Décès de Murray Louis

Murray Louis s'est éteint le 1er février à New-York, alors qu'il était dans sa quatre-vingt-dixième année.
Enfant d'une famille pauvre de boulanger de Brooklyn, il fut placé dans un établissement qui lui fournit l'opportunité d'une ouverture artistique, dans laquelle son chemin s'affermit. En 1949, il fait la rencontre d'Alwin Nikolaïs, dans un cours de la danseuse allemande Hanya Holm, que la célèbre Mary Wigman avait dépêchée outre-Atlantique pour diffuser son enseignement. Alwin Nikolaïs lui-même a beaucoup puisé à cette proximité avec cette figure de la danse allemande d'avant-guerre.

A partir de cette rencontre, la vie et la carrière de Murray Louis et Alwin Nikolaïs vont se confondre pour l'essentiel, un demi-siècle durant (jusqu'au décès du second). Murray Louis crée toutefois sa propre compagnie en 1953, et chorégraphie de nombreuses pièces. Comme interprète de danse, il présente une élasticité hors du commun, qui le prédispose à des figures volontiers teintées d'humour.

Ce corps de danseur est également idéal pour appliquer l'un des préceptes essentiels de Nikolaïs, qui est le décentrement, selon lequel il n'est aucun centre initiateur du mouvement qui soit fixe dans le corps. Tout au contraire, l'imagination est libre d'impulser un geste depuis n'importe quel point anatomique.

Murray Louis s'est volontiers posé en continuateur, gardien et exégète – parfois sous un jour hagiographique a-critique un rien réducteur – de l'héritage nikolaïen. C'est ainsi qu'on lui doit une remarquable série filmée en cinq épisodes, sous le titre Dance as an art form, dont une version française existe, dans une traduction de Marc Lawton.

Gérard Mayen