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Pôle Sud : Amala Dianor devient « artiste associé »
A Strasbourg, Pôle Sud, dernier-né des CDC souligne son engagement en invitant un chorégraphe qui travaille au-delà des catégories habituelles.
Ouvert en 1989, Pôle Sud est un symbole de l’essor et de la structuration de la danse contemporaine en France. D’abord « Plateau pour la danse » et « Scène des musiques actuelles » dans les années 1990, puis « Scène conventionnée musique et danse » dans les années 2000, le nouveau statut de CDC va de pair avec la concentration de toutes les énergies sur la création chorégraphique.
Devenu Centre de Développement Chorégraphique en novembre 2015, Pôle Sud entre aujourd’hui dans sa première saison complète sous statut de CDC. Non seulement la grande salle vient d’être rénovée, mais en plus Amala Dianor devient artiste associé pour les trois saisons à venir. Avec Dianor, le choix de la directrice Joëlle Smadja s’est porté sur un explorateur qui incarne à lui seul la quête de croisement et de dialogue qui marquent l’ensemble de la nouvelle saison à Pôle Sud.
Dans sa vie d’interprète, Dianor s’est amplement baladé à travers le monde de la danse actuelle, du hip hop au contemporain et au néo-classique, jusqu’à développer un style à la fois souple, fluide, félin et énergétique. Interprète pour Régis Obadia, Abou Lagraa, Farid Berki, Françoise et Dominique Dupuy, Roland Petit, Georges Momboye, Hafiz Dhaou/Aïcha M’Barek et Emanuel Gat, il a su se nourrir de tous ces univers pour acquérir liberté d’expression et souplesse créatrice qu’il met au profit de ses propres chorégraphies depuis 2005.
Nouvelle création de Dianor
Au cours de la saison, il présentera à Pôle Sud sa pièce Dé(s)génération, où il pose un regard sur les décennies traversées par le hip hop en France et les différentes générations d’artistes chorégraphique ayant marqué cette évolution, soulignant que le hip hop est avant tout une histoire de personnalités et de leur complexité.
Dianor animera également une masterclass à Pôle Sud, et le CDC coproduit sa nouvelle création, un trio intitulé Quelque part au milieu de l’infini. C’est l’histoire de trois hommes et trois styles de danse - contemporain, traditionnel africain, hip hop - autour d’un terrain vague qui devient terrain d’échanges. Cette pièce part de l’injonction « Et si on prenait le temps d’apprendre à se connaître ? » Bien sûr, cette proposition s’adresse à la société française actuelle dans ses divisions croissantes, mais elle pourrait aussi parler de la situation de Dianor lui-même qui, en raison du succès de ses pièces, s’est transformé en voyageur permanent. En devenant, pour trois ans, artiste strasbourgeois, pourra-t-il de nouveau « prendre le temps de... » ?
La saison 2016/17
A l’image des quêtes de Dianor, la saison 16/17 de Pôle Sud réunit les générations. Sur les plus de vingt propositions de la saison, un tiers porte la mention « tout public » et les chorégraphes vont de Pierre Rigal à Daniel Larrieu, Loïc Touzé et Ambra Senatore !
Toujours dans l’esprit de l’artiste associé, la programmation prend pied dans le contexte local pour aller vers l’international, en traversant les langages chorégraphiques.
Chorégraphe et interprète vivant à Strasbourg, Abdoulaye Konaté partage l’idée de dialogue entre danses urbaines et traditionnelles africaines, et s’en nourrit pour son nouveau solo Humming-bird / Colibri. Autre Strasbourgeois, Majid Yahyaoui fusionne danse contemporaine, hip hop et percussions corporelles dans sa nouvelle production Majestic Time, une pièce pour dix interprètes.
Un autre chorégraphe présentera, comme Dianor, deux pièces à Pôle Sud : C’est Radhouane El Meddeb, avec Heroes, sa pièce pour danseurs urbains dont la première mouture avait été créée au Panthéon, dans le cadre de la première édition de Monuments en mouvement. Et il vient à Strasbourg également avec son solo A mon père, une dernière danse et un premier baiser [lire notre critique].
Dans les coproductions de Pôle Sud, on trouve notamment les deux pièces d’El Meddeb, et par exemple le nouveau duo d’Anne Theron, Celles qui me traversent, duo féminin qui sera créé en 2017. Theron, issue de la littérature, du cinéma et des arts plastiques, confie à deux danseuses un objet visuel et sonore aux images et textes fragmentaires. Joëlle Smadja apporte son soutien également aux nouvelles créations de François Verret (Le Pari, quintet qui interroge le devenir de nos libertés civiques) et au duo Plancton d’Olga Mesa & Francisco Ruiz de Infante qui poursuivent leur Projet Carmen / Shakespeare.
De Belgique viendront Peeping Tom avec Moeder (Mère) ainsi qu’Alessandro Bernardeschi & Mauro Paccagnella avec Happy Hour. Certaines grandes productions accueillies au cours de l saison interrogent notre société avec une bonne dose de virulence, comme la re-création de l’incroyable Umwelt de Maguy Marin. La reprise d’une pièce aussi controversée montre à quel point ce monument de la danse française reste irréductible et combative. A signaler également Monument 0 d’Eszter Salamon [lire notre critique] et Queen Kong de la compagnie La BaZooKa
Chaque CDC créant un rendez-vous majeur généralement appelé festival, celui de Pôle Sud s’appelle Extradanse. Pour l’édition 2017, Joëlle Smadja annonce d’ores et déjà un focus montrant comment les chorégraphes revisitent les danses populaires, le chant, le cirque, le concert... Extradanse 2017 verra, entre autres, la participation de Christian Rizzo, Alessandro Sciarroni, Mickaël Phelippeau, Miet Warlop, Alexander Vantournhout et bien sûr Amala Dianor.
Thomas Hahn
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