquons que ces transats de jardin seront finalement peu exploités dramaturgiquement, une fois dépliés-déployés sur scène. Ils deviendront limite encombrants et seront repliés-empilés à l’issue de leur performance par les danseurs recyclés machinos. Les costumes de Marie Schneider sont recherchés – et bien trouvés –, amples ce qu’il faut, fonctionnels, clairs avec quelques touches sombres, surprenamment coupés, déstructurés.

Selon nous, le final manque d’éclat, qui renonce, on ne sait trop pourquoi, au morceau de bravoure ou, au moins, à un simple effet de boucle – d’éternel recommencement. La redite de l’énigmatique début du danseur seul, de dos, ça pouvait le faire ! Ceci dit, la chorégraphie est vraiment réussie. Car Doom participe de la danse-danse. Non du théâtre-danse ou de ce qu’il est convenu d’appeler performance. En paraphrasant un fameux conseiller royal, on dira que l’espace, le temps, le mouvement sont les mamelles de la danse. Bien qu’il soit issu du hip-hop – tendance freestyle –, Théophile 'Rokej' Bensusan ne vise pas le geste virtuose. Les danseurs – y inclus, bien sûr, la danseuse, en minorité – sont épatants, artistiquement parlant. Fluides, vivaces, précis. Le chorégraphe a voulu nous offrir une « succession de tableaux » destinés à dépeindre un « monde onirique ». Promesse tenue !

Nicolas Villodre
Vu le 5 avril 2025 à l’auditorium Angèle et Roger Tribouilloy de Bondy dans le cadre de Boost et des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis.

 

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