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Raphaëlle Delaunay au Lavoir Moderne Parisien

La petite salle de spectacles au cœur de la Goutte d’or a toujours fait une place à la danse, et surtout dans le cadre du Festival au féminin, organisé par la compagnie Graines de soleil. Le 8 mars, journée de la femme, Raphaëlle Delaunay y donnera son dernier solo, Debout, un autoportrait dansé à travers quelques stations clés de sa carrière.  Ce sera une clôture très sensible de ce festival sous la direction artistique Laetitia Guédon.

Mais il s’agit de beaucoup plus. En effet, ce théâtre très engagé dans son quartier est assailli par un promoteur immobilier domicilié au Luxembourg qui a acheté les murs pour transformer ce petit immeuble en habitations, dans un quartier qui promet, nous ne sommes pas là pour le nier, la prochaine cible parisienne des profiteurs financiers de la gentryfication.

Hervé Breuil, le fondateur du lieu, en appelle à la ministre de la culture, personnalité protocolaire éminente de la République, sans l’aval de laquelle aucun théâtre en activité ne peut être forcé de changer de fonction. Cette règle a été établie par le Conseil National de la Résistance en 1945, par voie d’ordonnance. Aurélie Filippetti a le pouvoir de sauver  le Lavoir Moderne Parisien de la destruction !

Théâtre unique, le LMP vit et respire en osmose avec son quartier, tout en présentant la création contemporaine de toutes les disciplines artistiques. Il est désormais de fait en état d’occupation artistique - d’une part pour le protéger, d’autre part pour ouvrir un lieu d’expérimentation artistique.  Cette salle, avec ses murs décrépis, son plancher qui respire les centaines de spectacles créés ici depuis 1985, avec ses deux piliers en avant-scène et son ambiance simple et authentique, rappelle tant le Regard du Cygne. Entre autres, il a fallu déblayer un bâtiment hors usage, pour y mettre un plancher, installer une toiture etc.

Aujourd’hui l’association Procréart qui gère le LMP tente encore d’éviter le naufrage. Il faut signer la pétition, qui reste ouverte, pour convaincre les politiciens de ce que leur faute serait lourde s’ils laissaient la spéculation foncière gagner contre l’expression artistique. Hervé Breuil espérait 20.000 signatures, la liste approche aujourd’hui des 35.000.

https://secure.avaaz.org/fr/petition/Il_faut_sauver_le_lavoir_moderne_parisien/?pv=106

Une programmation tous azimuts est prévue jusqu’à la mi-mai. Des compagnies de danse qui souhaitent y participer peuvent contacter H. Breuil pour lui soumettre leurs propositions. Mais il faut se dépêcher, les artistes se bousculent pour assurer trois spectacles par soir. Le LMP est plus vivant que jamais !

Contact : herve@rueleon.net

Thomas Hahn

Lavoir Moderne Parisien

35, rue Léon, 75018 Paris, M° Château Rouge (L4) ou Marcadet Poissonniers (L 4, 12)

www.festivalaufeminin.com/danse.php

www.rueleon.net

Émile Zola, en 1875…

« Un grand hangar, monté sur piliers de fonte, à plafond plat, dont les poutres sont apparentes. Fenêtres larges et claires. En entrant, à gauche, le bureau, où se tient la dame ; petit cabinet vitré, avec tablette encombrée de registres et de papiers. Derrière les vitres, pains de savon, battoirs, brosses, bleu, etc.
À gauche est le cuvier pour la lessive, un vaste chaudron de cuivre à ras de terre, avec un couvercle qui descend, grâce à une mécanique. À côté est l’essoreuse, des cylindres dans lesquels on met un paquet de linge, qui y sont pressés fortement, par une machine à vapeur. Le réservoir d¹eau chaude est là. La machine est au fond, elle fonctionne tout le jour, dans le bruit du lavoir ; son volant ; on voit le pied rond et énorme de la cheminée, dans le coin.
Enfin, un escalier conduit au séchoir, au-dessus du lavoir, une vaste salle fermée sur les deux côtés par des persiennes à petites lames ; on étend le linge sur des fils de laiton. À l’autre bout du lavoir, sont d’immenses réservoirs de zinc, ronds. Eau froide. Le lavoir contient cent huit places.

Voici maintenant de quoi se compose une place.
On a, d’un côté, une boite placée debout, dans laquelle la laveuse se met debout pour garantir un peu ses jupes. Devant elle, elle a une planche, qu’on appelle la batterie et sur laquelle elle bat le linge ; elle a à côté d’elle un baquet sur pied dans lequel elle met l’eau chaude, ou l’eau de lessive. Puis derrière, de l’autre côté, la laveuse a un grand baquet fixé au sol, au-dessus duquel est un robinet d’eau froide, un robinet libre ; sur le baquet passe une planche étroite où l’on jette le linge ; au-dessus il y a deux barres, pour prendre le linge et l’égoutter. Cet appareil est établi pour rincer.

La laveuse a encore un petit baquet sur pied pour placer le linge, et un seau dans lequel elle va chercher l’eau chaude et l’eau de lessive. On a tout cela pour huit sous par jour.
La ménagère paie un sou l’heure. L’eau de javel coûte deux sous le litre. Cette eau, vendue en grande quantité, est dans des jarres.
Eau chaude et eau de lessive, un sou le seau. On emploie encore du bicarbonate – de la potasse pour couler. Le chlore est défendu.»

Émile Zola, Carnets d’enquêtes. La Goutte d’Or, 1875.

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